Sa voix, son visage, son corps, sa tenue, son port de tête, et même son petit air suffisant... Je n'en pouvais plus.
— Soan ? Tu m'entends ? Je te parle.
— Pardon ?
Lily me fit de gros yeux, sans doute vexée que je la fasse répéter.
— Tu étais dans la lune.
— Non, je...
Un coup d'épaule me fit perdre l'équilibre sur ma chaise et pousser Lily qui râla.
— Mais non, il mâtait encore Earl.
Lily dévisagea Dan qui pouffa comme si nos têtes étaient un spectacle comique – ce qui ne devait pas en être loin. Elle s'offusqua tout en me défendant, en vain. Dan était carrément dans le vrai, Monsieur Earl était...
— Bien. Le cours est terminé. N'oubliez pas de lire le document pour vendredi et maintenez vos efforts jusqu'aux vacances.
— Oui Monsieur, répondirent les élèves de concert.
... Carrément canon.
Un soupir m'échappa.
— Laisse tomber. J'ai raison à deux mille pour cent.
— Je constate, confirma Lily.
Un nouveau coup me fut asséné à l'épaule, me sortant de ma contemplation béate.
— Mec, arrête ça, tu vas finir par baver.
— Quoi !?
J'essuyai rapidement ma bouche d'un revers de main. Ce geste fit rire Dan, mais exaspéra Lily. Elle se leva, rangea ses affaires, enfila son joli manteau rose pâle, et se posta face à nous.
— Bien. Et si au lieu de mater de beaux mâles, vous veniez avec moi boire un thé au New Aurora ?
— Eh ! Je ne mate personne, moi ! rouspéta Dan.
— Dis plutôt que tu veux voir ton futur mâle.
Elle gonfla les joues à mes mots. Ses pommettes prirent une jolie teinte rosée qui la rendait adorable.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, nia-t-elle en tournant la tête.
— Ah bon ? Dommage. Pourtant, il me semble bien que New College soit à côté, et qu'un certain Col...
— C'est bon ! On a compris !
Elle s'était précipitée pour me faire taire, de sa petite main manucurée sur ma bouche. L'agitation que nous provoquâmes attira quelques regards, dont nous fîmes fi.
— Aller, lâche-le princesse, il ne dira plus rien, je te le garantis, assura Dan.
— Puisque je vous dis que je ne suis pas...
— Oui, oui, on sait.
Dan la saisit par le coude et nous pûmes ainsi quitter la salle de classe, ainsi que l'université pour nous rendre rue Holywell St, au fameux salon de thé dont Lily raffolait particulièrement depuis octobre.
Il faisait froid, en cette fin novembre. Le ciel blanc laissait présager que la neige s'inviterait plus tôt que prévu. Ce qui ne me dérangeait pas. J'aimais la neige et voir l'Angleterre sous son manteau blanc. Rien n'était plus beau que notre grande île recouverte sous la poudreuse, quelques semaines avant les fêtes de fin d'année.
J'avais hâte d'y être. Il n'existait pas de meilleur endroit au monde pour fêter Noël que l'Angleterre. Voir Christmas at Kew, se rendre sur Trafalgar Square pour admirer l'immense sapin décoré, se promener sur Bond Street, s'émerveiller devant les vitrines d'Oxford Street et Knightsbridge, faire un tour sur la glace au pied de la Tour de Londres et déambuler au marché de Southbank. Tout ça, dans notre belle capitale illuminée. Mais nos autres villes étaient toutes belles et décorées de lumières. Oxford n'y échappait pas.
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Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)
RomansaÉtudiant en droit, dans la prestigieuse université d'Oxford, en Angleterre, Soan a tout de l'étudiant modèle et épanouis, à une exception : il a un faible pour son professeur de code pénal, le beau Owen Earl. Soan hésite, tâte le terrain, jusqu'à ob...