BATMAN - L'As et le Masque, Avant l'histoire

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Quand il arriva enfin à destination, James s'étonna de constater que le GCPD s'attelait encore au travail. En dépit des divers crimes commis aux quatre coins de la métropole, de nombreux policiers et investigateurs avaient cloîtré le périmètre de sa résidence jusqu'à la ruelle où Coralie avait été retrouvée afin de préserver tout indice qui pourrait les aider à retrouver les criminels. À contrecœur, James dut lutter pour trouver un parking à travers la foule de véhicules dont le stationnement de leur appartement était interdit. Lorsque la voiture fut enfin immobilisée, il prit une profonde inspiration, puis se tourna vers ses filles.

Avec toute la douceur du monde, Barbara tirait sa sœur adoptive de sa torpeur. Alors que la noiraude se frottait les yeux d'un geste lent, Gordon commença à remettre en doute la détermination qui l'avait poussé à commettre un acte pareil. Coralie serait-elle apte à se déplacer ? Que penseraient les agents à la vue de la fillette malade retournant sur la scène du crime ? Il faillit lui ordonner de l'attendre dans la voiture lorsqu'il se rappela que leurs agresseurs rôdaient encore probablement dans les parages.

Sans attendre davantage, il tira sa famille du véhicule et entama le pas vers leur domicile. Tout en surveillant les ruelles sombres d'un œil de lynx, il franchit les banderoles jaunes et ignora le regard indiscret de ses collègues. Quand on le questionna sur la raison de sa venue, ce fut à peine s'il répondit qu'il venait chercher quelques-uns des effets personnels de ses filles pour leur école.

Sa voix, stricte et irritée, suffit à mettre un terme aux investigateurs les plus curieux. Tandis qu'on lui cédait enfin l'accès au condo, Barbara hésitait à poursuivre la route jusqu'au domicile où s'était déroulée la scène horrifiante. Ce ne fut que poussée par l'insistance de son père et les faibles protestations de Coralie qu'elle trouva la force de franchir le seuil de la porte.

L'intérieur de leur résidence était un pur chaos. Au milieu des débris et meubles cassés par l'agression, une poignée d'investigateurs, de policiers et de scientifiques cherchaient des traces d'ADN et échantillons de sang qui leur permettraient d'identifier les criminels. S'ils furent étonnés à la vue de leur chef, ils furent davantage surpris lorsqu'il les congédia le temps qu'il retrouve ses affaires. Le commissaire ne put que souffler quand ses collègues lui laissèrent enfin un peu d'intimité : il pouvait finalement agir comme bon lui semblait. Sans perdre de temps, il ordonna à ses filles de récupérer leurs effets personnels, puis se dirigea d'un pas ferme vers son bureau.

À travers les bibliothèques massacrées et piles de documents en ruines, dissimulé dans un compartiment caché de l'immense meuble en bois, il retrouva le dossier des Watersons. Il émit un soupir de soulagement ; pendant l'espace d'un instant, un léger sourire se traça même sur ses lèvres. Puis, lentement, une prise de conscience le saisit à la gorge, le fit à nouveau douter de sa décision.

Si quiconque mettait la main sur ce dossier – si quelqu'un découvrait par inadvertance le rôle de Coralie dans cette affaire – il serait immédiatement démis de ses fonctions. Il ravala sa salive : valait-il mieux révéler la vérité à ses collègues et confier l'enfant à une institution qui serait en mesure de contrecarrer ses capacités, ou était-il préférable de risquer son emploi et conserver ce secret, quitte à ce que l'investigation de l'incendie ne soit jamais classée ? Il en était à ces interrogations quand une quinte toux fit écho entre les murs de la résidence et le poussa hors de son bureau.

Ses pupilles se rétrécirent. Au milieu du salon, les bras repliés sur un sac rempli de couvertures, de livres, d'oreillers ainsi que de son lapin en peluche, la noiraude toussait à en cracher ses poumons. Alors que Barbara tentait de lui faire reprendre sa respiration, Gordon fronça les sourcils : l'état de la fillette se détériorait à vue d'œil ; pourtant, il avait préféré l'amener avec lui plutôt que de la laisser se reposer.