Chapitre 2 : Désir profond

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_ J'ai demandé ce qui se passait ici, réitera le roi d'un ton impérial.

Il était descendu d'une caravane richement décorée et à sa suite, six hommes aux airs de guerriers fermaient sa marche. Un septième, vêtu de manière plus distinguée se tenait à sa gauche silencieux. Il brillait dans son regard charbonneux, une intelligence indiscutable qui se refletait dans chaque geste qu'il faisait.

Le vizir déglutit difficilement et enfonça tant bien que mal la boîte d'allumettes dans une des poches de son vêtement. Le cœur battant à tout rompre, il partit à la rencontre du seigneur. Qu'allait-il advenir de lui maintenant ? Il avait condamné cette fille à mort sans en déposer la requête auprès du souverain et il savait à quel point ce dernier abhorrait que l'on sape son autorité.

Le roi Amir aimait détenir le droit de vie et de mort sur tout ses sujets. Il se reservait à lui seul le plaisir de condamner une femme au châtiment du crime d'honneur. Le vizir savait qu'une demande auprès du roi aurait été simple et facile à obtenir. Mais hélas il ne pouvait se le permettre, alors que le crime supposément commis par Noor était le commerce de charmes. Un délit honteux et déshonorant qui pouvait anéantir la plus honorable des réputations. Noor parlait beaucoup trop et sans aucun doute, elle l'aurait trainé dans la boue lors de son audience. Le vieux ministre savait qu'il ne pouvait se permettre un tel scandal alors qu'une place de califat était en jeu. Il ne pouvait perdre ce pourquoi il s'était battu si longtemps.

Le vizir arriva devant le roi et se courba en une révérence agitée. Le reste de la population le suivit dans son geste apeurée.

_ Relève la tête Shakour et explique-moi donc ce qui se passe ici, Cracha froidement le monarque.

_ Je... Mon roi... Je....

La langue du tyran claqua d'impatience sur son palais. D'un air ennuyé, Il bifurqua son regard sur la populace qu'il toisa avec mépris. Le petit peuple ne l'intéressait que très peu. Il ne supportait pas de se retrouver trop longtemps en présence de la classe vulgaire, comme il aimait appeler ses sujets. Ils avaient tous mis un genou à terre et avait baissé la tête comme l'usage le voulait devant sa majestueuse présence. Comme c'était agréable de voir tout ces gens se trainer à ses pieds, il ne s'en passait pas.

Pourtant une forme étrange enchaînée sur l'estrade attira son attention. Le roi plissa les yeux pour tenter de se donner une meilleure vue sur la silhouette éloignée. Peu à peu les courbes voluptueuses d'un corps féminin lui apparut partiellement. Le visage et le reste du corps lui fit inaccéssible tant le soleil qui brillait fort dans le ciel lui frappait les yeux. Il baissa le regard vers le vizir puis lança sèchement :

_ Qui est cette femme et pourquoi est-elle enchainée ainsi ?

Le vieil homme se racla la gorge mal à l'aise tout en se triturant les doigts. Qu'allait-il faire maintenant ? Le roi allait apprendre qu'il avait condamné une fille au crime d'honneur sans son autorisation. Il ne lui pardonnerait pas facilement et Dieu savait qu'il ne pouvait se permettre de perdre les bonnes grâces du roi. Pas alors qu'une place de califat était si proche.

_ Votre précieuse majesté, quel honneur de vous recevoir en ce vieux village aujourd'hui. Vous auriez dû me prévenir de votre visite ma seigneurie, j'aurais tout préparé pour vous. Je....

_ Réponds à ma question vieil homme, le coupa le monarque froidement.

Le vizir en perdit son latin momentanément. Troublé, il jeta une œillade inquiète à la populace et ne rencontra que des visages muets partiellement baissés vers le sol sale et trop poussiéreux de ce coin de la ville. Son cœur se pressa dans sa poitrine. D'un geste qui se voulait calme, il se frotta lentement les mains puis susurra d'une voix mal assurée.

La favorite du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant