Noor balança sa jambe de droite à gauche pour essayer d'atténuer les crampes qui la lui engourdissaient. Deux jours déjà qu'elle avait été enfermé dans ce cachot répugnant, enchaînée telle une bête à un mur sale. Elle n'avait eu droit à rien, ni à une seule goutte d'eau pour humidifier sa gorge en feu, ni à un simple plat de cette bouillie infecte qu'on servait aux serviteurs. Même la lumière lui était proscrite.La jeune servante se remit debout et décida de faire les cent pas dans la petite pièce. Le sol de la prison sous ses pieds nus était humide et certaines substances aux allures douteuse lui collaient aux pieds. Elle marcha ainsi plusieurs minutes puis reprit sa place initiale sur le sol.
Dans quelques heures à peine, elle serait brûlée sur la place publique, devant tout les villageois du coin, humiliée à jamais. Son nom serait interdit d'évocation, son honneur bafoué et sa mémoire oubliée. Tel était le châtiment que l'on réservait aux femmes condamnées à ce qu'on appelait chez eux le crime d'honneur.
Noor frissonna de peur et se roula en boule dans un coin de la pièce. Elle ne voulait pas mourir, non elle ne voulait pas. Elle n'avait rien fait pour mériter une telle mort. Le vizir chez lequel elle travaillait l'avait accusé de prostitution mais c'était faux. Jamais elle n'avait échangé des faveurs charnelles contre rémunération, jamais même elle n'avait été touché par la main d'un homme. Et ça le seigneur le savait très bien. Si il l'avait condamné à mort, c'était parce qu'elle s'était refusée à lui à de nombreuses reprises et n'avait pas cédé à ses avances.
Le vizir Chakour ben Hadjin était un vieil homme d'une bonne soixantaine d'années qui avait abusé de nombreuses femmes. L'on racontait d'ailleurs qu'il avait dans les sous sol de sa maison un harem presque aussi grand que celui du roi, avec des jeunes filles plus belles les unes que les autres retenues captive. Noor soupçonnait cette histoire d'être véridique et pensait même que le vieil homme avait voulu lui faire intégrer cet harem clandestin. Mais elle ne s'était pas laissée faire et avait crié haut et fort au viol, une humiliation sure pour un homme de sa trempe visant le rang de Califat.
Quelques heures plus tard, elle se retrouvait dans cette cage malodorante accusée de prostitution et de diffamation. Personne n'avait voulu prendre son parti par peur des représailles et de toute façon personne n'en avait le pouvoir. Son destin était scellé, elle allait mourir brûlée par les flammes et peut être emporteraient-elles dans leur sillage le péché qui était censé être sien.
Des bruits de clés la tirèrent de ses pensées puis la porte s'ouvrit sur un homme d'une vingtaine d'années, plutôt grand, aux cheveux bruns foncés et au regard indifférent. Noor le reconnut comme étant Shahdar un serviteur avec lequel elle s'entendait bien puisqu'ils avaient grandi ensemble. En effet, tout les deux abandonnés par leurs parents, ils avaient été élevé par des servantes du Vizir qui à l'âge de travailler les avait pris à son service.
Le jeune homme s'avança vers elle et entreprit de défaire les chaînes qui l'entravaient.
_ Shahdar, murmura-t-elle heureuse, je suis contente de te voir j'ai...j'ai très soif. Donne moi de l'eau s'il te plaît.
Le vingtenaire fit mine de ne pas l'entendre et continua son labeur.
_ Shahdar, mon frère je t'en conjure donne moi de l'eau, l'implora-t-elle, je ne le dirais à personne promis mais s'il te plaît, donne moi de l'eau.
Le jeune homme ne réagit pas. Elle tenta de lui attraper le bras mais l'homme se recula et la fusilla du regard.
_ Ne me touche pas traînée, hurla-t-il, tu as été condamné à mort je te signale, tu es sale et le moindre contact de ta peau sur la mienne la marquerait d'une souillure indélibile.
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La favorite du roi
Historical FictionLe roi Amir est réputé pour être un dictateur fou et un collectionneur de belles femmes. Lorsque durant l'un de ses nombreux voyages il croise la route de Noor, une jeune servante condamnée à mort par un seigneur local. Il est foudroyé par son extrê...