Chapitre 14) La longue marche

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Flotte perse, au large du cap Sounion

- Confirmes-tu bien que nous venons de passer le cap, Hippias ?

La voix d'Artapherne, portée par le vent, alla résonner jusqu'au oreille d'Hippias, accoudé sur la rambarde avant du navire. L'ancien tyran d'Athènes se retourna alors pour saluer le prince qui venait de prendre un repos de quelques heures bien mérité. Hippias devait bien l'admettre, l'intervention du prince perse avait permis d'éviter la totale annihilation de l'expédition. Il avait brillamment déjoué la tentative d'encerclement avant que celle-ci ne se referme définitivement, évitant presque un désastre.

Presque.

Une fois rembarqué, Hippias avait aidé les officiers et le prince à tenter d'établir un inventaire des ressources. Son orgueil piqué à vif, le prince avait de lui-même proposé de contourner l'armée grecque pour débarquer directement sur Athènes, requérant seulement l'avis d'Hippias, sur la faisabilité d'un tel projet. Une chose que l'intéressé s'était empressé de confirmer.

Répondant à la question du prince, le tyran pointa du doigt des pointes de pierres au loin sur une hauteur.

- Voyez-vous ces élévations ici ? C'est un sanctuaire, avec lui je peux confirmer très précisément notre position, Athènes n'est plus très loin, nous avons un bon rythme et le vent semble se maintenir en notre faveur, quelques heures encore.

-Très bien, approuva le prince. Nous n'aurons pas le loisir de prendre notre temps cette fois. Penses-tu toujours que tes fidèles nous ouvriront les portes ?

Hippias sourit. Il avait accroché sa dent perdue à un fil autour de son cou et ne cessait de la tortiller dans tous les sens depuis ce jour. Un étrange sourire, de celui qui semble voir quelque chose qui nous dépasse... Il haussa pourtant les épaules avant de poursuivre.

- Seulement si les dieux le veulent, mais voyant que cette réponse était insuffisante pour le Perse, il ajouta. Il n'y a plus personne pour défendre la ville, des femmes, des enfants, des vieillards, peut-être quelques magistrats et des esclaves encore en état de se battre, mais rien de plus. Non, comme ils n'ont ? par ailleurs ? pas encore pu prévenir Athènes de leur victoire, il est fort probable qu'en nous voyant arrivé ils les croient vaincus. De ce fait je suis confiant.

- Fort bien, je ne demande rien de plus ! lâcha t'il sèchement.

Hippias le regarda, intrigué, mais le prince soupira avant de le rejoindre, accoudé à la rambarde, contemplant l'océan.

- Quel plaie que cette matinée... J'ai connu de meilleurs jours.

- Des nouvelles de l'amiral Datis ? demanda Hippias d'une voix qui trahissait une réelle inquiétude. Après tout, il connaissait Datis depuis de nombreuses années, et c'était bien lui qui l'avait accueil après son exil forcé d'Athènes.

Mais le prince secoua la tête négativement.

- Aucune. Il est peut-être mort et resté sur place, ou blessé sur l'un des navires. La communication n'est pas évidente et le temps nous manque pour marquer une pause afin de dresser un état correct de notre logistique.

- La moitié de vos hommes ont abandonné leurs armes sur place dans la débandade, fit remarquer le tyran. En arrivant je conseillerai de commencer par piller les forges et les armureries. Même en prenant la ville, il nous reste une armée à défaire.

- Je sais. Et ses vents ont beau être avec nous, ils n'annoncent qu'une chose, la mauvaise saison de la navigation est sur nous, et je ne tiens pas à la passer ici. Si j'estime que la situation n'est pas favorable, nous repartiront une fois Athènes soumise, même si elle n'est pas pacifiée. Le reste sera de votre charge.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant