Chapitre 6 : Le chasseur et la proie

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  L'angoisse battait en Noor tel un deuxième cœur alors qu'elle parcourait une énième fois la chambre à coucher du roi. La jeune femme n'arrivait pas à tenir en place tant cette dernière lui comprimait la poitrine, tellement qu'elle en peinait à respirer. La venue imminente du maître des lieux la térrifiait. Il tenterait de lui faire du mal c'était certain, il le lui avait bien fait comprendre. Noor savait qu'elle ne pourrait pas le supporter. Penser aux mains sales de cet homme sur sa peau suffisait à lui donner la nausée. Elle préfèrerait crever que subir pareille punition. Hélas cette possibilité lui était impossible. Toutes les portes et fenêtres des appartements du roi avaient été fermées au préalable, comme s'ils avaient eu peur qu'elle ne se tue réellement cette fois ci. Elle était condamnée à attendre bien sagement celui qui serait son bourreau cette nuit.

  Son impuissance, sa faiblesse et sa vulnérabilité la répugnait. Pourquoi devait-elle toujours subir les choses ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être maître de son destin ? Elle avait subi depuis sa naissance et aujourd'hui encore elle continuait de subir. L'abandon de ses parents, le fait de grandir éduquée par une dizaine de femmes, les tentatives de viols du vizir, sa tentative meurtre, devoir rejoindre le harem et maintenant ça ?

  Pourquoi devait-elle avoir une vie si misérable ? Parce qu'elle était née femme ? Parce qu'elle n'était pas issue d'une famille importante ? Parce qu'elle n'avait rien ni personne ? Noor trouvait cela injuste. Le monde était injuste, les gens qui l'habitaient et même elle parfois. Certains naissaient, grandissaient et vivaient entourés d'amour, bercés dans un cocon protecteur où tout leur était apporté sans difficulté. Et puis d'autres n'avaient droit à rien et devaient lutter chaque seconde de leur existence pour obtenir le strict necessaire, c'était injuste.

  Injuste comme le fait qu'elle doive passer le restant de ses jours barricadée dans un harem à servir d'esclave sexuel à un homme cruel. Injuste comme l'atrocité qu'il désirait lui faire subir cette nuit... injuste.

  Noor ne se tuerait peut-être pas, mais elle refusait d'obeir docilement aux demandes du roi. Elle se débattrait comme une folle, hurlerait et ferait tout son possible pour qu'il ne pose pas un doigt sur elle. Elle n'était peut-être pas très forte mais elle ferait de son mieux. Il n'obtiendrait rien d'elle cette nuit... rien du tout à moins qu'il ne la drogue et ne l'attache.

  Un bruit de clé retentit derrière la porte la sortant de ses pensées. Noor se crispa et inconsciemment retint son souffle. Les battements éffrénés de son cœur étaient si forts qu'ils l'empêchaient de discerner clairement la clé qui tournait dans la serrure. La jeune fille observa la porte s'ouvrir doucement et pria pour qu'il s'agisse d'une personne autre que le roi. Sa deception fût grande lorsque le monarque franchit le seuil de la porte. Elle remarqua la couteuse bouteille de liqueur et les deux verres qu'il tenait dans ses mains presque directement. La porte se referma derrière lui.
  
  Noor l'observa la chercher du regard. Il sourit lorsque ses yeux sombres se posèrent sur elle. 

  _ Je t'avais pourtant demandé de m'attendre dans le lit, souligna-t-il, tu n'es pas très obéissante ma lumière... pas du tout. En d'autres circonstances je t'aurais puni pour ta désobéiséance tu sais ? Mais cette nuit est beaucoup trop spéciale pour ça, une prochaine fois certainement.

  Il porta la bouteille de vin à ses lèvres et en bu une grosse gorgée. Noor se demanda Pourquoi il avait apporté des verres s'il n'avait pas l'intention de s'en servir. Elle observa quelques gouttelettes glisser sur la machoire carrée du roi et s'échouer sur son vêtement doré. La vision la répugna au plus haut point.

  Le monarque n'était pas spécialement laid bien au contraire, il jouissait d'une apparence avantageuse et désirable qui aurait pu faire craquer n'importe quelle femme. Seulement Noor n'était pas dupe, il ne suffisait pas d'un beau physique pour lui faire perdre la tête. Elle connaissait la laideur et la souillure interne du roi. Elle la ressentait bouillonner en elle à chaque fois qu'elle posait son regard sur lui. Il la répugnait tant. Ses mains... celles avec lesquelles il avait mutilé et tué tant de gens  la répugnait. Ses yeux sombres dénués de la moindre humanité lui brulait la peau à chaque fois qu'ils se baladaient sur son corps. Ses lèvres sales qui prononçaient toutes ces horribles paroles la répugnait... Elle en avait des vertiges. 

La favorite du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant