Je ne sais pas ce qui m'a pris d'accepter son marché à la noix ; il n'a plus rien à me montrer. Je n'ai jamais cru en lui et, ça ne risque pas d'arriver. Elias la fout toujours à l'envers. Au pire, je me casserai les dents encore une fois. Je me dirige vers le parc où Maddy m'a donné rendez-vous dans l'espoir qu'elle me remonte le moral. Je m'assois sur notre banc habituel, face à la plaine de jeu, pour que Clarisse puisse jouer lorsqu'elle nous accompagne. Puis, les cris des enfants qui s'amusent restent la meilleure mélodie existante et gratuite, de surcroit, alors je ne m'en prive pas. Ça me réchauffe le cœur de les savoir si candides, à des années lumières de réaliser dans quel monde ils grandissent, celui dans lequel ils devront s'épanouir un jour bien qu'il n'ait rien de très réjouissant. Mais, à cette heure-ci, tous les jeunes sont à l'école, studieusement installé à leur bureau pour écouter leur professeur, rendant les parcs paisibles.
— Satisfais ma curiosité maladive : Elias Evans est aussi canon qu'à l'époque ?
— Bonjour à toi, Maddy ! Je vais bien, merci, et toi ? Très aimable de t'en inquiété en tout cas.
Elle lève les yeux, puis daigne de m'embrasser à moitié morte de rire. Je grogne contrariée qu'elle souhaite presque plus de nouvelles d'Elias que de moi. Le fait qu'il ait alimenté une grande partie de nos conversations d'adolescentes n'en fait pas une priorité.
— Coucou Lya ! Alors, Elias ?
— Tu es une obsédée, ma parole ! Oui, il l'est, malheureusement, soupiré-je en croisant les bras sur ma poitrine.
Moqueuse, elle pouffe sans retenue, les prunelles scintillantes. Elle me fixe un air entendu ; nous nous comprenons toutes les deux. Maddy pivote vers moi, passant son bras sur le dossier du banc, alors que, pour ma part, les arbres me paraissent soudain bien plus passionnant. J'aimerais éviter l'interrogatoire qu'elle va m'imposer dans moins d'un instant ; quand elle s'y met, elle est digne d'un commissaire, surtout lorsqu'Elias se trouve dans les parages. Aucun secret ne peut lui échapper.
— Tu n'es pas très bavarde aujourd'hui, ce n'est pas dans tes habitudes...
— Mad', je n'étais pas prête à le revoir. Il n'a pas changé ; c'est exactement le même, mais avec dix ans de plus. Aussi sexy, mais aussi con...
Elle passe sa langue sur ses lèvres, alors que son visage s'illumine soudainement.
— Lya, il te plait encore ?
Mes joues prennent une jolie teinte pourpre. Heureusement, je peux rejeter la faute sur la fraicheur de ce mois de novembre. Pour le sourire inconscient qui pointe le bout de son nez sur mon minois, je n'ai aucune excuse valable. Maddy, elle, rigole davantage comprenant que la situation n'a pas changé, que l'eau n'a pas coulé sur les ponts durant tout ce temps. Les sentiments que j'éprouvais à son égard ne sont peut-être pas si loin que je le pensais. A moins que je ne me fasse des idées, que j'extrapole. En revanche, ses allusions, je n'ai pas pu les inviter. Je passe mes deux mains sur mon visage quand une odeur écœurante de cigarette me fait revenir à la réalité.
— Certainement, mais ce qui était vrai à l'époque reste d'actualité, Maddy. Et je refuse de remuer la merde du passé !
— Je sais, m'avoue-t-elle presque compatissante. Désolée que Lenny te l'ait envoyé...
— Il ne pouvait pas savoir, soupiré-je consciente que si la vie avait décidé de le remettre sur mon chemin, je n'avais pas d'autres solutions.
Voilà longtemps maintenant que j'avais compris que je ne pouvais rien face au destin. Il serait systématiquement le vainqueur, alors que je resterais l'éternelle perdante. Discuter avec ma meilleure amie de ma situation retire un poids de ma poitrine et, m'aide à prendre du recul. J'ai besoin d'être lucide pour affronter les obstacles que l'existence m'impose ; je ne peux que les accepter. D'ici à ce qu'Elias me recontacte pour me divulguer son plan d'attaque, je me dois de poursuivre mon quotidien et de cacher la vérité à Clarisse. Je refuse qu'elle s'inquiète. En parlant de ma fille, il est l'heure d'aller la chercher à l'école. Si nous arrivons en retard, elle va râler, je peux le parier. D'autant plus que sa marraine m'accompagne si qui la ravit à chaque fois.

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Seconde chance
Storie d'amoreSi Lya, mère célibataire de 27 ans, avait su que voler dans un magasin l'aurait remise sur le chemin d'Elias Evans, elle se serait abstenue. Maintenant que les dés sont lancés, elle va devoir composer avec. Mais seront-ils capables de collaborer en...