Les Courtisans - 2e partie

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Tandis que la Princesse avait vu passer nombreux de ces courtisans, que les choppes de bières naines et les verres de vin elfes et humains se vidaient à ne plus en compter les litres engloutis, il restait deux participants qui n'avait pas encore fait leurs présentations devant l'assemblée. Il s'agissait du Grand Chevalier Theodrid mais au grand étonnement de la Princesse, ce dernier n'avait pas pour projet de suivre les traditions, la main de la Princesse lui étant considérée comme acquise et le Prince Aldaron qui malgré les minutes écoulées n'était toujours pas revenu. 


Pendant que l'aiguille de la sentence s'approchait dangereusement de l'heure fatidique où la Princesse Anastasia devrait choisir son époux, elle ne pouvait que s'inquiétait à l'idée que le prince ne puisse jamais présenter ou qu'elle ne puisse jamais le choisir. Ses yeux cyan alors brillants et pleins de larmes, il devenait difficile pour la Princesse de maintenir le menton levé et le sourire joyeux qu'elle avait toujours arboré. A cela s'ajouter l'angoisse d'être mariée à un bourreau tel que le Seigneur Theodrid. 

Bien qu'elle avait voulu tant bien que mal ne jamais ouïr des rumeurs à son sujet, il était difficile d'ignorer les chuchotements rapportées par les servantes, notamment quand il était question de ses comportements violent envers les catins du royaume. Non, elle ne devait pas penser à ça, après tout, le Seigneur Theodrid n'a jamais eu de comportement déplacé en sa présence. Il parait certes un peu brute et indélicat mais jamais il ne ferait de mal à la fille du roi et s'il a toujours souhaité faire de la Princesse sa femme c'est bien qu'il a des sentiments pour elle, sinon pourquoi ? ... Pourquoi, se demandait-elle ?

Levé fasse aux invités, le verre en main, les joues rougies par l'alcool, le roi Amaury annonçait les douze coups de minuit.

- Seigneurs, Princes, Grands Chevaliers, il est désormais temps. Vous avez été nombreux à vouloir quérir la main de ma douce Princesse Anastasia. Après avoir longuement réfléchis...

Ils ont donc choisi sans même m'en parler, se disait la Princesse au bord du sanglot. Ne pouvant tenir toutes ses larmes cumulées depuis si longtemps, elle préféra garder le visage baissé pour ne pas affronter les regards des convives, les poings serrés, elle écrasait dans ses mains les différentes couches de sa robe, les frissons grimpaient le long de son corps la faisant trembler telle une feuille d'automne sur le point de tomber de sa branche. C'est alors qu'une source chaude se posa sur son poignet, une main ferme et rauque se posa doucement avant de l'agripper sauvagement.

- Ne tremblez pas comme ça ma jolie perle, ce soir vous serez mienne. Murmurait le Grand Chevalier Theodrid à l'oreille de la Princesse

Son cœur s'arrêta un instant, ces mots semblaient si affreux, tellement que la Princesse en eu la nausée, la main pour couvrir sa bouche, elle tourna son visage en direction de ce qui lui semblait être un démon, et se trouvait alors le Grand Chevalier Theodrid au sourire le plus terrifiant qu'elle n'avait jamais vu jusqu'à présent. L'homme qu'elle pensait être un maladroit avec les femmes, un homme de caractère au grand cœur comme dans ses romans, n'était en fait qu'un monstre déguisé qui dévoilait enfin sa véritable identité. La princesse avait désormais la réponse à sa question, elle ne serait pour lui qu'un pion, un objet, un jouet, mais elle ne serait pas un amour. Père, je vous en prie... Suppliait-elle intérieurement.

- Bien que cette décision ne fût pas facile à prendre, nous avons dû faire un choix.

Par pitié, mon père...

- Dans un mois, au solstice d'été, notre fille, la Princesse Anastasia épousera...



Alors que la Princesse attendait le nom de son futur époux comme le coup de grâce qui poignarderait son cœur, une porte se claqua.

- Veuillez m'excuser de vous interrompre Roi Amaury, mais votre fille ne devrait-elle pas voir tous ses courtisans avant de choisir son élu. Puis-je toujours tenter ma chance et espérer voler la main de la Princesse Anastasia ?

Comme sur le balcon, son cœur se figea avant de réaliser qu'il était bel et bien là. Il était revenu, il avait tenu sa promesse, le Prince Aldaron se tenait au milieu de la salle.

- Prince Aldaron, nous avons déjà....

- Père ! Je vous en prie, laissez-le s'exprimer. L'avait interrompu la Princesse

- Anastasia ! Tu te dois te respecter ton père, nous avons déjà choisi ton époux et...

- Bien, qu'il en soit ainsi. Nous vous écoutons, Prince Aldaron du royaume des elfes de la forêt de l'Améthyste.

- Mais... Que fais-tu ?

- Il ne coute rien d'écouter le jeune prince, et si cela tient tant à notre princesse alors je suis prêt à lui accorder quelques minutes de notre festivité. Prince Aldaron.

La reine Marguerite n'appréciait guère quand son mari le roi l'a contredisait, surtout en présence de convives mais en tant que reine bien éduquée elle savait qu'elle ne pouvait se permettre une scène, alors elle se tu bien que son regard empli de colère avec sa moitié en disait long sur ses pensées haineuses.

- Je n'ai pas grands mots à dire, mais je souhaiterais, si vous me l'accordez, une danse à vos côtés Princesse Anastasia.

Sur ces paroles, les invités ne pouvaient que se questionner sur le comportement du prince et ses raisons dans cette démarche aussi surprenante qu'inattendue. Mais, alors qu'un accord du roi aurait été attendu à cette invitation à danser, la Princesse avait déjà quitté la table royale pour rejoindre le jeune prince. 

Ainsi, sous un signe délicat de la main par ce dernier vers la troupe de musiciens, une douce mélodie se fit entendre dans toute la salle. Sa main droite dans la sienne, sa main gauche sur son épaule, la main du prince dans le bas de son dos, tous ses ressentis qui apparaissaient transformés ces précèdent frissons d'angoisse en frissons de plaisirs. 

En cet instant, tout ce qui était autour d'eux s'effaçait pour la Princesse qui ne voyait que son Prince avec qui elle dansait enfin, ce moment intime qu'elle avait tant imaginés des années durant.

- Suis-je le coupable pour ces larmes Princesse ?

- J'ai cru que jamais vous ne reviendriez, que je serais promise à un autre que vous, que jamais nous n'aurions vécu ce moment.

- Je me refuse de vous abandonner et de trahir la promesse que je vous ai faite.

- Alors pourquoi avoir pris tout ce temps ?

- Je suis là désormais et rien ne pourra m'enlever à vous.

- Pas même le choix d'un autre que vous ?

- Je déclarerai la guerre pour vos yeux, j'assiègerai tout un royaume pour vos lèvres, je brûlerai des hectares pour votre cœur, je mourrai pour vous.

Leurs pas accompagnaient la douce mélodie qui ressortait des violons. Le reste de la salle restait silencieux ou alors ne les entendaient-ils pas ? Peu importait, ce moment ne devait pas s'arrêter, jamais la Princesse ne se sentit aussi soulagée.

- Même si je dois mettre des années pour y arriver, je tiendrais ma promesse.

Bien que les notes présageaient la fin de leur idylle, une dernière lueur d'espoir parue dans le cœur de la Princesse à l'instant où le prince lui murmura ses mots. 

LE COEUR DES DRAGONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant