Chapitre 8 - La photo

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(tw/cw du chapitre : PTSD, dépression et pensées suicidaires)

Les personnages de My Hero Academia appartiennent à Kohei Horikoshi, mais l'histoire, elle, m'appartient.

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3 août, chambre 777 de la station balnéaire d'Ishigaki, dans la matinée :

Ce matin-là, Touya eut l'étonnante surprise de se réveiller de la manière la plus naturelle possible, sans qu'aucun cauchemar - ni Natsuo ou n'importe quel autre membre de sa fratrie - ne vienne le tirer violemment du monde onirique.

Touya avait perdu l'habitude de se réveiller par le simple fait qu'il avait suffisamment dormi, s'étant tristement accommodé à l'idée qu'il ne pourrait plus jamais dormir en paix. À tel point que lorsqu'il s'éveilla, il resta un instant interdit de peur d'être à nouveau sous l'emprise d'un mauvais rêve. De plus, il ne s'était pas éveillé une seule fois durant la nuit, lui qui sortait de son sommeil plus de trois fois par nuitée. Et lorsqu'il jeta un œil à son téléphone pour prendre connaissance de l'heure – à peine dix heures du matin passées – Touya réalisa étrangement... qu'il avait tout simplement bien dormi.

Il prit un instant pour se prélasser dans son lit où il s'étira de tout son être, avec une profonde satisfaction qui lui était inconnue ; d'ordinaire, il cherchait à le fuir dès son réveil, par peur que ses démons nocturnes le maintiennent prisonnier. Pourtant ce jour-ci, il prit un certain plaisir à se retourner sur son matelas, pour se réfugier sous ses draps et plonger sa tête dans ses coussins. Touya se sentait... vraiment bien, et il aurait presque pu soupirer d'aise tant il était agréable de se prélasser dans ce grand lit, sans se préoccuper de quoi que ce soit.

Il réfléchit à la dernière fois où il avait été de si bonne humeur, et après avoir réalisé qu'il ne s'en souvenait tout simplement pas, il tenta de comprendre pourquoi il était si enjoué ; lorsqu'un visage magnifique bordé d'une chevelure blonde apparut dans son esprit, il se secoua la tête pour chasser ses pensées.

Alors, il décida de profiter de son... enthousiasme, en acceptant la balade que Shoto lui proposa. Touya ne passait que très peu de temps avec son plus jeune frère ; non seulement à cause de leur grande différence d'âge, mais aussi parce qu'il semblait parfois au brun que son cadet et lui avaient été élevés séparément. Lorsque Shoto avait appris à parler, Touya avait déjà le nez plongé dans les bouquins de théorie du droit. Et lorsqu'il avait failli perdre la vie dans son accident, celui-ci n'avait que neuf ans.

Touya tentait de faire des efforts – puisqu'après tout, il restait son petit frère, et qu'il l'aimait aussi fort que Natsuo et Fuyumi – mais Shoto était un garçon presque aussi froid et silencieux que lui. De ce fait, ils avaient beaucoup de mal à faire coordonner leur caractère. Cela dit, Touya appréciait certains aspects de la personnalité de son petit frère, comme sa franchise sans faille, la colère qu'il éprouvait lui aussi envers leur père, son amour pour les soba, et surtout : l'incroyable tolérance dont il faisait preuve concernant son accident. Le contraire aurait bien sûr été surprenant, mais Touya appréciait tout de même le fait que sa fratrie au complet le soutenait avec ferveur. Ça l'aidait à garder pied.

En rentrant de leur promenade, le brun partit pique-niquer sur une plage isolée avec sa mère. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas trouvés juste tous les deux, et cela leur fît le plus grand bien ; lorsque Rei était enceinte de Natsuo, elle amenait souvent Fuyumi et Touya se promener sur les plages de la préfecture de Shizuoka, desquelles on pouvait apercevoir le Mont Fuji. Le brun appréciait toujours se rendre au bord de l'eau en compagnie de sa mère, où dans ses bras, il pouvait se laisser bercer par le doux bruit des vagues comme s'il n'était plus question de rien. Plus d'angoisse, plus de cicatrices, plus d'accident ; juste les doigts de sa mère caressant tendrement son cuir chevelu, et l'eau salée qui s'échouait sur le sable chaud. Et rien au monde n'aurait su le détendre plus que cela.

Comme un ange dans mon enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant