BATMAN - L'As et le Masque, Avant l'histoire

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Deux mois s'étaient écoulés depuis l'intervention du Chevalier noir. Tel qu'il le croyait, Gordon avait reçu la confirmation que le traître n'était pas seul : aucun rapport d'autopsie n'avait été accompli. Chacune de ses craintes s'était concrétisée à une vitesse hallucinante. Pire encore, l'organisation qui avait infiltré le GCPD était d'une violence telle qu'il n'en n'avait jamais vu.

Au fur et à mesure que Batman capturait les espions, ceux-ci mourraient d'un tir précis ou disparaissaient sans laisser de trace. Leurs dossiers, cependant, s'éclipsaient en même temps qu'eux : l'empreinte de leur existence était alors effacée des banques de données et des archives du GCPD, ne laissant qu'un spectre dans les mémoires des policiers comme preuve de leur vivant.

Wysteria – si c'était bien là le nom de cette association maléfique – n'hésitait pas à effacer complètement l'existence de ses hommes afin d'empêcher la police et le justicier de la retracer. La seule pensée qu'il puisse se retrouver proie de cette affiliation suffisait à lui couper le souffle. Quand allait-elle tenter de l'éliminer ? Comment pouvait-il assurer la sécurité de Barbara et de Coralie en de pareilles circonstances ? Poussé par ses responsabilités parentales et son devoir de commissaire, il devait, en dépit de l'angoisse qui le paralysait, reprendre ses fonctions au sein du GCPD. Son retour, cependant, fut plus agréable qui ne l'aurait cru.

Plus de la moitié des recrues suspicieuses étaient disparues. Désormais, il reconnaissait la majorité des visages qu'il croisait, les savait dignes de confiance. Bien qu'il conservât une certaine méfiance à l'égard de ses collègues, il parvint, pour la première fois depuis la fonte des neiges, à souffler un peu.

Batman veillait sur lui ainsi que sur ses filles. Grâce à lui, il avait la certitude qu'une seconde corruption complète du GCPD était évitable.

Quant à Barbara et Coralie, elles avaient commencé leur année scolaire depuis le mois de septembre. Alors que la rouquine entamait sa dernière année à l'école élémentaire, la fillette entreprenait sa première admission à une école normale. Si James avait redouté ce moment tant attendu, il fut agréablement surpris du bulletin qui lui parvint.

Avec l'aide de Barbara, la noiraude avait reçu d'excellentes notes. Rempli de fierté envers les progrès de leur protégée, il s'empressa de partager la nouvelle avec Wayne, lequel ne put que féliciter son ami pour sa patience et la manière dont il élevait ses enfants. Le seul obstacle majeur auquel le commissaire devait désormais s'attaquer – une tâche colossale que ni le Chevalier noir, ni son rôle au GCPD ne pouvait régler – était la manière dont Coralie percevait son environnement. Malgré ses rencontres fréquentes avec le psychiatre, elle ne semblait faire aucun progrès, tant et si bien qu'il dût s'entretenir avec le jeune homme. Avec embarras, il lui avoua que la noiraude refusait toute interaction depuis le premier jour : son traumatisme, doublé d'un trouble d'attachement, faisait d'elle une cliente imperméable à toute aide extérieure. La seule solution momentanée qu'il trouva pour apaiser l'anxiété croissante de la fillette fut une prescription de calmants qu'il transmit à Gordon le temps qu'il parvienne à communiquer avec elle. Bien qu'il fût réticent à l'idée de médicamenter une enfant de sept ans et demi dont la confiance ne tenait qu'à un fil, le rouquin décida de s'en remettre à l'avis du spécialiste.

S'il réussissait à apaiser les tourments de la fillette, si Batman parvenait à trouver l'origine de Wysteria, peut-être alors possédaient-ils une chance d'éclaircir le mystère de l'incendie et donner une réelle chance à Coralie de vivre une vie normale.

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Par un week-end froid d'octobre, alors que le givre commençait à peine à couvrir les fenêtres de Gotham, le doux ronronnement de la cafetière résonna dans le bureau de James Gordon. Pendant que le stylo-bille qu'il faisait valser entre ses doigts émettait un son régulier contre l'épais bois de son bureau et que le document devant lui gardait son impeccable blancheur, son regard opaque était rivé vers le petit flacon en plastique blanc qu'il avait ramené de la pharmacie.