12. Elias

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Enfin, je respire. La sentence est tombée, celle que je voulais obtenir, le parfait juste milieu entre justice et injustice. Je sens mes muscles se relâcher un à un. La tension accumulée ces dernières heures s'évade de mon corps. Mais je n'oublie pas pour autant mon lapsus révélateur au vu de la situation, de notre relation, ni la tornade que je risque de me prendre par Lya ... Qui m'observe du coin de l'œil sans rien laisser paraitre, pas le moindre indice sur ses pensées, ses émotions, juste un éclat dans ses yeux, mais dont l'origine me demeure inconnue. Mes tentatives pour la sonder échouent, alors que nous nous retrouvons seuls dans la salle d'audience, encore debout l'un en face de l'autre, à la recherche des bons mots. Nous pourrions nous dire adieu, ici-même, pour la seconde fois, et probablement la dernière... Je pourrais lui souhaiter une bonne continuation, la sortir de ma vie et tourner la page, définitivement, mais une force au fond de moi m'en empêche. Je le regretterais à coup sûr...

— Que dirais-tu de fêter ça avec un verre de champagne ?

— Elias, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, me répond-t-elle dans un murmure.

Son attitude me souffle le contraire : son regard qui trouve, soudainement, ses chaussures bien plus intéressantes que moi, son corps qui se renferme sur lui-même, ses paumes moites qu'elle essuie sur son pantalon. Je ne peux pas croire un seul mot de ce qu'elle m'a énoncé, alors je relève son visage de mon index avant de lui redemander.

— Tu n'en as pas envie ou tu as peur des potentielles conséquences, Lya ?

— Je ne peux pas récupérer ma fille à l'école en ayant bu de l'alcool, tente-t-elle de justifier.

Un mardi matin, je serais étonné d'apprendre que les cours finissent si tôt. Il n'est que onze heure, le champagne aura eu le temps de se dissiper d'ici la fin de la journée. Puis, je ne compte pas la saouler non plus. Son excuse ne tient pas la route, mais je ne peux pas lui forcer la main et, s'il elle refuse, je me dois de l'accepter. La laisser filer...

— Alors, il ne me reste plus qu'à te souhaiter une bonne continuation !

Ma voix s'achève dans un souffle, puis je lui tourne le dos mes affaires à la main. Après tout, c'est la meilleure solution. Un « nous deux » signifie prendre le risque que tout explose dans nos quotidiens bien huilés, le danger est là. Je le sais, alors, oui, je ne devrais pas avoir de regrets. Notre histoire n'a jamais pu démarrer, ce n'est pas face au juge qu'elle pouvait commencer. Le passé est le passé ! Sauf que je ne peux pas ne pas l'observer une dernière fois, me délecter de ses courbes qui témoignent autant de la sensualité, de la lueur dans son regard traduisant la force de caractère qu'elle possède. Cette paire de seins qui tend son chemisier que je rêverais de déboutonner. Ses hanches, ses fesses, ses cuisses que mes doigts aspirent à parcourir tantôt avec douceur, tantôt avec brutalité. Il y a aussi son regard dans lequel je voudrais me perdre. Dans un soupir profond, je me détourne à contrecœur et le sexe dur. Merde, il n'y pas que la tête qu'elle m'a fait tourner.

— Attends, j'accepte !

Surpris, je suis coupé dans mon élan, tandis que Lya enroule sa main autour de mon poignet. La pression parfaite pour... Reprends-toi, bordel !

— Certaine ?

— Oui, Elias, je te dois au moins ça pour l'aide que tu m'as apportée...

Son sourire me ravit et, je l'attire avec moi en direction de la voiture.

— Je ne peux pas monter, m'interrompt-elle face à la portière.

Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant