Chapitre 3) Par le sang , la sueur, le fer et le bronze

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Pour autant, même si le calme fut revenu, et que désormais tous avaient conscience que de savoir à qui revenait la faute n'avait plus aucune espèce importance face au péril imminent de destruction qui guettait la cité, personne n'osa reprendre la parole avant un moment.

Les Athéniens chuchotèrent entre eux à voix basses, certains encore levaient les yeux au ciel, attendant, espérant peut-être un signe des dieux.

Mais rien ne vint.

Finalement, ce fut le stratège Polyzélos qui se leva. Il parla d'une voix calme grave, dénué d'accusation et de mépris. Connu pour ses talents de médiateurs et sa prudence, il déclara.

- Les Perses viennent pour nous maintenant, ils viennent pour nous détruire. Il ne nous reste que deux options. Soit nous livrons bataille, soit nous livrons la ville. Ceci est tout ce dont il nous faut parler. Maintenant voilà le fond de ma pensée. Je pense qu'il est inutile de combattre.

Sa déclaration déclencha une vague de murmure dans l'assistance, Thémistocle tourna brutalement la tête vers Polyzélos mais ce fut bien Miltiade qui bondit de son siège.

- Que veux-tu dire par là Polyzélos ?

- Exactement ce que j'entends Miltiade. Trop de sang a coulé déjà, sous Hippias, en Ionie, en Erétrie. La vérité c'est que nous ne pouvons pas défaire le Perse. Voilà ce que j'en dis.

Et sur ces sombres paroles, il se rassit.

Les débats reprirent alors de part et d'autre, mais au moins furent ils animés dans le calme et la prudence.

Miltiade et Stésilaos en demeurèrent abasourdis.

- Comment peuvent-ils penser un seul instant à pouvoir négocier avec Hippias ? s'emporta Miltiade.

- Thémistocle soutient le parti de la guerre c'est évident, mais les autres stratèges veulent s'accorder avec Polyzélos. On va manquer de soutiens. Thémistocle nous a dit avoir parlé à Callimaque, mais celui-ci ne semble pas vouloir prendre la parole, je ne comprends pas pourquoi ? Est-ce la peur qui le domine ?

- Surveille tes paroles Stésilaos encore, tu parles bien trop vite sans que la pensée n'ait guidé ta parole. Callimaque a remporté plus de bataille que n'importe qui ici, je ne le penses pas du genre à céder à la peur. Et pourtant tu as raison, il ne dit rien.

- Je parles vite certes Miltiade, mais je parle toujours vrai ! s'offusqua le stratège. Cependant à bien y regarder je pense que tu as raison. Callimaque n'a pas peur, il serre les poings et les dents mais pas une ombre de peur ou de tremblement ne se ressent en lui.

Cette dernière tirade fut un éclair d'illumination pour Miltiade. Comme il l'avait dit juste avant, Stésilaos parlait vite, mais il parlait juste.

- Il veut combattre, mais il ne sait pas comment vaincre le Perse ! Il a peur de tous nous conduire à la mort, déclara Miltiade avant de se tourner vers son compagnon, j'aimerai que tu ailles lui donner ceci.

Et Miltiade attrapa une tablette de terre cuite sur laquelle il griffonna quelque chose à l'aide de son stylet.

- "Tu n'auras pas peur de disparaître sur terre si ton cœur est brave" lu Stésilaos. La plume d'Homère (1), je la reconnaitrai entre mille.

Et Miltiade d'hocher la tête et d'acquiescer.

- Qu'il prenne la parole, je le suivrais. Mais il nous faut sa voix.

Stésilaos acquiesça à son tour et, s'emparant de la tablette, il s'esquiva un instant en direction du polémarque.

Profitant de la confusion qu'avait amener Polyzélos par son sombre discours, le stratège Stésilaos se glissa dans l'assemblée jusqu'au polémarque songeur qui ne disait mot.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant