Chapitre 11) La fureur du polémarque

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... juste avant qu'une lance mal déviée ne heurte sa poitrine.

Rodé aux batailles depuis des années, le polémarque Callimaque aurait dû voir le coup venir, et cela même si la faute revenait au soldat devant lui, dont la position du bouclier avait permis à la lance de rebondir dans sa direction.

Mais les dieux sont parfois cruels, et leurs faveurs à double tranchant vont et viennent mais se payent toujours, d'un prix fort cher.

Il aurait dû le voir venir, mais il ne le vit pas.

En revanche, Callimaque entendit étonnamment bien, en dépit du vacarme assourdissant des combats, l'avertissement du stratège Polyzélos, de même que son œil remarqua et mémorisa juste avant le choc la position de l'amiral perse qui haranguait ses hommes.

La douleur lancinante lui arracha cri rauque de douleur accompagné d'une gerbe de sang qui alla s'écraser et se mélanger à la poussière rocailleuse du sol. L'hoplite à sa droite s'aperçut de sa défaillance et mouva légèrement dans sa direction afin de le soutenir.

Mais le polémarque le renvoya brutalement.

- Tenez votre rang soldat. Même si je dois défaillir, et tous les stratèges avec moi, tenez votre rang. Cette bataille n'est pas encore finie !

L'hoplite s'excusa rapidement et se remit en position, poussant avec les autres afin de maintenir la pression sur l'armée perse au bord de la déroute.

La discipline :

ce pour quoi les hoplites étaient formés.

Tenir le rang, protéger son camarade et maintenir la cohésion de l'armée. A la différence de bon nombre de formation et d'armée, les Athéniens pouvaient se vanter d'avoir une armée qui ne se comptait pas au nombre de soldats, mais bien au sens d'une seule entité.

Tant que la formation perdurerait, tant que chaque hoplite conserverait sa place, l'armée athénienne ne faillirait pas. Du moins, pas tant qu'un maillon faible ne viendrait affaiblir la chaîne.

Malheureusement, malgré sa force et son expérience, Callimaque sentit bien que dans la formation, le maillon faible c'était lui désormais.

Et la lance, toujours plantée dans son torse, exerçait une terrible pression qui, en plus d'un poids supplémentaire le handicapait profondément dans le mouvement de son bras et de son épaule droite.

Ne pouvant plus tenir son rang, Callimaque recula un instant afin de ne pas gêner la formation et d'examiner sa blessure. Comme un seul homme, la formation le laissa s'écarter avant qu'un autre hoplite ne vienne prendre sa place, comblant l'espace et reprenant la pression. Plus que dans le reste de l'armée, les soldats de l'aile droite, plus expérimentés, agissaient et réagissaient presque mécaniquement aux aléas du combat, même sans commandement.

Pour le moment.

Le polémarque savait qu'il ne disposait que peu de temps pour réagir. Avec son casque et sa tenue, tout le monde le reconnaissait aisément dans l'armée grecque, si la rumeur de sa défaillance venait à se répandre, qui sait combien de temps encore le moral des hoplites perdureraient ?

- Et nous sommes si proche de la victoire... murmura-t-il à lui-même.

Il le savait, même sans avoir une vue d'ensemble de la bataille, il le sentait, il le ressentait au vu de la pression qu'exerçait l'aile droite.

Callimaque tira sur le manche de la lance, mais il ne parvint pas à la sortir de son torse. Il passa la main le long de la pointe et palpa la blessure, cherchant à évaluer l'étendue des dégâts.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant