Chapitre 3 - Partie 1

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Je mis une main devant ma bouche lorsqu'un bâillement me prit. Je n'avais pas fait de bruit, rien du tout. Pourtant, Rivereau se planta devant mon pupitre, sans cesser ses explications.

Je levai les yeux et croisai les siens, sévères. Qu'est-ce qu'il avait ce rapace à me regarder de haut comme ça ? Je l'écoutais. J'avais juste bâillé, ça arrivait à tout le monde. S'il voulait que toute la classe l'écoute, il n'avait qu'à se montrer plus intéressant. Il parlait tout seul, laissant à peine le temps aux élèves de lever la main pour poser des questions. Et lorsque l'un d'eux y parvenait, sa réponse était souvent plus compliquée encore que ses explications précédentes, ce qui ne donnait pas envie de poser d'autres questions.

Je fis mine d'écouter, mais Rivereau resta devant moi de très longues minutes. Enfin, il décida de bouger, passa à côté de moi sans jamais s'arrêter de parler, comme si l'anglais était sa langue maternelle. Discrètement, je tournai la tête et posai mon regard sur lui, son dos droit aux épaules plus larges que ses hanches étroites. Mes yeux glissèrent plus bas. Dommage qu'il soit si froid, il avait un beau petit cul.

Vraiment très beau.

Je me repris et tentai de rester concentré jusqu'à la fin de son cours. Lorsque enfin il nous lâcha, cinq minutes en retard, je soufflai de soulagement. Dan se pencha sur la table alors que Lily était entre nous deux et prit la parole en même temps qu'un brouhaha envahi la salle de classe.

— Mec ! Putain, mate plus discrètement. C'était cramé jusqu'à la lune là.

— Je matais pas, dis-je en m'adossant un peu plus dans ma chaise, les bras croisés, les jambes étendues devant moi, les chevilles croisées également.

— Pas de ça avec moi, vieux. Tu l'as littéralement relooké de haut en bas.

Je soupirai, n'ayant pas la force de débattre aussi vivement que d'ordinaire.

— Pardon Soan, mais pour une fois, je suis de l'avis de Dan.

— Tu vois ! Attends, comment ça, pour une fois ?

Un sourire étira mes lèvres face à la détente de mon ami pour comprendre ce genre de petite remarque. Lily tenta de s'expliquer sans le froisser, mais c'était bien connu, notre rugbyman perdait des neurones à chaque plaquage, à chaque seconde, disait-il en excuse. Sauf que tout le monde perdait des neurones au cours de sa vie, ce qui ne nous rendait pas plus bête.

— Je ne le matais pas, répétai-je alors que je sentais qu'ils allaient s'allier contre moi.

— Tu le déshabillais du regard !

Je niai en bloc, secouant la tête de droite à gauche.

— Du tout. Je l'ai regardé, oui, mais mon regard n'a pas trainé.

— Tu mens, Soan.

Juste un peu. Rien qu'un peu. J'avais peut-être regardé ses fesses oui, mais ça ne voulait rien dire. Rivereau n'avait que son physique pour lui. Et encore, il était mieux de dos. Au moins, je n'avais pas besoin de subir son regard plus givré encore que la bise.

Je laissai mes deux amis débattre sur mon fameux « relooking » de Rivereau quand j'aperçu quelqu'un que, oui, je matais le plus souvent possible. Monsieur Earl était à la porte de la salle, discutant avec notre prof de procédure pénale. Je ne pouvais pas entendre ce qu'ils se disaient, mais Rivereau avait l'air moins crispé. Peut-être était-ce une impression de ma part. Ou peut-être que le sujet de conversation détendait vraiment Rivereau.

Finalement, il s'en alla. Je regardai l'heure et me levai.

— Le tutorat va commencer, dis-je à mes camarades.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant