— Maman, ton amoureux est là ! revient Clarisse en criant de joie.
Mon regard passe de ma fille à ma meilleure amie. Je sais de qui elle parle bien que je ne cesse de lui répéter qu'il n'est pas mon partenaire de vie. Ma lèvre coincée entre les dents pour ne pas exploser, je l'envoie jouer avec Lenny afin que je puisse discuter avec Maddy. Qui ne perd rien pour attendre : elle a des explications à me fournir. Et rapidement.
— Je peux savoir ce qu'il fiche ici ?
— Je l'ai invité, m'avoue-t-elle. Allez, viens ! Tu es très belle, ne t'inquiète pas.
Les bras croisés sur la poitrine, je l'observe s'agiter guillerette sans percuter la raison de ses actions. Je ne peux pas admettre qu'elle ait trouvé cette idée bonne le temps d'un instant et, il est tout bonnement impossible que je me rende dans le salon. Le rouge me monte aux joues. Comment vais-je pouvoir assumer mon attitude dans son bureau ? Comment pourrais-je justifier ma fuite ? Je n'ai plus dix-sept ans, bordel...
— Parfois, faut forcer le destin, ma belle, alors je t'offre deux possibilités : soit tu y vas, soit je l'appelle.
Je grogne entre mes dents, mais cède. De toute façon, même si je souhaitais partir, je devrais aller chercher Clarisse et, par conséquent, me retrouver face à Elias.
— Je te maudirais de temps en temps, râlé-je en prenant mon courage à demain.
Je l'aperçois en premier, dos à moi dans une chemise ajustée à la perfection, ses cheveux coiffés sans qu'une seule mèche ne dépasse. Alors qu'il s'adresse à ma fille, son timbre de voix vibre à mes oreilles. Je ne peux nier ce que je veux. La vérité persiste identique à elle-même : mon corps tout entier réagit favorablement à sa présence. Pour être explicite, je peux prédire avec certitude que ma culotte ne sortira pas indemne de ce repas. Je salue Lenny en essayant de gagner un maximum de secondes au point que ça en devienne ridicule. Son haussement de sourcils me le fait bien comprendre. Quant à Elias, je l'entends se lever et, approcher d'un pas tout en restant en retrait. C'est le moment, je le sais.
— Bonjour Elias ! souris-je crispée.
— Maman, maman, Elias, il m'a fait un bisou bulle !
Clarisse sautille devant moi et, appuie sur mon ventre pour attirer mon attention. Je profite de cette porte de sortie pour m'échapper d'un potentiel échange quelque peu gênant. Elle s'empresse de me raconter en quoi consiste ce fameux bisou, alors que je l'observe sceptique. Son excitation prend le dessus et rend son discours incompréhensible. Ce qu'elle remarque très vite. Ma fille connait mes expressions faciales par cœur. Je lui ai toujours appris que le corps parle, bien plus que notre bouche d'ailleurs. Alors, elle en réclame un second à l'homme de tous mes fantasmes afin de me montrer. Elias l'attrape dans ses bras avant de souffler sur sa joue, faisant vibrer ses lèvres sur sa peau d'enfant. Clarisse éclate de rire aussitôt. Elle rayonne lorsque Lenny est dans les parages. Bien que nous soyons très heureuses toutes les deux, il lui manque une figure paternelle, je le sais. Quant à Elias, le voir aussi tendre, aussi du doux et attentionné envers Clarisse me confirme qu'il a changé. Son sourire arrogant est toujours présent, mais lui s'est adouci avec le temps. Je ne peux que l'admettre et, ça m'affecte plus que je ne souhaite l'admettre.
— Whisky pour ces messieurs, vin blanc pour nous et, un jus de pomme pour la miss ! annonce Maddy, rompant le silence qui s'était installé.
Je prends mon verre pour le porter à ma bouche tout en me rappelant de ne pas sauter sur Elias cette fois. Sa boisson et son bol de chips en main, ma fille s'éclipse dans un coin pour jouer avec ses poupées. Elle a une imagination débordante pour leur créer une vie aux dizaines d'aventures.

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Seconde chance
RomansaSi Lya, mère célibataire de 27 ans, avait su que voler dans un magasin l'aurait remise sur le chemin d'Elias Evans, elle se serait abstenue. Maintenant que les dés sont lancés, elle va devoir composer avec. Mais seront-ils capables de collaborer en...