_ Si j'ai bien tout compris, après qu'il ait essayé de vous violer ce vizir vous a accusé de prostitution, vous a enfermé, il vous a humilié, a failli vous brûler vive sur la place publique et c'est après avoir failli vous brûler à son tour que le roi vous a sauvé ? Résuma la favorite ahurie.
Noor hocha simplement la tête, peu enclin à ajouter quoi que ce soit. Reparler de ces moments horribles s'avéraient plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Elle sentait les mauvaises émotions sortir de leur torpeur au fond de son être et lui tordre douloureusement les entrailles. Elle les sentait reprendre vie, sa haine, son dégout, sa rage, son impuissance... c'était tellement violent qu'elle en avait la nausée.
_ Votre histoire est bien triste ma chère, déclara la favorite d'un air désolé.
Étrangement elle semblait sincère, du moins Noor aurait pu le penser si une demi seconde plus tard, elle n'avait pas repris d'une voix presque guillerette.
_ Si on avait été dans un roman, vous auriez été le personnage principal pour sûr. Avec le passé sordide que vous vous trainez, l'histoire se serait bien vendue.
Un sourire indescriptible déforma son visage, un de ces sourires étranges que Noor ne parvenait pas à déchiffrer. Elle ressentit le besoin viscéral de le lui effacer à coups de griffures. L'envie irrépréssible de la blesser comme elle la blessait en cet instant avec ses mots. Mais la raison l'emporta sur la rage et elle se contenta de détourner le regard. Ses mains s'ouvrant et se refermant avec frénésie sur son vêtement dans un geste agité.
Comment osait-elle ? Comment cette femme osait-elle rigoler ainsi de ses tourments ? Comment osait-elle fouler au pied ses peurs les plus profondes ? Elle les réduisait au rang de simples mots sans valeur, comme si... Comme si ce n'était pas plus important que cela. Elle ne savait pas ! Non, elle ne savait rien... Elle ne savait pas comment presque toutes les nuits elle cauchemardait encore et encore sur tout cela. À quel point le feu la terrorisait depuis qu'ils avaient failli la bruler. Ni même que le simple fait d'imaginer la main d'un homme sur sa peau lui donnait la nausée.
Elle ne savait pas et elle ne saurait jamais, parce que Noor n'en parlerait à personne. De toute façon, elle était seule. Elle ne devait rien attendre de personne en ces lieux où chacun cherchait désespérement à tirer la couverture à soi quitte à en blesser les autres.
Elle fit de son mieux pour se calmer et se recomposer un visage à peu près serein avant de lancer plus brusquement qu'elle ne l'aurait souhaité.
_ Vous avez reçu Nihahsah, à votre tour de donner maintenant. Dites moi qui vous a demandé de me tester ?
_ Oh, c'est tout ? Vous êtes moins marrante que je ne le pensais Noor. C'est décevant.
Son visage se tordit en une moue contrariée qu'elle ne tenta même pas de camoufler. Elle bu une longue gorgée de thé puis avec une nonchalence que Noor ne lui avait pas encore remarqué, se pencha pour ramasser son "chat" qui s'était faufilé jusqu'à ses pieds. Elle le déposa avec une tendresse extrême sur ses jambes et le caressa. Elle aimait cette bête c'était une évidence. Elle l'aimait même beaucoup.
_ Il s'appelle Jeuri, sourit-elle gaga.
L'animal sembla reconnaître son nom car il leva sa tête niché dans la robe de sa maitresse et chercha son regard. Elle le gratifia d'une caresse et un miaulement satisfait roula hors de sa gorge. Alors ce chat hautain pouvait se montrer aussi affectueux envers quelqu'un ? Noor ne l'aurait pas cru quelques minutes plutôt lorsqu'à leur rencontre il l'avait fusillé du regard.
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La favorite du roi
Historical FictionLe roi Amir est réputé pour être un dictateur fou et un collectionneur de belles femmes. Lorsque durant l'un de ses nombreux voyages il croise la route de Noor, une jeune servante condamnée à mort par un seigneur local. Il est foudroyé par son extrê...