Les rires des concubines se mélangeaient aux mélodies lascives que jouaient les musiciennes. Leurs cris tantôt surpris, tantôt impressionnés par les récits du roi fendaient l'air, ils résonnaient si fortement dans la tête de Noor qu'elle pouvait sentir une énorme migraine poindre à l'arrière de son crâne. leur boucan l'incommodait, ils l'insupportaient tous autant qu'ils étaient, que ce fut les concubines, le roi, les musiciènnes ou même les servantes. Elle voulait qu'ils disparaissent tous.
Cette fête à laqu'elle elle était forcée d'assister était une véritable torture pour sa petite personne. Elle avait l'impression que tout avait été mis en oeuvre pour l'importuner. Que ce fût la musique que jouaient les musiciènnes - impeccable comme toujours - mais pourtant incroyablement déplaisante à ses oreilles ce soir. L'aspect dévergondée des danseuses qui ne portaient pour seuls vêtements qu'une ceinture de danse nouée à la taille et de lourds bijoux. L'air irrespirable, saturé en senteur de tout genre ; entre celui du haschich que fumait le roi, des bâtons d'encens brulant un peu partout, des inombrables plats disposés sur les tables et des fleurs multiples qui découraient la salle, elle se sentait étouffer. Le mélange âcre et poisseux que formait le cocktail d'arômes lui montait à la tête au point de lui donner l'impression qu'elle allait tourner de l'oeil.
Noor toussa faiblement, ca devait bien être la troisième fois en une minute à peine. Son inconfort était une évidence qui ne pouvait être dissimulée à présent. De toutes façons, elle ne cherchait pas à le faire. Son visage était d'une transparence sans pareil ce soir, n'importe qui lui prêtant la moindre attention aurait pu remarquer sa mine fermée. Certainement ils l'avaient tous fait, mais personne ne s'en souciait. Toute l'attention allait à ce très cher souverain qui honorait le harem de sa majestueuse présence ce soir. Le moindre regard, le moindre sourire, tous n'avaient d'yeux que pour lui et lui seul. Il était comme une source de lumière autour de laquelle tout les petits insectes gravitaient, caressant le malheureux espoir de s'en sustenter ne serait ce qu'un tout petit peu.
Répugnant ! Un haut le cœur lui chatouilla la gorge et elle malmena le bas de sa robe pour ne pas perdre contenance.
Le spectacle qui se déroulait sous ses yeux depuis quelques heures déjà l'indisposait grandement. Assit sur son siège tel le maître du monde qu'il croyait être, le roi se tenait fièrement, sur sa jambe gauche reposait la concubine Jawed, sur la droite XiaoFan. Elles riaient gaiement tandis qu'il baladait ses grandes mains sur chaque centimètre de leurs corps. À genoux près de lui, Taj et Élise lui massaient vigoureusement les pieds pendues à ses lèvres comme s'il s'en écoulait une vérité absolue. Meryem s'occupait de ses épaules qu'elle chouchoutait délicatement, lui murmurant de temps à autres quelques commentaires qui lui arrachaient des petits sourires. Remplissant son verre ou lui glissant quelques morceaux de viande séchées dans la bouche, Nihahsah et Kristina ne le quittaient pas des yeux conquises. Et puis il y'avait Yasmine et Zeynep ; les concubines avaient pris la tête des danseuses et remuaient voluptueusement leurs hanches au rythme lascif de la musique. Elles dansaient avec lubricicité, titillant le roi qui semblait plus qu'apprécier le spectacle.
C'était à qui capterait son attention le plus longtemps, qui serait la plus bruyante, la plus belle, la plus désirable. Qui réussirait à s'arracher ses faveurs ce soir.
Noor avait vu avec sidération l'ambiance se muer à peine le roi avait franchi les portes de la grande salle. Elle avait vu le harem se changer en un champ de bataille sournois où plus la moindre trace d'amitié n'avait demeuré. Elle avait vu les concubines se battre bec et ongles pour sortir du lot, se dépasser, plaire au point de rendre fou. Elle avait vu ce soir des facettes de leurs personnalités qui lui avait fait froncer les sourcils.
VOUS LISEZ
La favorite du roi
Historical FictionLe roi Amir est réputé pour être un dictateur fou et un collectionneur de belles femmes. Lorsque durant l'un de ses nombreux voyages il croise la route de Noor, une jeune servante condamnée à mort par un seigneur local. Il est foudroyé par son extrê...