Chapitre 15

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Elle se réappuya au dossier de son fauteuil et le fixa. Il était songeur. Elle le sortit de ses pensées.
 
H : « Et vous Balthazar, qu’est-ce qui vous est arrivé pendant ces cinq années ? Combien de fois avez-vous failli vous tuer depuis que je suis partie ? »
 
B : « Et bien, vous seriez étonnée… oui oui, aucune fracture, aucune entorse, je dirai même aucune égratignure. Ah non, c’est faux, une fois, je me suis coupé avec le scalpel, mais rien de bien méchant ! » répondit-il en rigolant.
 
Elle ne savait pas si elle devait en rire ou pas, elle pensait impossible le fait qu’il se soit assagi autant.
 
Il se redressa puis appuya ses coudes sur ses genoux et croisa ses mains.
 
B : « Plus sérieusement, quand vous êtes partie, j’ai accusé le coup, pendant plusieurs semaines. Heureusement j’avais Eddy et Fatim pour me remonter le moral et avec Delgado on s’est soutenu, ça a été dur pour lui aussi, on s’est souvent retrouvé tous les deux pour se faire des soirées entre mecs. Parfois on parlait de vous, on se remémorait les bons moments ensemble. En fait, votre départ nous a soudé tous les quatre même s’il manquait un membre à notre équipe. Puis un nouveau Capitaine est arrivé, pas du tout mon genre… petit, brun, la moustache, bref rien à voir avec vous ! On a repris notre train-train. Ensuite, il y eu le procès de Maya, période un peu difficile où j’aurais aimé que vous soyez à mes côtés, mais bon, j’avais Jérôme ! » dit-il pour détendre l’atmosphère.
 
Hélène sentait les larmes montées, elle soutenait son regard comme pour lui montrer qu’elle était désolée. Elle l’écoutait avec attention.
 
B : « Maya a été condamnée pour meurtres et tentatives de meurtre. Très vite, ils ont aussi découvert qu’elle avait inventé sa grossesse, j’étais soulagé, même si l’idée d’être père m’avait bien plu, mais pas avec elle. J’ai réussi ensuite à faire annuler le mariage. Puis les années ont passées. Comme je vous l’ai déjà dit Eddy et Fatim ont emménagé ensemble. Si vous pouviez les voir, toujours à se chamailler mais hyper efficaces au boulot. Je suis vraiment fier d’eux, si vous saviez comme je les aime. »
 
Il affichait un énorme sourire en parlant de ses deux protégés.
 
H : « Je suis tellement contente pour eux, ils sont si… complémentaires. »
 
B : « Ouais… comme nous ! »
 
H : « Ouais comme nous. Et c’est tout ? Vous n’avez aucune histoire extraordinaire à me raconter ? Il ne vous est vraiment rien arrivé ? Je commence à penser qu’en fait c’est moi qui vous portais la poisse ! »
 
B : « Maintenant que vous le dites, j’ai des doutes aussi ! »
 
Un silence s’installa un court instant puis Balthazar reprit.
 
B : « Pour finir, j’ai enfin décidé de prendre du temps pour moi, de partir pour me changer les idées et je m’étais toujours dit que pour les premières vacances que je prendrais, je reviendrais en Bretagne. Et me voilà mais jamais je n’aurai pu imaginer vous retrouver ici. Pour moi vous étiez toujours à Valence, il n’y avait aucune raison pour que vous soyez ici, l’idée ne m’a même jamais effleuré l’esprit, jamais… Mais quel bonheur ! »
 
Il était tellement heureux de la voir devant lui, c’était magique, ses yeux brillaient. Le cœur d’Hélène battait si fort qu’elle avait l’impression qu’il pouvait l’entendre. Elle se redressa dans son fauteuil et appuya ses mains aux rebords de l’assise, ses yeux se noyaient dans ceux de Balthazar. Ils étaient soulagés de s’être confié l’un à l’autre.
 
B : « C’est bien, je suis content d’avoir pu vous raconter un peu ce que s’est passé depuis votre départ et que vous m’ayez parlé de vous. Et je suis encore vraiment désolé de vous avoir fait autant souffrir. »
 
Il avait de la tristesse dans le regard. Elle était touchée et le rassura.
 
H : C’est fini Balthazar, je m’en suis sortie, tout va bien maintenant. Et vous aussi, vous avez eu votre lot de souffrance. »
 
B : « Vous avez raison, moi aussi j’ai réussi à laisser tout ça derrière moi, il faut qu’on aille de l’avant maintenant ! Alors déjà, on va commencer par aller dormir car il me semble que vous avez du boulot demain et moi j’aimerai bien profiter un peu de mes vacances ! »
 
H : « C’est vrai qu’il est tard, j’vais avoir une sale tête demain. » dit-elle en passant ses mains sous ses yeux.
 
B : « Mais non, vous êtes magnifique en toutes circonstances ! » dit-il sous le charme.
 
H : « Merci, mais vous n’êtes pas très objectif Monsieur Balthazar ! »
 
Ils se levèrent en même temps et se retrouvèrent face à face.
 
B : « Je ne vois vraiment pas pourquoi vous dites ça. »
 
Hélène allait attraper les mugs pour les ramener en cuisine mais Balthazar lui reprit des mains.
 
B : « Laissez ça Hélène, je m’en occupe, allez vous coucher ! »
 
Elle lui sourit.
 
H : « Merci ! »
 
Puis elle partit en direction de sa chambre. Balthazar la regarda s’éloigner puis débarrassa les dernières affaires pour les rapporter à la cuisine.
 
Pendant ce temps Hélène avait mis son pyjama et avait filé à la salle de bain. Lorsqu’elle en ressortit, elle entendit Balthazar siffloter, il terminait de ranger, puis lorsqu’il se retourna il l’aperçut. Elle était bras croisés, appuyée contre le montant de la porte de sa chambre, elle affichait un grand sourire. Elle portait un pyjama tout simple bleu, il était ajusté à son corps, on pouvait deviner ses formes, ses cheveux étaient toujours détachés et retombaient sur ses épaules. Il la trouvait magnifique. Plus les jours passaient et plus il se souvenait pourquoi il en était autant amoureux. Il se reprit.
 
B : « Qu’est-ce que vous faites encore debout ? » dit-il avec l’air le plus sérieux qu’il pouvait.
 
H : « Je vous écoutais chantonner ! »
 
Il éteignit la lumière de la cuisine et se rapprocha d’elle. Seule la lumière de sa chambre leur donnait un peu de clarté.
 
B : « Vous voulez que je vous chante une berceuse !? »
 
H : « Non, ça ira. »
 
Elle décroisa les bras et les passa autour des épaules de Balthazar, elle nicha son visage au creux de son cou. Balthazar, surpris sur le coup, n’attendit pas longtemps pour l’enlacer à son tour. Ne sachant pas ce qu’elle voulait, il profita du moment, attendant qu’elle se manifeste. Tout à coup, elle murmura à son oreille.
 
H : « Je suis contente que vous soyez là ! »
 
Elle se recala dans son cou. Il recula à son tour sa tête jusqu’à être face à Hélène.
 
B : « Merci à vous d’être là avec moi. »
 
Leurs yeux ne se quittaient plus, leurs respirations s’accéléraient au rythme de leurs cœurs, mais ils n’osaient pas franchir le pas. Puis leurs lèvres se frôlèrent jusqu’à finir par un tendre baiser. Ils restèrent dans les bras l’un de l’autre, yeux dans les yeux, sourire aux lèvres.
 
H : « Bonne nuit Raphaël ! »
 
Balthazar caressa sa joue puis ses cheveux et déposa un baiser sur son front.
 
B : Bonne nuit Hélène, faites de beaux rêves ! »
 
Ils relâchèrent leur étreinte et chacun rejoignit sa chambre.
 
Hélène se coucha tout en pensant à ce baiser. Elle avait du mal à y croire mais il était bien réel et tellement agréable. Il ne faisait que confirmer tout l’amour qu’elle portait à Balthazar, elle devait se rendre à l’évidence… il faisait parti de sa vie quoi qu’elle fasse. Elle s’endormit le sourire aux lèvres.
 
Balthazar s’assit sur son lit, elle ne l’avait pas repoussé, au contraire, c’est elle qui avait fait un pas vers lui. Il ne pouvait le nier, elle aussi avait toujours des sentiments pour lui. Il était tellement heureux, il avait fini par abandonner l’idée de la retrouver un jour, mais le destin en avait décidé autrement. A lui maintenant de tout faire pour que leurs chemins ne se séparent pas à nouveau.
 
Ce baiser échangé était-il le début d’un nouveau départ ? Seuls les jours à venir le diraient.

Deuxième chance - Balthazar & HélèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant