Chapitre 26 - Partie 1

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Dire que j'étais stressé était un euphémisme. J'étais sur le point de mourir de l'intérieur. Je ne savais pas à quoi je pensais en écoutant Doug, mais pour une raison ou une autre, cet idiot avait eu raison de moi. Et surtout, il avait eu raison tout court : Ach' et Owen avaient accepté. Ils avaient dit oui pour venir à cette session de danse de salon, donné en groupe, par une professeure titrée. Je n'avais aucune idée de comment j'aurais réagi s'ils avaient refusé, mais je n'arrivais pas mieux à gérer maintenant que je les attendais.

L'ongle de mon pouce passa sous mes dents, un peu trop longtemps, car une décharge de douleur me rappela à l'ordre. Je repliai mes doigts et avisai la grande horloge sur la façade extérieure du bâtiment dans lequel devait avoir lieu notre cours. C'était presque l'heure et pas l'ombre d'un de mes deux hommes à l'horizon. Il faisait frais, la nuit était déjà tombée, et j'avais déjà vu passer une dizaine de couples, certains habillés de leur tenue de danse, d'autres, comme moi, avec un sac plastique à la main.

Hier, quand j'avais reçu la réponse d'Ach', qui avait répondu pour eux deux. Douglas s'était dépêché de me tirer hors de la chambre du motel pour qu'on aille me chercher des vêtements adéquats. Sauf que ni lui ni moi n'y connaissions quoi que ce soit ! Ça avait été le moment idéal de présenter Jade et Ava à Doug qui n'avait pas arrêté de m'emmerder, autant en sous-entendant plein de choses à mon encontre qu'en interrogeant les jumelles sur leur frère.

Nous en avions eu quasiment pour la journée. Entre Ava qui avait toujours faim, Jade qui n'était jamais d'accord avec Douglas, et moi qui n'étais plus sûr que ce soit une bonne idée, j'avais été rincé.

Le soir, je m'étais réfugier chez Ach' qui ne voulait plus entendre parler, de près ou de loin, de mon camarade de Cambridge. Nous avions passé une soirée très tranquille, à nous contenter de la présence de l'autre, comme si nous craignons que, peut-être, cet équilibre précaire ne se rompe. Comme l'autre soir, je m'étais installé contre lui et je l'avais écouté lire cette histoire qu'il avait écrite, buvant ses mots que je ne comprenais que lorsqu'il me les traduisait, mais qui, je le savais, étaient moins beaux ainsi. Alors j'avais fermé les yeux et j'avais imaginé. Imaginé la beauté que cachait Ach', et tout ce qu'il n'arrivait pas à dire mais qu'il écrivait.

C'était le redécouvrir.

C'était apprendre à tomber amoureux de lui, comme au premier jour.

Comme je l'avais fait pour Owen.

Tout ce temps que j'avais pris pour admirer mon enseignant de code pénal, pour me délecter de son apparence, de sa façon d'être, des sentiments qu'il m'inspirait, dont j'avais conscience, je le prenais maintenant, avec presque trois ans de retard. J'apprenais petit à petit ce qui faisait d'Ach' qui il était, sans Owen, sans nous sauter dessus, juste en le regardant, en l'écoutant, en le sentant.

Une bourrasque de vent me ramena au présent et j'en frissonnai de froid. J'avais passé la journée avec les jumelles qui ne voulaient toujours pas me dire qui elles voyaient. Elles étaient terribles pour ça, impossible de les faire parler. Je n'avais pas pu compter sur Dan qui avait eu un rendez-vous dans un tribunal pour un stage, et Lily était rentrée chez ses parents avec Vince.

Plus loin, le cloché sonna vingt-et-une-heure et une dame de l'accueil hésita à venir m'ouvrir la porte pour que je rentre. J'avais intégralement payé le cours de ce soir. Il était indiqué que, même sans partenaire, il était possible de participer. Sauf que je ne voulais pas d'un partenaire aléatoire. En fait, si ce n'était pas l'un de mes deux amants, je ne voulais personne d'autre. Ce cours ne m'intéressait pas en d'autres circonstances.

J'hésitai, rongeant mon frein en me disant qu'ils allaient venir, que je n'avais pas à m'en faire. Mais l'imagination était une force qu'il ne fallait pas négliger. J'essayai tant bien que mal de chasser les horribles scénarios que mon cerveau se créait de toutes pièces, préférant me dire qu'ils me plantaient là plutôt qu'ils leur soient arrivés quelque chose.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant