Chapitre 18 - Partie 1

2.2K 211 6
                                    

Je n'allais rien dire. Strictement rien, au risque d'aggraver la situation. Mais je n'en pensais pas moi.

Ça avait été prévisible.

Presque trop.

Et je n'étais pas le genre de type, le genre d'ami, à s'esclaffer hautainement « je te l'avais dis ». De un, parce que je ne l'avais jamais réellement dit. De deux, parce que, comme je venais de le dire, ça ne ferait qu'aggraver la situation.

Et voilà ce qu'elle était : les résultats mi-trimestriel de Dan avait tant chuté que monsieur Hercker l'avait temporairement suspendu. De quoi provoquer une véritable tempête que Dan relâchait en partie sur moi.

— Tout ça c'est de la faute de Rivereau !

— En quoi c'est de sa faute ? demandai-je en faignant l'indifférence face à ce nom. Tu ne peux pas rejeter tes échecs sur quelqu'un d'autre.

— Est-ce que tu as vu ses devoirs ?! Ils plombent ma moyenne !

— Ce ne sont pas que ses devoirs, Dan. Si je me souviens bien, ton dernier devoir avec Owen n'était pas terrible non plus. Et je ne parle pas de celui de...

— T'es de quel côté en fait ?! Comment tu peux défendre les profs ?! Ah, attend. C'est vrai que tu en baises un. Ça te monte à la tête et...

Je refermai d'un coup sec et bruyant mon manuel de droit international. J'étais patient, j'étais à l'écoute, je prenais sur moi, surtout pour éviter qu'il ne s'en prenne à Lily.

Ah oui, parce qu'avec Lily, ça n'allait plus non plus !

Je ne savais même plus quoi faire. Ça me bousillait de les voir ainsi. L'humeur de Dan ces derniers temps n'aidaient absolument rien. Mais j'avais beau faire preuve de vertus et tout ce que Dieu voulait, j'avais une limite.

— Fait attention à ce que tu dis, le prévins-je les dents serrées.

— Et sinon quoi ? Tu vas me frapper avec tes doigts de couturière ?!

J'en avais ma claque ! J'attrapai mon manuel, mon boitier à lunette, mon portable et me dirigeai vers la porte de notre chambre.

— T'es un putain de con quand tu t'y mets, soufflai-je en passant devant lui.

— C'est ça, maintenant c'est moi le problème.

— Eh bah tu devrais sérieusement y réfléchir !

Je claquai la porte derrière moi et marchai furibond dans le couloir désert. Je voulais réviser tranquillement dans la chambre, pour profiter de Dan que je n'avais pas beaucoup vu ces derniers temps, et voilà comment je le trouvais : entêté et aveuglé.

J'avisai l'heure et soupirai. La bibliothèque fermait dans une demi-heure. Y aller me ferait plus perdre du temps qu'autre chose. Et à cette heure-ci, je doutais qu'une salle d'étude soit encore ouverte.

Je m'arrêtai au milieu du passage et pris le temps de réfléchir. Je zieutai les escaliers et après quelques secondes, me persuadai que c'était l'idée la plus satisfaisante.

Je descendis d'un étage, traversai le couloir des secondes années, et vins toquer à une porte que peu osait toucher. Je dus insister, et lorsque que le panneau de bois s'ouvrit d'un geste agacé, je fis exprès de prendre un petit air moqueur.

Professeur, dis-je en appuyant sur son titre.

— Monsieur Berett, répondit-il sans entrer dans mon jeu.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant