Il ne sait pas quoi lui dire. Il a réussi à comprendre que son père et son frère sont des sortes de mercenaires. Elle a dit qu'elle aussi en était un, cela aurait pu le faire rire dans d'autres circonstances. Il a seulement acquiescé avant de lui demander comment elle s'était retrouvée là.
Elle n'a rien dit en continuant à caresser la page de l'atlas toujours ouvert sur Fodlàn. Puis ses yeux verts sont revenues sur lui et elle lui a tendu le livre ouvert.
"On est où ?"
Il a regardé la double page sur laquelle s'étendent les frontières de Fodlàn, on y voit même pas un quart d'Almyra. Lentement, il a pris le livre de ses mains, a tourné les pages jusqu'à lui montrer Almyra dans son entièreté.
"Là. On est ici. À Elhabel."
La capitale est vraiment située au centre d'Almyra, elle s'enfonce dans les terres et un large fleuve venant des montagnes plus à l'ouest permet de rejoindre rapidement les côtes au sud. À l'est vers Fodlàn s'étant un immense désert presque aussi grand qu'un des trois états qui composent Fodlàn. La petite fille s'est penchée par-dessus son bras et a écarté son doigt pour mieux voir l'endroit indiqué. Elle récupère le livre et trace du doigt un chemin de la cité jusqu'à la frontière. Il fait non de la tête, il reprend son doigt et lui fait contourner le désert en suivant les côtes du sud. Le trajet double en longueur. Elle relève les yeux vers lui contrarié. Il soupire. La renvoyer chez elle par elle-même est stupidement dangereux.
"Byleth, Fodlàn est loin d'ici, il y a un désert entre nos pays qui tue facilement des centaines de personnes tous les ans, sans doute plus. Ne pars pas seule. Je suis certain que ton père et ton frère te cherchent. Le mieux serait que tu les attendes."
Après tout s'ils sont comme elle, des dragons, ils devraient bien finir par retrouver sa trace. Elle regarde le livre sans un mot, son petit poing se serre. Khalid se relève, il faut la ramener à sa mère avant qu'elle mette Almyra sens dessus dessous. Il se met à ranger les livres et rapidement Byleth vient l'aider. Assise par terre elle lui tend les ouvrages.
Khalid tend sa main sans regarder dans l'attente du livre suivant, à la place, c'est quatre petits doigts qui s'y accroche. Il regarde la petite fille se lever et une fois debout elle s'ébroue comme un animal.
Il n'a pas envie d'être celui qui la rapportera à sa mère, mais Byleth ne veut pas lâcher sa main. Elle s'accroche à lui et il n'a pas le courage de la repousser. Ils descendent les escaliers. À mi-chemin il entend les pas de sa mère arriver.
Il s'immobilise, prêt à faire demi-tour. Il n'a vraiment pas envie de la voir ou de lui parler. Byleth le regarde, surprise, alors qu'il s'apprête à remonter.
"Khalid ?
- Humm.
- Byleth, où étais-tu ? Je me suis inquiétée."
Sa mère s'est précipitée sur eux en les voyant au milieu de l'escalier, les serrant l'un et l'autre dans ses bras. Khalid ne sait pas s'il en a vraiment envie. Mais il s'en veut de la façon dont il lui a parlé et... ça fait longtemps qu'il ne s'était pas tenu aussi près de sa mère. Elle dépose un baiser sur sa joue qui lui tire un grognement.
"Ma, c'est bon là. Byleth était à la bibliothèque. Pourquoi tu ne lui prends pas un professeur qu'elle apprenne l'almyran et à lire ?
- Khalid, tu vas me serrer dans tes bras tout de suite parce que ta mère a besoin de savoir que son fils l'aime."
De son bras libre il presse sa mère contre lui en murmurant quelques mots d'excuses.
Byleth ne semble pas avoir gardé aucune rancune envers Khalid, d'ailleurs il a l'impression qu'elle n'a pas retenu un mot de ce qu'il lui a dit. Elle l'a collé toute la journée comme la veille. Khalid assis à la table de la bibliothèque regarde régulièrement en direction de la petite fille qui est sagement installée près de la fenêtre. Elle fixe l'horizon un livre ouvert sur les genoux. Toujours un de ces atlas. Il regrette de lui avoir indiqué le chemin à prendre pour rentrer, et si elle partait vraiment ?
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Princes & Dragons
ParanormalKhalid n'a pas peur de sortir seul dans la rue. Au contraire, il se sent bien plus en sécurité au milieu d'une foule qui ne le reconnais pas, qui ne devine pas son statut de prince et ses origines à moitié fodlanaise, qu'au cœur du palais où il a l'...