Mon café à la main, je trie mes mails les uns à après les autres, soupirant face à la quantité cumulée en à peine quelques heures. Il est grand temps que je pense à engager une nouvelle secrétaire. Bordel, pourquoi Magalie est-elle tombée enceinte sans prévenir à l'avance ? Des jumeaux, en plus : je ne risque pas de la revoir de sitôt. Entre le téléphone qui sonne, les clients insatisfaits alors qu'ils ont des demandes incomblables et les déplacements au tribunal, je n'ai que deux mains, deux jambes, une tête ce qui m'empêche d'avancer comme je le devrais. J'appuie mon dos contre le dossier dans mon siège en cuir, puis pivote vers la grande fenêtre vitrée dans un long soupir.
Pendant plusieurs minutes, je contemple les ruelles trois étages plus bas où les passants se pressent, soit en retard pour aller chercher leurs gosses en cours, soit hâtifs de retrouver leur bien-aimé. A part mes dossiers, personne ne m'attend le soir, alors je me consacre au boulot avant d'aller boire un verre dans un bar, peut-être que j'y rencontrerai une charmante compagnie pour ma nuit. En revanche, si je ne veux pas devoir pieuter à même mon bureau, j'ai plutôt intérêt à m'y remettre sur le champ. De nombreuses familles ont besoin que j'enfile ma cape de super-héros afin de venir à leur secours. Terminant ma boisson chaude, je me concentre à nouveau sur l'écran de mon ordinateur.
Une fois toute mes réponses envoyées, je rouvre mes notes de la dernière procédure de divorce dont je m'occupe pour avancer dans mes conclusions. Pitoyable... A quoi ça sert d'aimer lorsqu'on finit par se déchirer ? Jamais, je n'aurais la réponse, je pense ; ça me parait si incompréhensible, autant baiser un coup, prendre du plaisir, sans se tracasser du lendemain. Ne vous leurrer pas, j'ai déjà aimé une femme, comme tout le monde, mais j'ai toujours eu la présence d'esprit suffisante pour me souvenir que c'était une mauvaise idée.
— Bonjour Elias ! m'interrompt-on dans ma lancée.
— Maitre Schyns, que me vaut se plaisir ? me retourné-je vers mon ami et collègue.
— Je n'aime pas ça, mais il y a une jeune femme au commissariat qui a besoin d'un bon avocat. Tu l'es et, tu prends du pro déo ! m'explique Lenny après s'être installé face à moi.
Je ferme les yeux conscients que me rajouter ce travail serait creuser ma tombe. Pourtant, un élément inexplicable me pousse à accepter comme si j'en avais besoin ; je n'ai plus pris de petites affaires depuis longtemps, alors il s'agit là d'une occasion rêvée pour me remettre dans le bain. Puis, après tout, si je suis avocat, c'est bien pour extirper les plus démunis de leurs situations délicates que je fais ce métier. Ainsi que parce que je me considère comme un fervent défenseur de la justice, évidemment ! Puis, je gagne assez pour œuvrer en toute charité de temps à autres.
— Ça va me noyer, mais soyons fou ! Dis-m'en plus que je ne me lance pas dans la fosse au requin sans cage de protection.
— Je sais juste qu'elle s'appelle Mademoiselle Martins, m'avoue-t-il un sourire pincé ce qui me laisse croire qu'il a plus d'informations que ce qu'il prétend – les mimiques de mes confrères je les connais puisque j'utilise les mêmes.
Je tique à l'entente de ce nom qui m'est familier. Pourtant, je ne peux m'y résoudre. La Martins que j'ai connu à l'époque n'aurait jamais commis un délit assez grave pour être arrêtée ; au pire, elle pourrait recevoir une petite contravention. Et encore, elle en serait malade.
— Super ! Me voilà bien avancé, grogné-je en passant mes doigts derrière ma nuque. Bon, pas que je veuille te mettre dehors, mais une jolie femme en détresse m'attend !
— Bas-les-pattes, Elias ! Je sais que tu dormais au cours de déontologie, mais quand même... trouve-t-il nécessaire de me rappeler en me tapotant l'épaule.

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Seconde chance
Roman d'amourSi Lya, mère célibataire de 27 ans, avait su que voler dans un magasin l'aurait remise sur le chemin d'Elias Evans, elle se serait abstenue. Maintenant que les dés sont lancés, elle va devoir composer avec. Mais seront-ils capables de collaborer en...