Lacédémone
- ...Lacédémoniens, les Athéniens vous prient de leur donner du secours, et de ne pas permettre qu'une des plus anciennes villes de Grèce soit réduite en esclavage par des barbares. Érétrie a déjà subi leur joug, et la Grèce se trouve affaiblie par la perte de cette ville célèbre.
La voix de Pheidippos se tut, sa voix sembla résonner encore quelques instants dans la grande salle, ou peut-être était-ce simplement ses oreilles qui bourdonnaient tandis qu'il essayait toujours de retrouver sa respiration.
Le messager d'Athènes avait cru retrouver un second souffle après la rencontre avec cet étrange musicien dans les collines du Péloponnèse. Mais ce fut un souffle de courte durée qui ne souleva ses pas que jusqu'aux abords de la cité de Sparte.
Cela faisait bien longtemps que Pheidippos n'avait pas mis les pieds dans cette ville, et le peu qu'il y avait mis pouvait se compter sur les doigts d'une seule main. Pour autant, elle ne cessait jamais de l'étonner.
Sparte était une cité mais ce n'était pas une ville. Tout du moins ne ressemblait-elle à aucune autre des grandes villes qui constituaient la Grèce. Athènes, Argos, Thèbes... A bien des égards, malgré leurs différences politiques, ces villes se ressemblaient toutes.
Mais Sparte, Lacédémone.... Était unique. Pour commencer elle ne possédait pas de muraille, elle n'en possédait plus, ce que l'on apercevait de loin n'était que de vieux restes, vestige d'une époque révolue.
Pheidippos était entré dans la ville directement, sans passer la moindre fortification défensive, la moindre palissade ou porte fortifiée. Une cité aujourd'hui ne pouvait pas se passer de muraille, même si l'art de la poliorcétique avait fait de grands progrès, il demeurait presque impossible de prendre une ville par la force, autrement qu'au travers d'un long siège. Et quand bien même les armées se battaient à l'extérieur, la muraille était une garantie supplémentaire de replie, de position inexpugnable au travers de laquelle on pouvait attendre que l'ennemi épuisé reparte.
De cela, même les Lacédémoniens ne pouvaient l'ignorer. Car lorsque jadis ils étaient venus prêter main forte aux Athéniens afin de chasser le tyran Hippias de la ville, celui-ci s'était, après une première défaite, réfugié derrière les fortifications de l'acropole, et nul n'avait pu alors l'en déloger. La négociation, l'exil, était venue à bout du tyran presque autant que les armes.
Mais malgré cela, les spartiates n'avaient pas de muraille.
Là résidait peut-être leur hubris, leur arrogance. Accepter de construire des murailles revenait à accepter que les Lacédémoniens puissent être totalement défait sur un champ de bataille. Une chose que peu voyait de leur vivant, certains estimant même que ce n'était jamais arrivé.
"Ce n'est pas tant de l'hubris que de la confiance alors. " avait songé Pheidippos en se déplaçant à travers la ville afin de délivrer son message aux deux rois et aux citoyens de la cité.
La ville favorisait la communauté et l'entrainement permanent. Les spartiates mangeaient ensemble, dormaient ensemble... En passant près des gymnases, Pheidippos put même apercevoir des femmes, en tenue légère et serrée, pratiquer des activités physiques. Des parents forts ne pouvaient donner qu'un enfant fort pensaient-ils.
"Ce n'est pas tant une cité qu'une armée en campagne permanente" pensa-t-il, se rappelant d'anciennes paroles tout en gardant le regard tourné vers le roi Léotychas II qui discutait de son message, entouré par d'autres citoyens de la ville, attendant une réponse.
VOUS LISEZ
A la grande gloire des guerres médiques: marathon
Historical FictionLes Athéniens dans leur arrogance ont défié la Perse, et leur grand roi Darius réclame justice. 200 000 hommes sont envoyés sous le commandement de son neveu et de l'ancien tyran d'Athènes, réduire la ville en esclavage. Face à cela les Athéniens et...