Faiblesse

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              Depuis quelques minutes , elle était revenue des toilettes. En fait, maintenant elle était dans la cuisine. Elle avait vraiment faim et se préparait un goûter. Mais elle entendait un bruit qui la dérangeait. Craignant connaitre ce que c'était, elle arrêta son activité et s'approcha de la fenêtre.

Tic tic tic

La pluie. Elle n'en revenait pas, elle était si distraite qu'elle avait oublié que la pluie s'abattrait sur la campagne. Les battements de son cœur s'accélérèrent. Sa respiration se fit plus courte. Elle posa une main sur sa poitrine. Ce n'est pas le moment de paniquer, pensa-t-elle. Alors, oubliant le sandwich qu'elle entreprenait. Elle se dirigea vers sa chambre. Le son qui émanait de dehors s'intensifiait encore plus. Ses jambes commençaient à trembler. Pourquoi fallait-il que sa chambre soit aussi loin ?
Alors qu'elle se rassurait autant qu'elle le pouvait, la pluie s'abattit plus violemment. L'averse lui privait la moitié de son ouïe, déjà qu'elle avait du mal à marcher... En continuant d'enjamber le couloir, elle passa près d'une fenêtre. Elle y vit un petit éclair.

-Bordel...

Un tonnerre gronda, la mettant à terre. Elle essaya de se relever, mais ses jambes étaient pétrifiées à cause de sa terreur. Des sueurs froides lui parcouraient tout le corps. Son rythme cardiaque ne voulait pas ralentir. Tout ce qu'elle savait c'était qu'elle avait peur et qu'elle voulait se cacher sous ses couvertures.
La pluie ne cessait toujours pas de tomber. Depuis quelques minutes maintenant, elle était assise sur le plancher, dans le couloir. Elle s'était calmée. Mais tremblait toujours. Puis, se trouvant vraiment très misérable, elle s'efforça à se lever. Le plus vite possible, appuyant une main sur le mur , elle marcha pour rejoindre sa porte. Mais pourquoi c'est aussi loin ! Cria-t-elle en son for intérieur. Environ un quart d'heure plus tard, elle arriva devant sa porte. Elle voulut l'ouvrir. Mais malheureusement pour elle , un grondement de tonnerre deux fois plus fort que le précédent retentit. L'effet fut l'équivalent d'un courant électrique au niveau de ses articulations. Elle s'appuya sur la porte. Ses jambes allaient encore, une fois de plus, la lâcher. Pourtant elle était si près de son objectif. La pluie s'intensifia, n'arrangeant rien du tout. Des larmes inondèrent ses yeux. Elle prit sa tête entre ses mains tremblantes, avant de les plaquer contre ses oreilles. Elle se laissa tomber sur ses genoux, la tête contre la porte. Sa gorge la faisait souffrir, ses larmes ne voulaient pas s'arrêter, il fallait absolument qu'elle entre avant que les autres ne la trouvent dans un état pareil. Tout en tremblant, elle remonta l'une de ses mains pour faire glisser la porte coulissante.

-Hey fille ga-

Un autre tonnerre explosa (ça se dit?). Ce fut la goutte de trop. Un cri lui échappa. Elle n'avait même pas remarquer que son adversaire de jeu était là. D'ailleurs, ce dernier la fit tourner vers lui en lui prenant les épaules.

-Fille galère ! Oh! Qu'est-ce que tu as bon sang?! Paniqua-t-il.

Avec son regard brouillé et sa gorge sèche, elle ne réussit à prononcer qu'une phrase difficilement compréhensible.

-Le tonne..rre...Mon lit... Ma cham..bre... Je... I, Il faut... J, j'ai peur...
-Ok d'accord, j'vais voir c'que j'peux faire.

Malgré sa vue troublée, elle crut qu'il avait compris. Et c'était le cas. Il la souleva et entra dans la chambre. Elle le sentit prendre des couvertures et s'asseoir. Bizarrement, il ne la posait pas sur le lit. Contrairement à ce qu'elle s'attendait, il prit ses jambes et s'entoura la taille avec. Ensuite il prit ses bras et fit de même avec son cou.

-Tu me fais confiance la fille galère?

Elle hocha la tête. De toute façon, même si ce n'était pas le cas, que pourrait-elle faire? Elle n'était pas en position de force. Même s'il profitait d'elle ou la noyait ou même l'étranglait, elle n'avait plus d'énergie pour se débattre. Elle s'accrocha à son cou et ferma les yeux. Il la colla à lui et posa sur elle les tissus encore pliés. Puis il se leva, elle dans les bras. Avec le peu de force qu'elle avait , elle réussit à lui demander près de l'oreille.

-Qu'est-ce, tu fais...flemmard...?

Elle entendit un petit rire venant de lui. Alors elle soupira, elle n'avait, vraiment, aucune idée de ce qu'il voulait faire. Lorsque, après quelques vingtaines de secondes de marche, elle le sentit s'assoir , elle releva doucement la tête. Ils étaient dans le salon, sur un des grands fauteuils.

-Si en arrivant, ils nous voient dans cette position, ils ne nous dérangeraient pas, alors que s'ils nous voyaient dans votre chambre...ce serait vraiment problématique, aussi bien pour moi que pour toi ; expliqua-t-il.
-Tu n'avais, qu'à me laisser, idiot ; répondit-elle.
-Je n'ai pas pu... T'es vraiment galère tu sais?
-Pourquoi ? Demanda-t-elle.
-Je t'ai sauvée et tu m'traites d'idiot.

Ils rigolèrent légèrement. Malgré la pluie qui continuait de tomber, elle se sentait en sécurité.

-Le dis à personne, s'il te plaît.
-Rassure-toi.

Et ce fut dans cette ambiance réconfortante qu'elle finit par s'endormir sur le jeune homme. Pour l'explication du lendemain, pour rassurer sa meilleure amie, elle n'y pensa pas, elle trouverait bien une excuse.

Il est différent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant