CHAPITRE X

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PDV Kuroo :

     Encore une fois, j'eus l'impression que tout en moi résonnait. Qu'il n'y avait plus rien d'autre au monde que Kenma et moi. Je savais pertinemment que mes actions allaient encore me tracasser pendant des jours, mais vu la semaine que j'avais passé, j'avais déjà trop réfléchi. Je pensais aux lèvres de Kenma matin et soir. La frustration et la tristesse m'avaient poussé à bout, j'avais besoin de lui, proche de moi. 

     Délicatement, mes mains se posèrent également sur ses joues, encadrant son visage avec. La douceur de ses lippes me rendaient fou, sa respiration qui s'abattait sur ma peau me rendait fou, tout me rendait fou. Je n'arrivais pas à expliquer tout ce que je ressentais. La seule chose qui m'était certaine, c'est que je ne ressentais pas tout ça quand j'embrassais Alisa. 

     Le manque d'air nous rappela à l'ordre, et je me séparai des lèvres du plus petit à contre coeur. Maintenant, il allait falloir assumer son regard interrogateur. Et pareil, je n'étais pas prêt à mettre des mots sur tout ça.

    « Pardon... Murmurais-je en rapprochant mes mains de moi, les croisant sur mon torse. »

     Face aux quelques secondes où il ne répondit pas, je levai les yeux vers lui. Presque comme si on venait de se mettre d'accord en un regard, il sourit timidement. 

    « T'inquiète pas. » 

     Je l'avais embrassé dans la précipitation, parce que je ne voulais pas qu'il parte. Mais je ne savais pas quoi faire non plus. 

     En repensant aux mots de Kozume, je me rendis bien compte qu'il avait raison. Ses mots m'avaient fait plaisir, qu'il sous-entende que j'avais le droit de vivre. Mais ce n'était pas si simple. Ca allait être très dur de mettre ça en pratique. Je manquais honnêtement de motivation à entreprendre quoi que ce soit depuis deux ans. En fait, c'était un point virgule géant. La vie de Yaku s'était arrêté là où moi je devais continuer. Mais au fond de moi, j'avais plutôt l'impression d'être mort en même temps que lui. 

    « Il était comment Yaku ? Kenma inclina le visage, glissant ses cheveux derrière ses oreilles. Il m'encouragea d'un petit sourire. 

- Quel con c'était. Presque aussitôt, en évoquant le souvenir de mon ami, un rire triste sortit de mes lèvres. On était hyper contradictoire, mais on se complétait plutôt bien. C'était un mec super, qui voulait toujours aider tout le monde. C'était vraiment une bonne personne. »

     Pendant près d'une heure, Kenma me posa des questions sur mon meilleur ami. Je lui racontai comment on s'était rencontré, ce qu'il voulait faire de sa vie, ses passions et les choses qu'il n'aimait pas. C'est quand un silence de quelques minutes s'installa que je me rendis compte comme ça m'avait fait du bien de parler de Yaku. Voilà deux ans que je n'avais pas parlé de lui. En général, quand on fait allusion à des souvenirs d'une personne décédée, les gens se sentent tout de suite désolé et confus. Ils essayent de noyer le poisson pour que la conversation ne devienne pas plus macabre. Mais avec Kenma, c'était différent. Il ne me jugeait pas, ni moi, ni mes souvenirs avec Yaku. J'avais l'impression qu'il voulait simplement se familiariser à mon univers et à ce que j'avais vécu. 

    « J'ai envie de le rendre fier. Mais je sais pas comment. Et dès que je me sens trop heureux, je culpabilise de ne pas avoir réussi à lui faire ressentir la même chose, je soupirai en passant une main dans mes cheveux. C'est trop compliqué...

- C'est pour ça qu'il faut que tu lâches prise. Qu'est-ce que tu penses que Yaku dirait s'il te voyait te rendre malade pour lui dès qu'une opportunité apparaît ? »

     Connaissant mon meilleur ami, c'était sûr qu'il se sentirait gêné de mettre une telle pression sur quelqu'un. Ca fait bien longtemps qu'il m'aurait mis un coup derrière la tête en criant que j'étais stupide de le faire passer avant mon propre bonheur. A cette pensée, je souris. Il me manquait tellement. J'aurais préféré qu'il me le dise lui même. 

    « Kuro. Je tournai la tête, rencontrant les pupilles dorées de Kenma. Tu as le droit d'être heureux. »

     Et presque comme une évidence, Kenma venait de me dire les mots que j'attendais qu'on me dise depuis deux ans. 

    Soudain, je me rappelai une chose que j'avais dit à Kozume : 'Si je suis pas heureux, c'est mon problème, mais m'empêche pas d'aider les gens à l'être'. C'était totalement une phrase que Yaku aurait pu me sortir. 

    « J'ai besoin d'être un peu seul Kenma..

- D'accord. Je t'attendrai à la sortie. »

    Je ne le regardai pas, mais j'entendis ses pas se diriger vers la porte. Il hésita quelques secondes et finit par sortir. J'entendis encore ses bruits de pas quelques instants avant que cela s'évanouisse petit à petit dans les couloirs. 

    Je me mis à pleurer. Beaucoup. Longtemps. C'était la deuxième fois de ma vie que je me mettais dans de tels états. Je pleurais parce que Yaku me manquait. Je pleurais parce que je me rendais compte que j'allais devoir mettre un point final à ma souffrance. Je pleurais parce que j'avais peur du futur. Je pleurais parce que j'étais sans doute en train de tomber amoureux.

BAD TASTE | KUROKEN | HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant