Chapitre 3 - Home

102 5 4
                                    



Les tanks allemands qui nous tombèrent dessus en ce début de journée firent bien des dégâts. On entendait les soldats crier des « médic ! » d'un peu partout. Certains étaient déjà morts quand on arrivait. D'autres avaient des doigts sectionnés. Les balles perçaient les chairs, et les martyrisaient sur leurs passages. Comment allions nous tenir face à une telle force d'artillerie ? Nous qui n'avions pas de char mais seulement des mortiers, des mitrailleuses et des fusils ?

Et puis soudain, sans prévenir, les soldats allemands tombèrent sous des balles qui n'étaient pas les nôtres, et d'autres prenaient leurs jambes à leur cou, face à une force qui semblait les terrifier.

Des Shermans ! s'exclama Smokey Gordon

Je tournais la tête et vit les chars américains qui avançaient, nous couvrant de leur puissance de feu. C'était surréaliste.

Les cris et les appels à l'aide furent alors balayés par le soulagement et les rires.

J'allais vers Smokey, qui bien qu'il rît, avait une plaie à la tête.

Smokey tu vas bien ? lui demandais-je, tu as une plaie à la tête.

Il porta aussitôt sa main droite à sa tête, et se rendant compte qu'il saignait son sourire se fana.

Merde, grommela-t-il

Je vais te soigner, dis-je, en sortant des bandages, tu peux te lever ?

Je crois oui, affirma Smokey, c'est grave tu crois ?

Non je ne pense pas, après quelques secondes je me rendis compte qu'il saignait aussi de l'épaule droite. Je crois que je vais avoir une balle à te retirer à l'épaule.

-/-

A la fin du mois de juin, la Easy fut déplacée hors de la zone de front. Un camp nous attendait près d'Utah Beach, avec des douches et des repas chauds.

Après ça nous rentrons en Angleterre, m'annonça Dick

L'Angleterre, soufflais-je dans un murmure

Cette patrie que j'avais quittée pour mieux la sauver. Ce pays qui était le miens et que j'aimais tant. Ma famille. J'allais retrouver ma famille.

Les deux mois que nous passâmes en Angleterre furent comme une parenthèse. Bien que je sache que nous allions repartir un jour ou l'autre.

Ce fut aussi pour moi l'occasion de m'entrainer au saut en parachute. Car je n'étais pas parachutiste.

Tu n'y couperas pas, me dit Dick, pour faire partie pleinement des nôtres il faut sauter.

Pour une personne qui avait le vertige je m'étais faite une raison : il fallait que je me fasse violence.

Le premier saut je me forçais à ne pas regarder en bas. Et je m'élançais dans le vide. L'air qui m'enveloppa soudain me conféra un intense sentiment de liberté, si bien que je jetais un regard en bas ; sans peur. J'étais guérie.

De retour au camp où nous étions cantonnés, je fus accueillit comme il ce doit par ceux qui était désormais mes compagnons de combat.

Dick m'attendait à l'extérieur de sa tente, un grand sourire aux lèvres.

Je pense que tu as gagné le droit de porter ça, me dit-il en me tendant les fameuses Jumpwing, le badge de parachutiste.

Merci Dick, répliquais-je en lui rendant son sourire

Into the fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant