Chapitre 3 : Révélations

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Incompréhension, voilà le sentiment qui pulsait au fond de Noor depuis quelques temps maintenant. La jeune fille sentait cette angoisse de l'inconnu vibrer dans son être menaçant à tout moment de la submerger. Ne pas savoir dans quelle situation exacte elle se trouvait la terrifiait. Qu'allait-on faire d'elle ? Pourquoi se trouvait-elle dans un tel endroit ? Qu'attendait-on d'elle ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête avec une telle violence qu'elle en avait des migraines.

Il y a cinq jours, alors qu'elle était sur le point de rôtir dans les flammes, le roi l'avait gracié. Il l'avait affranchi du crime d'honneur devant tous et sauvé d'une mort inévitable. Jamais Noor n'avait été aussi heureuse qu'à ce moment là, jamais de ses dix-neuf années d'existence elle n'avait connu une telle euphorie. Elle allait vivre. Elle allait vivre à son plus grand bonheur.

Le visage décomposé du vizir et de toutes les personnes infâmes qui avaient voulu la voir mourir avaient été si agréable à regarder, alors que le roi en personne la libérait de ses liens et lui offrait sa main pour se relever. Ils avaient tous rougi de honte et avaient serré les dents incapables de dire quoique se soit. Le roi avait tranché et ses ordres étaient absolus, alors ils n'avaient pu qu'observer silencieusement sa libération.

Sa libération...

Celle que Noor n'espérait plus vraiment. Elle avait été si heureuse de retrouver sa liberté et son ancienne vie. Elle s'était jurée alors qu'elle quittait la place public sous les yeux ébahis de la population, du vizir et de ses sécretaires. Alors que l'essence commençait à lui donner le tournis et que ses poignets lui lançaient terriblement qu'elle partirait très loin de ce village pourri. Loin, là où personne n'aurait jamais entendu parler d'elle ni de cette bancale accusation de prostitution. Qu'elle pourrait enfin goûter à la véritable liberté sans avoir à se soucier d'autre chose que d'elle.

Désirs vains hélas, puisqu'en fin de compte à peine avait-elle été libéré qu'elle se faisait conduire contre son gré dans la demeure du vizir par des gardes royaux. Ils l'avaient enfermé dans une des chambres les plus luxeuses du ministre sans rien lui dire et depuis ils la gardaient prisonnière. Le jour même de son arrivée dans ces appartements, on avait fait mettre des barreaux à la seule fenêtre qu'il y avait et sous celle-ci Noor avait remarqué deux gardes qui n'avaient plus jamais quitté les lieux. Derrière la porte toujours fermée, se tenaient aussi deux gardes qui refusaient de lui dire quoique se soit peut importe qu'elle hurle ou pleure.

D'ailleurs les gardes n'étaient pas les seuls à ne pas lui adresser la parole, les servantes aussi s'y mettaient. Tout les matins une servante lui portait son petit déjeuner, une autre de l'eau chaude pour se laver et une troisième venait l'aider à se préparer. Noor avait essayé de les faire parler, elle les avait prié, supplié, brutalisé, menacé mais pas un mot n'avait franchi la barrière des lèvres des jeunes filles. Elle aurait pu les croire toutes muettes si elle ne connaissait pas chaque vibration des voix d'une bonne partie d'entre elles pour les avoir côtoyer par le passé.

Pourquoi la traitaient-ils tous comme ça ? Qu'avait-elle encore fait et à quoi devait-elle s'attendre ?

Elle ne supportait pas d'être enfermée de nouveau. Les cachots du vizir cinq jours plus tôt lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Elle pouvait encore sentir la lourde chaine partiellement rouillée lui entailler la cheville, ses pieds nus patauger dans des substances dégueulasses, l'odeur immonde de pourriture lui retourner l'estomac et puis cette maudite obscurité qui avait failli la rendre folle.

Cette chambre dans laquelle on l'avait enfermé avait beau être splendide, elle ne se faisait pas d'illusion c'était une prison. Exactement comme les cachots, à la difference qu'ici on la traitait beaucoup mieux. Mais pour combien de temps ? On l'avait enfermé pour mieux la bruler quelques jours plus tôt. Et maintenant, pour quelle raison la gardait-on enfermée une nouvelle fois ?

La favorite du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant