Je regrettai.
Je regrettai si fort d'avoir écouté Owen. Je lui avais fait confiance, j'avais pris son avis en compte avec un poids important dans mon choix.
Il s'avère que c'était une mauvaise idée.
Je soufflai par le nez quand la main délicate de Lily se posa dans mon dos, chuchotant à voix basse :
— Courage, c'est bientôt terminé.
Du courage, oh oui il allait m'en falloir.
Le problème n'était pas le cours d'introduction de Monsieur Mitchell. C'était lui le véritable problème.
Cet homme, à peine l'avais-je croisé, m'avait donné des frissons. C'était quelque chose de difficile à expliquer, presque irrationnel. C'était ce qu'on appelait « physique » ; c'était physique, je ne pouvais pas le supporter. Son air altier n'avait rien à voir avec celui qu'Owen ou Ach' présentaient parfois. Il était suffisant dans son port de tête, dans son regard, et dans sa façon de parler.
Monsieur était grand professionnel du droit international, donnait « généreusement » de son temps pour enseigner à Oxford, prestigieuse université, ce qu'il oubliait parfois, quoi que non, c'était légitime pour un être tel que lui, et connaissait du beau monde partout où il était bon d'en connaître. Il devait avoir dans la cinquantaine, ce qui était jeune dans le milieu international. Son dos était aussi rigide qu'un mur et je soupçonnais qu'il se fasse teindre les cheveux pour n'en avoir aucun de blanc. Le pire était sa façon de parler de ses collègues.
Un amas de merde putréfiant dans sa bouche oui ! Comment osait-il faire des sous-entendus sur les capacités d'Owen à enseigner ?!
C'était inadmissible !
Intolérable !
— Bien. Je vous vois dans deux semaines pour passer aux choses concrètes. D'ici là, tâchez de vous montrer à niveau.
Le grincement des chaises contre le sol résonna en même temps qu'un brouhaha s'éleva dans la classe. Je jetai mes affaires dans mon sac et quittai en vitesse cet endroit qui m'étouffait. Lily dut me courir après. Elle avait de petites jambes, en plus des bottines à talon qu'elle portait. Moi, j'étais sur les nerfs, au point de ne pas penser à elle.
— Soan.
Je ne m'arrêtai pas lorsqu'elle m'appela. Je voulais mettre le plus de distance possible entre ce Mitchell et moi. Pour mon bien et surtout le sien.
— Soan !
Elle agrippa mon bras pour m'arrêter. J'étais con, en colère, blessé, mais pas assez pour faire du mal à ma princesse préférée. Je stoppai ma marche furibonde et inspirai profondément. Pas question de me défouler sur elle.
— Est-ce que ça va ?
— Ça va.
Je n'étais pas convaincant.
Ça allait mieux, mais mon sang bouillonnait encore. J'avais un peu de mal à redescendre en pression. Lily le savait très bien. Ses jolis yeux argentés me sondaient pour évaluer la gravité de mon état. J'étais à cran, c'était certain. Owen était rentré très tard dimanche et cette semaine était chargée à cause des vacances à venir. Nous nous étions à peine vu.
— Viens. Allons faire un tour dehors.
J'hochai la tête et la laissai me guider, un bras autour du mien.
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Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)
RomanceÉtudiant en droit, dans la prestigieuse université d'Oxford, en Angleterre, Soan a tout de l'étudiant modèle et épanouis, à une exception : il a un faible pour son professeur de code pénal, le beau Owen Earl. Soan hésite, tâte le terrain, jusqu'à ob...