Chapitre 4) le messager d'Athènes

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Grèce, Péloponnèse, non loin de Lacédémone

Pheidippos pressa le pas.

Les montures n'étaient clairement pas des plus utiles sur les routes sinueuses et rocheuses de la Grèce. Jamais les Grecs n'avaient eu les terres et le savoir propices à un élevage massif de ces animaux O combien cruciaux. Il y avait bien sûr quelques chars, pour la guerre, quelques-uns pour tirer les marchandises. Mais la quasi-totalité du transport se faisait par la mer, en longeant les côtes.

Aussi le messager se déplaçait-il de nouveau à pied, traversant la Grèce entière sur près de 1300 stades(1) le long de la route qui reliait Athènes à Lacédémone. A chaque foulée, Pheidippos croyait maintenant qu'elle serait la dernière tant l'épuisement le gagnait. Il n'avait pratiquement pas fait de pause et courait depuis plus d'une journée déjà, la faim et la soif le tiraillait également, lui martelant le crâne pour qu'il s'arrête.
Mais le messager d'Athènes poursuivit son chemin.

Pas, après pas, conscient de porter l'avenir de toute la Grèce dans le creux de sa main, le messager d'Athènes poursuivait son chemin.

Mainte fois lui proposa-t-on sur la route, auberges reposantes, rivières apaisantes et villages accueillants, mais rien n'y avait fait, le messager ne s'était pas arrêté.

Surtout depuis qu'il était entré dans le Péloponnèse, où, demandant son chemin, les premiers agriculteurs Lacédémoniens qu'ils rencontraient, le reconnaissant pour un Athénien lui demandèrent en retour.

- Ou vas-tu donc Athénien, porté par cette course dont même les dieux ne sembleraient pouvoir te détourner.

A cela il répondait de la plus simple vérité.

- Je suis le messager d'Athènes, je vais au-devant de la guerre et nous recherchons les meilleurs guerriers de toute la Grèce pour combattre les Perses.

Et de cette réponse lui souriaient-ils en retour.

- Alors va messager, Lacédémone est bien sur ton chemin, tu y trouveras ceux que tu cherches.

Et le messager d'Athènes poursuivait son chemin

Un chemin qui touchait maintenant à son but, car alors qu'il grimpait le long d'une colline, Pheidippos pu apercevoir au loin les remparts fortifiés de la grande cité de Lacédémone. Elle n'était plus qu'à une paire d'heure de course.

Cependant, alors qu'il avançait à grand pas, un étrange son fut porté par le vent jusqu'à ses oreilles, comme une mélodie enchantée qui sifflotait dans l'air, répondue par l'écho des collines environnantes. Un son aigu, envoutant.

Pheidippos ralentit alors sa course afin d'écouter plus attentivement cette musique. Il se mit même à marcher et remonta la route jusqu'à un carrefour ou, posé là, accroupi sur un rocher, se tenait un homme aux allures de berger qui jouait de la flûte.

Et Pheidippos s'arrêta pour écouter.

Lui qui ne s'était arrêté ni pour le sourire des jeunes corinthiennes, ni pour un repas de Mégare, lui qui n'était arrêté ni par le vent ni par la pluie, voilà qu'un simple échange de note à l'unisson bloquait soudainement sa route.

L'individu qui jouait de cette envoutante musique apparut comme des plus étranges aux yeux du messager.

Peut-être était-ce simplement le soleil qui l'éblouissait, ou la soif le tiraillant, mais il ne parvint pas à distinguer le sommet de son crâne, et ses pieds enfouis dans le sol et l'herbe entremêlée dissimulait quant à elle les pieds du musicien. Pour le reste, il était à peine habillé. Sa peau dénudée et le torse velu simplement couvert par endroit de peau de bête.

A la grande gloire des guerres médiques: marathonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant