Chapitre 4

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Privé de déjeuner et renvoyé à son tronc d'arbre après ses leçons, sa journée a été particulièrement pénible et plus le soir approche et plus il a peur de l'état dans lequel il va retrouver sa chambre. S'il n'avait fait qu'enfermer une petite fille il n'y aurait rien de grave, mais cette enfant est capable de se transformer en dragon et un dragon ça doit bien être capable de ravager une pièce au moins tout autant qu'une wyvern.

Lorsque Jeiran accepte enfin de le laisser en paix, ses bras lui font affreusement mal et il a terriblement faim. Il passe devant les cuisines et demande à ce que son dîner soit monté dans sa chambre. Il insiste pour que deux plateaux lui soient préparés et n'a que faire si ça ressemble à un caprice.

Après qu'il ait fait tourner la clé dans la serrure de sa porte une vague d'inquiétude le submerge. De l'autre côté, tout est sombre. Les lumières n'ont pas été allumées. Il passe doucement sa tête. "Hé, je suis revenu... Tu es là ?..." Sa chambre est cruellement silencieuse. Il part rapidement allumer les quelques lampes à huile disposées dans les différents coins de la pièce.

Le livre sur les plantes a été posé sur le lit, ouvert à la page qu'il lui avait tendu et sa chambre semble absolument vide. Il n'y a personne. Il ouvre le vestibule, il est vide. Inspecte sa salle de bain. Rien. Une de ses fenêtres est ouverte. Il l'a immédiatement remarqué en entrant, mais a préféré l'ignorer. Il ne savait pas quoi faire d'elle, mais de se retrouver tout seul dans sa chambre après avoir passé sa journée à penser à elle, ça le rend triste.

Il s'assoit sur son lit de là il peut voir que la poignée de la porte est griffée. Elle a dû vouloir sortir par là avant de s'enfuir par la fenêtre. Elle ne serait peut-être pas partie s'il avait laissé ouvert. Il aurait peut-être eu à la chercher mais elle aurait été là. Finalement ce n'est pas les domestiques qui l'ont chassé du palais, ou Jeiran, mais lui.

On toque à sa porte. Un domestique se permet d'entrer suivi de son précepteur avant même que le prince n'ait pu répondre.

"Prince Khalid, je suis venu récupérer la clé de votre chambre.

- Pardon ?

- Je crois avoir été clair ce matin. S'il faut vous enfermer pour vous empêcher de fuguer c'est ainsi que je procéderais."

Son tuteur tend une main calleuse vers Khalid. Il déteste ça. Il déteste savoir la clé de sa chambre dans les mains d'un autre. Il n'existe aucun double, il s'en est assuré. Mais maintenant qu'il doit la passer à quelqu'un il ne pourra plus en être certain et le doute va ronger son esprit. Jeiran fait jouer ses doigts pour inciter Khalid à sortir sa clé. Le jeune garçon place le petit objet métallique dans sa paume en rechignant.

"Vous auriez au moins pu attendre qu'on me monte de l'eau chaude, j'aurais aimé pouvoir me laver ce soir.

- Ce sera fait."

Son précepteur ressort avec le serviteur laissant derrière eux une desserte avec plusieurs assiettes dessus. Khalid se lève, il fait trop froid la nuit pour laisser une fenêtre ouverte. Il fait le tour de son lit et aperçoit au sol, dépasser de sous un pan de couverture, un petit bout de l'écharpe qu'il a donné à la fillette. Il s'agenouille pour soulever les épais draps qui cachent l'espace sous son lit.

La petite fille est là et dès qu'elle aperçoit Khalid elle se retourne vivement pour ne lui présenter plus que son dos dans un geste délibérément boudeur. Khalid se retient de rire tout heureux qu'il est de la retrouver. Il part chercher les assiettes et revient s'installer de ce côté du lit. Il se baisse et tapote l'épaule de la petite. "Viens, sois pas fâché, c'est l'heure de manger." Il insiste légèrement et l'enfant tourne brièvement la tête. Le temps que de ses yeux, elle comprenne qu'il tient une assiette, son visage s'ouvre.

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