Chapitre 12) Victoire ?

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Polyzélos ne voyait plus rien. Littéralement.

Juste après la victoire du polémarque, le stratège se précipitant à son aide avait été frappé par quelque chose. Les hoplites à ses côtés parlaient d'une pierre ou d'une lance qui l'aurait frappé de biais et crevé les deux yeux, mais le stratège n'était pas de cet avis.

Il avait vu un dieu.

Polyzélos en était sûr maintenant, il avait vu un dieu.

Un dieu qui venait de marcher à ses côtés, un dieu qui s'était battu à ses côté, avait respiré son air, combattu ses ennemis. Un dieu sous la forme d'un géant, à la force herculéenne piétinant les rangs des Perses. Et de cette vision le stratège, ayant observé la pleine figure divine dans les yeux était devenu aveugle.

Polyzélos y voyait là un signe, la seule explication à son inexplicable soudaine cécité, qu'aucun de ses compagnons d'armes n'avaient vu venir, bien qu'ils prétendaient tous fournir une explication. La plus courante était celle d'un coup d'épée courte qui lui aurait blafardé le visage et crevé les deux yeux, d'où la cicatrice.

Une réponse simple.

Mais la vraie réponse l'était davantage.

Tout comme Sémélé jadis, punie d'avoir contemplé le vrai visage de Zeus, Polyzélos venait d'être brûlé par la même lueur divine, châtié dans son impiété, d'avoir douté de la victoire des Grecs et de la force des dieux.

Empreint d'une ferveur zélée, le stratège Polyzélos, malgré sa cécité presque complète qui le restreignait à ne plus distinguer que quelques formes lumineuses au loin, s'avança jusqu'au polémarque à terre, l'écoutant murmurer encore, avant de rendre son dernier souffle.

"le centre" répéta plusieurs fois le polémarque avant de sombrer.

Le stratège ne discernait plus que des ombres mouvantes, au travers de rayon de lumière, et cependant, il entendait encore très bien. De là où il se tenait, l'écho du combat se propageait à grande vitesse, de devant surtout, droit vers le camps des Perses et la mer. En revanche, en tendant l'oreille il nota que le bruit des combats au centre se trouvait maintenant bien loin derrière eux, et reculait encore.

-Le centre... comprit-il alors.

Miltiade se trouvait au centre, et au vu de la faiblesse de sa ligne c'était bien un miracle qu'il n'ait pas encore été mis en déroute.

Se penchant au sol, Polyzélos ferma les yeux du polémarque, piégé dans son dernier sommeil, avant de se redresser à l'aide de sa lance.

- AU CENTRE ! hurla-t-il alors, en ralliant l'aile droite avec lui, stoppant leur élan de poussé vers l'avant, alors que les hoplites pourchassaient les Perses en déroute jusqu'à la mer. LE CENTRE, ON SE RABAT SUR LE CENTRE, VERS MILTIADE !

- Stratège Polyzélos ! intervint alors un hoplite à ses côtés, ayant perçu sa cécité. Les Platéens sur notre aile gauche devant, ils ont totalement mis en déroute les Perses, on a pratiquement fait jonction avec eux!

Comme illuminé d'un éclair, Polyzélos digéra alors cette nouvelle information et la plaça mentalement avec les autres afin de tenter de se représenter la tournure que prenait la bataille.

Au centre les troupes d'élites perses avaient enfoncé la ligne de Miltiade, la poussant loin en arrière, loin de la mer, sans toutefois l'avoir mise en déroute. En revanche l'aile droite où il se trouvait et l'aile gauche des alliés Platéens venaient de réussir l'exploit inverse, poussant, repoussant et mettant en déroute les deux ailes perses qui fuyaient maintenant vers la mer. Mieux encore, les deux ailes étaient maintenant capables d'effectuer une jonction, derrière le centre perse.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant