Chapitre 7) Doute et incertitude

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Le silence pesait sur la plaine.

On avait beau entendre le sable, la mer et le vent,

On avait beau entendre les chevaux, les oiseaux, et les bêtes.

Ou encore entendait on résonner le bruit métallique des armes que l'on préparait, des tentes que l'on dressait et des repas que l'on cuisinait.

Le silence... le silence des hommes inquiets, nerveux et incertains ; ce silence-là, était le seul à régner en maître sur cette plaine.

Comme à son habitude, alors que le soleil se levait à peine et que les deux armées se faisait face de part et d'autre à près d'une dizaine de stades d'intervalle, une étrange réunion et un sort décidé fut le premier mot prononcé de cette nouvelle journée.

- Le sort a parlé stratège Thémistocle, à toi le commandement pour cette journée.

Les dix stratèges d'Athènes se tenaient près de la colline surplombant le téménos d'Héraclès, la terre sacrée ou ils avaient établi leur campement. Et comme à chaque fois qu'une armée sortait en campagne de la sorte, les stratèges tiraient chaque matin au sort le commandant de la nouvelle journée.

Une coutume qui pouvait en surprendre plus d'un, particulièrement chez les espions perses mais qui ne cherchèrent pas plus en avant à comprendre. La seule chose qu'ils en retinrent, c'est qu'il n'y avait donc pas de chef principal à éliminer pour désorganiser l'armée athénienne. Qu'un stratège meure et un autre le remplacerait, car tous avaient voix aux décisions prises par l'armée.

- Et maintenant ? demanda alors le polémarque Callimaque d'un ton étonnamment confiant. Va t'on finalement se décider à agir ?

Thémistocle sourit en réponse.

- j'aimerai bien polémarque, d'autant que d'ici l'on voit parfaitement les Perses s'agiter encore et débarquer davantage de soldats. Cependant...

- Cependant, le coupa Polyzélos. Il ne lui appartient pas seul d'en décider. Pas plus qu'à nous. Les dieux n'ont encore rien décidés quant à l'issue de ce combat.

- Je le sais bien stratège Polyzélos, répliqua sèchement Thémistocle qui n'appréciait pas de se faire couper la parole de la sorte. Quoi qu'il en soit, et malgré le fait que je veuille bien admettre ne pas être le plus modeste des Athéniens, je ferai la même chose que mes prédécesseurs de ses derniers jours. J'accepte l'honneur et le devoir du commandement de cette journée qui m'est échu, et cependant, comme hier et avant-hier encore, je décline cet honneur au profit du stratège Miltiade. Si nous voulons triompher, peu importe quand sera la bataille, c'est toi qui dois commander.

Les autres stratèges, même ceux qui s'opposaient avec le plus de véhémence à Miltiade et son projet d'attaque, hochèrent la tête, d'approbation, en silence.

Un silence qui durait depuis deux jours déjà.

Et Miltiade d'acquiescer devant l'état de fait de ce silence, conscient que sa nomination pour la journée ne changerait quelque chose que si les Grecs décidaient d'attaquer. Une chose qui pour le moment ne s'était pas produite car les stratèges demeuraient divisés sur la marche à suivre.

Cinq voulaient attaquer, cinq préféraient attendre.

Alors les Athéniens attendaient, pendant que les Perses débarquaient lentement mais surement, homme après homme sur la plage.

Certes ils n'avaient pas perdu leur temps, et de leur côté les Grecs s'étaient attelés à la construction d'une position aisément défendable, renforcé de pieux et de fossés afin de bloquer les manœuvres de cavaleries ennemis. Quoi qu'il puisse se passer, les Grecs avaient parfaitement confiance de leur infériorité tactique et de la nécessité de devoir se placer en position défensive. Naïvement, ils avaient espéré que les Perses lancent une offensive sans avoir finit de débarquer tous leurs hommes.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant