Appendice 2 - Last letter

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« Last letter of a beloved sister »

Je m'étais assise sur un banc au bord du grand lac aux eaux calme. Mon bras me faisait toujours mal, et je ne pouvais toujours pas courir et m'entrainer aux armes, mais j'avais gagné quelque chose de bien plus important ces derniers jours : le cœur de Grant.

Pour la première fois depuis longtemps je n'étais plus seule, et j'avais l'impression de revivre. Ou plutôt de renaitre. Oui, renaitre était le bon mot.

J'aimais à nouveau pleinement, et j'avais quelqu'un à mes côtés. Quelqu'un qui me teindrait la main, et qui me porterais jusqu'à notre dernier souffle. Charles était intègre, droit, calme et doux, et il tempérait parfaitement mon caractère parfois orageux.

Je n'étais plus habituée à cela.

Certains soirs, je me demandais même si je n'allais pas me réveiller le lendemain, et découvrir que tout ceci n'avait été qu'un rêve, une douce parenthèse créée de toutes pièces par mon esprit fatigué et abimé.

Mais il n'en était rien. Et chaque matin je constatais que je n'avais pas rêver.

Charles ne dormait pas avec moi. J'avais fait une promesse à Dick et je comptais bien la tenir. Et puis si cela était venu aux oreilles du colonel Sink j'aurais été mal.

Je respirais bien mieux. Toutes les tensions qu'avait abrité mon corps avaient disparues. Remplacées par une douce plénitude.

J'étais soulagée. Soulagée de cette fin. Soulagée d'avoir eu la force d'assumer mes sentiments. Sans mettre mon devoir de côté. Car comme me l'avait dit Dick : 'les deux ne sont pas incompatibles'.

Je me demandais encore ce que j'allais faire après. Quand le monde retrouverait sa paix. Serais-je médecin ? Resterais-je infirmière ? Ferais-je carrière dans le MI6 ? Je n'en savais rien. Et honnêtement, pour le moment je n'en avais rien à faire. J'avais le bonheur. Et pour moi cela voulait déjà dire beaucoup.

Je sortis de ma poche un morceau de papier. Aujourd'hui cela faisait sept mois que Lucy n'était plus de ce monde. Mais j'avais toujours sa dernière lettre. Alors c'était comme si elle était toujours un peu là.

« Ma très chère Emma,

Me revoici à nouveau. Je t'avais promis d'autres lettres futiles, en voici déjà une.

Ces derniers temps je suis assez fatiguée, je pense que je couve quelque chose. Mais ce n'est pas le sujet. Des choses futiles on a dit.

Tu te souviens de Thomas le médecin du dispensaire ? Il se pourrait bien qu'il se passe quelque chose entre nous. Faut dire qu'il est à tomber ! Je n'aie jamais compris ton indifférence pour lui. Un bel homme comme lui célibataire c'est du gâchis. Alors au grand dam des infirmières, c'est moi qui lui aie tapé dans l'œil. Et je compte bien ne pas le lâcher.

Je sais que tu n'ais pas prête à aimer à nouveau. J'espère qu'un des soldats autour de toi te fera changer d'avis.

Tu as vécu des choses si difficiles ces dernières années. Je n'ose même pas les imaginer.

Tu es si courageuse, et si loyale. Je ne suis pas certaine que beaucoup de gens ait le même sens du devoir que toi. Je suis admirative. J'ai vraiment des aînés incroyables.

Mais, même si ça va te paraitre futile, ou ridicule, là où tu es, ne te force pas à porter le monde sur tes épaules. Tu es humaine Emma. Si tu le fais tu vas t'effondrée.

Et attrape le bonheur tant que tu le vois voler devant toi. Avant qu'il ne disparaisse. Même si c'est auprès d'un américain.

Ne le prends pas comme un ordre, mais vie tant que tu le peux je t'en prie. Ton deuil ne peut être éternel.

Et n'oublie pas qu'aimer à nouveau ne veut pas dire oublier. Mais simplement vivre.

Tu mérites de vivre Emma. Même si cela te semble incompatible avec ton devoir. Tu n'en seras que meilleure.

Je t'embrasse,

Lucy. »

J'essuyais une larme qui roulait sur ma joue, avant de replier la lettre. Lucy me manquait. Terriblement. Chaque jour. Elle qui avait mieux comprit le monde que la plupart des gens.

Tu vas bien ?  s'enquit Charles en venant près de moi.

Je me tournais vers oui. Il était à tomber. Peut-être plus que d'habitude. Il portait un t-shirt des parachutistes, un pantalon militaire et il avait les cheveux mouillés et bien coiffés. Il rentrait d'une séance d'entrainement, comme le reste des gars de la Easy.

Je me levais d'un geste avant de me glisser dans ses bras et de l'embrasser.

En quel honneur ? demanda Chuck avec un sourire.

Aucun, répondis-je en souriant.

C'est un motif valable, fit Chuck en m'embrassant à son tour.

Vivre, était mon nouvel adage. Un nouveau mantra qui venait remplacer agir.

Le malheur par le bonheur.

Into the fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant