CHAPITRE II

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PDV Kenma :

Laissez-moi.

« Ahaha, franchement tu l'ouvrais un peu plus tout à l'heure. »

Arrêtez.

« Je croyais que t'aimais bien prendre des coups ?

- Ahahaha, des coups de reins plutôt, tapette va. »

S'il vous plait, arrêtez.

« Merde, quelqu'un arrive, vite on se casse. »

Les coups cessèrent, remplacer par le bruit de leur fuite, puis finalement le silence. Mon corps se mit à trembler sans que je ne comprenne pour quoi. J'avais tellement froid. Et la baisse d'adrénaline commença à me faire sentir la douleur.

Tout doucement, je retrouvai ma respiration, mais chacune d'elle me fit souffrir d'avantage. Il fallait que je parte. Maintenant. Que je quitte ce lycée. Que je n'y retourne jamais. J'avais tellement envie de pleurer. De crier. Que faire quand tout se passe comme ça ? On m'avait toujours dit que le lycée serait un super endroit pour se créer des souvenirs. Je pensais que ce seraient de bons.

Après avoir souffert pour aller jusqu'aux casiers, et encore trop choqué et apeuré pour informer Kuroo sur ma personne, j'avais réussi à sortir. Kuroo. Kuroo Tetsurou. Tout le monde le connaît. Il est tout le temps tout seul parce qu'il fait peur. Il est brute, très grand, et n'inspire à rien de bon. Et je n'ai même pas été étonné de le voir me tourner le dos. Comme tout le monde.

L'air était froid et me fouettait le visage. J'avais beaucoup de mal à marcher. Mes côtes me faisaient un mal de chien, et je saignais au coin de la lèvre. Ils n'y étaient pas aller de mains mortes cette fois.

Je me détestais tellement. C'était la première fois de ma vie que je regrettais autant d'avoir eu confiance en moi. Ca m'apprendrait à vouloir être moi-même. Décidément, je n'étais qu'un raté, et je serai pour toujours un raté.

Le chemin jusque chez moi n'était pas très long. J'avais un but. C'était mon dernier but. Après, je pourrais rester cloitrer entre mes murs, à jouer à mes jeux, et on ne me ferrait plus aucun mal. Mais pour ça, je devais encore passer par le parc. Malgré mes côtes, je tentai tant bien que mal de faire mon chemin. Une fois à mi-chemin dans le parc, je me sentis encore plus mal, vraiment encore plus faible. Je tournai les yeux vers la rangée de banc, et sans hésiter plus longtemps, je m'assis sur le premier. Même si c'était celui où Kuroo Tetsurou se trouvait.

« Je t'ai demandé si t'avais mal, reprit-il.

- Ca se voit non ? Répondis-je en pinçant les lèvres sous la douleur.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Je tournai la tête vers lui, pour voir si c'était une vraie question, ou si il se fichait de moi. Il a l'air de s'en foutre de tout, donc mes problèmes...

« Je me suis fait tabassé, comme pour me rappeler à l'ordre, une de mes côtes me lança directement.

- Un rire sortit de ses lèvres. Par quelqu'un qui n'est pas moi ? Sérieux ? Il inspira dans sa cigarette. En voyant que je le regardai, il me la tendit. Tu veux ? Ca calme la douleur. »

Je saisis le morceau de tabac, et le posai contre mes lèvres. J'inspirai, exactement comme il venait de le faire, mais je m'étouffai aussitôt. En plus de mes côtes pétées, le tout fit bien bien mal. Je lui rendis, alors qu'il rigolait. Son sourire était doux. Mais ses yeux vides d'expression montraient que c'était très faux.

« Tu connais pas grand-chose à la vie Kenma, soupira-t-il. Et qu'est-ce que tu as fait de mal pour te faire tabasser ? »

Mon ventre se tordit sous sa question. Lui dire ? Ne pas lui dire ? Je viens de me faire éclater deux, trois côtes parce que j'avais été trop honnête avec moi même. Est-ce que j'avais vraiment envie de tenter l'expérience avec le pariât du lycée, Kuroo Tetsurou ? D'un côté, je n'avais pas du tout envie de m'ouvrir à lui. Par peur, et puis, s'il ne me comprenait pas, à quoi bon. Mais de l'autre, je me disais qu'il pourrait comprendre. Lui aussi connaît la solitude, le jugement. Voulant tenter le tout pour le tout (et n'ayant plus beaucoup de côtes à péter si jamais il me tabassait), je me décidai.

« J'ai fait ma déclaration à un garçon. »

Un long silence suivit ma phrase. Je n'osai pas regarder Kuroo dans les yeux. Je n'osai pas croiser sa colère. Du coin de l'œil, je le vis lever la main. Instinctivement, je me recroquevillai pour me protéger. Mais quelle ne fut pas ma surprise de le sentir poser délicatement sa main sur mon épaule.

Je le regardai, sentant mon cœur battre très vite.

Quelques secondes passèrent, on s'analysait chacun, appréhendant l'autre. 

« Tu n'es plus tout seul maintenant. »

Ses yeux semblaient briller. Il ne souriait pas, avait l'air très sérieux. Pourquoi était-il gentil comme ça avec moi ? On ne se connaît pas. Il ne sait rien de moi, on est personne l'un pour l'autre. Alors pourquoi ? L'incompréhension devait se voir dans mes yeux. Suite à ça, il retira brièvement sa main.

« Enfin, calme toi, j'ai déjà un meilleur pote et un plan cul, reprit il en se renfrognant.

- Même si c'était moindre et ça voulait dire que j'avais très peu d'importance pour lui, il m'estimait tout de même. Merci. »

Ce garçon si sombre était ma lueur d'espoir. Je l'ai compris au moment où il m'a écouté. 

BAD TASTE | KUROKEN | HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant