chapitre 1) Souviens-toi des athéniens!

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- Oh Grand roi, souviens-toi des Athéniens.

La phrase résonna encore encore et encore dans l'esprit assoupi du Grand roi Darius.

Il ne la comprit pas, car elle ne venait pas de son rêve.

Dans ses songes, le roi Darius, souverain de tout l'empire perse chassait.

Il avait toujours aimé chasser, même si l'âge aujourd'hui ne lui permettait plus vraiment ce plaisir. Mais cette fois c'était différent.

Son char traquait un rapace, une grande chouette chevêche. Cela faisait déjà un long moment que Darius la poursuivait, depuis les bords de son palais où elle avait tenté de s'emparer des grains de raisins posés sur une coupelle le long des rambardes de son balcon. Immédiatement après cette vilénie, le Grand roi et sa suite lui avaient donnée la chasse, la poursuivant sans relâche pendant des heures, des jours entiers même, jusqu'aux confins de son royaume... et au-delà encore.

Quel bien étrange monde que celui des songes...

Quoi qu'il en soit, la poursuite s'achevait maintenant.

A bout de souffle, acculé, l'endurance de l'animal avait dû céder le pas face à la ténacité du roi du plus grand empire du monde, et à la bravoure de ses chevaux. Darius en possédait tant et tant qu'il lui avait été facile de les relayer pour poursuivre sa traque, jusqu'à ce que le volatile ne puisse plus battre d'une seule aile.

Cette fois l'oiseau était perdu.

Darius descendit de son char et attrapa sa longue lance qu'il pointa vers l'oiseau au sol, désormais incapable de voler. Celui-ci rampait à même le sol, en tentant d'avancer, à la manière d'un reptile.

- Par Ormazd, tu vas payer pour ton méfait, cria t'il en visant l'oiseau.

La lance se dressa alors de toute sa hauteur au-dessus de sa tête, s'inclinant en arrière pour frapper juste et fort, le roi s'aperçut alors avoir le soleil dans les yeux et les plissa en retour.

Soudainement, l'oiseau se retourna pour faire face à son assaillant et déploya majestueusement ses ailes à en dissimuler l'astre du ciel.

Son ombre sembla submerger le grand roi qui en tomba à la renverse. Sous les yeux ébahis du souverain, le rapace se métamorphosa, grandissant et s'étirant à vue d'œil. Ses plumes devinrent écailles, ses serres de lourdes pattes rondes, ce n'était plus un oiseau, mais un monstre énorme, semblable à une tortue couverte d'airain et de piques. Seuls ses yeux et ses oreilles tenaient encore de la chevêche qu'il avait poursuivis jusque-là.

Darius trembla tandis que l'ombre du monstre le prenait de haut, faisant fuir ses chevaux qui détalèrent à toutes pattes jusque dans la mer. Immédiatement, la suite de Darius, ses archers d'élites, se mirent en place pour abattre la bête, tirant flèche après flèche à une vitesse presque surhumaine. Sans succès.

Les flèches s'arrêtèrent sur la carapace de bronze de la bête, rebondissant sans le moindre dommage. Les tirs eurent tout de même le mérite d'attirer l'attention de la tortue qui se mit à courir dans leur direction.

Était-ce parce qu'elle était si rapide ou si grande, que ses pas traversèrent en quelques secondes la distance qui la séparait de ses assaillants ? Ses pas firent trembler le sol, renversant les archers qui manquèrent de se faire piétiner. Ceux-ci dans la panique, s'enfuirent à leur tour, à toutes jambes en direction de la mer, laissant leurs grands arcs et carquois derrière eux.

Darius se retrouva désormais seul face à la bête.

- Oh Grand roi, souviens-toi des Athéniens.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant