11• L'invité de dernière minute

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La soirée en groupe se termine dans une bonne humeur plaisante. Mis à part Jeongin qui se montre aussi froid qu'une porte de prison, nous rigolons tous comme de vieux amis. Cela me fait bizarre car c'est une sensation que je ne retrouve pas avec Joy, Wendy et Irène.

Vient l'heure de rentrer et le stress fait une brutale apparition. Je sais que nous sommes seuls dans cette voiture et que s'il doit se passer quelque chose, ça se fera entre ici et l'immeuble. Du moins je l'espère car je me demande aussi si je ne me suis pas plantée sur toute la ligne.

Mon esprit cogite à toute vitesse, me rappelant les gestes à ne pas faire. J'en viens même à me demander s'il y a un sens pour tourner la langue dans la bouche de l'autre, sachant que je n'ai jamais pratiqué le french kiss.

Mon premier petit ami, au collège, est à l'image de ma vie amoureuse, chaotique. J'en pinçais tellement pour ce garçon mais je n'osais rien lui dire. Il a fallu que son ami m'avoue qu'il me trouvait jolie pour que j'agisse. Voulant jouer la fille inaccessible comme dans mes films US, je lui ai dit que je n'étais pas interessée pour le faire courir. Résultat, j'ai été la seule dans ce marathon puisque je l'ai observé pendant un an sortir avec ma meilleure amie.
Douze longs mois à supporter leur présence mielleuse, leurs embrassades, leurs jérémiades. J'en venais même à haïr les couples.
Un mois après la rupture, je n'ai pas réfléchi et lui ai dit ce que je ressentais. Il a hésité avant de nous laisser une chance et j'ai mis ma fierté de côté, trop contente de vivre à mon tour ma première histoire. Évidemment, ma meilleure amie a coupé les ponts avec moi. Notre histoire ridicule n'a finalement duré que trois semaines et laissé plus d'échecs que de beaux souvenirs.

Toutes celles qui ont suivi n'ont pas été plus glorieuses. J'étais sans cesse reléguée au rang de second rôle comme si mes petits amis avaient peur de vivre quelque chose au grand jour.
Je pourrais réciter leurs excuses les yeux fermés.

"Tu sais, je n'ai pas envie de quelque chose d'officiel. [...] Il faut que ça reste entre nous. [...] Ce n'est pas toi, c'est moi, je ne suis pas prêt à m'engager..."

Tous les mêmes. 
J'ai rapidement arrêté les efforts pour me mettre en couple, sachant que ça ne mènerait à rien.
Mon petit coeur a continué d'espérer sans moi, s'accrochant au moindre espoir infondé. Voilà comment la vie a fait de moi un petit coeur d'artichaut.

Mon lien avec le sexe n'en est pas plus glorieux. J'ai toujours refusé d'aller au bout avec ces garçons officieux. Je refusais d'offrir quelque chose de personnel à quelqu'un qui ne le méritait peut-être pas. Et j'ai enchaîné les "non", "je ne suis pas prête", "je n'ai pas envie", "recule ou j'appelle mon frère".

Jusqu'au jour de mes 17 ans et qu'une prise de conscience m'a frappée douloureusement.
Moi, Seo Yeri, je n'ai jamais eu de vrai petit-ami, ni de relation sexuelle. Ai-je un problème ? Je ne sais plus quoi penser tant je suis différente des autres filles de mon âge.

— T'as aimé la soirée? Me demande soudainement Seungmin.

Je préfère hocher la tête que répondre car cela me paraît évident.

— Tu sais, je voulais te reparler d'un truc mais je ne savais pas comment l'aborder. Comme je n'ai toujours pas trouvé de solution, ben... Je mets les pieds dans le plat.
— Vas-y.
— Est ce que t'es vierge?

Mes yeux s'ouvrent grands et ma salive passe dans le mauvais trou. Je tourne la tête tandis que je m'étouffe pour ne pas qu'il voit mes larmes pré-mortuaires couler.

— Je ne sais pas quoi te dire.
— Hum... Si je te demande ça, c'est que pendant la soirée...

Je commence à croiser les doigts et prier pour ne pas avoir fait de bêtises pendant que j'étais alcoolisée.

— Tu m'as dit...

Je promets de me taire pendant les dix prochaines années. Ça y est, c'est décidé, je fais voeu de silence.

— Que tu étais vierge.

Je suis une débile qui ne sait pas garder son propre secret. Je suis l'incarnation même de la honte, la création que l'on préfère briser plutôt que d'assumer.

— Comme les autres affirmaient le contraire... Je voulais savoir à qui tu avais dit la vérité.

Ce moment est très gênant car je n'ai aucune idée de si je peux lui faire confiance. En repensant à son attitude ce soir, je me dis qu'il n'a rien fait pour mériter mes doutes.

— Si je t'en parle, je voudrais que ça reste un secret.
— D'accord mais pourquoi ?
— Ben c'est évident... Ce n'est pas une fierté de l'être à 17 ans.
— Ce n'est pas une honte non plus.

Ceux qui ne sont pas concernés par ces particularités trouvent toujours cela plus facile à accepter.

— Tu ne l'es pas?
— Non.
— Alors imagine que tu l'es. Est ce que tu le dirais à tes potes? À Joy, Lucas, Taeyong ?
— Non mais ce n'est pas pareil pour un mec.
— Depuis quand y a-t-il deux poids deux mesures?
— Ce n'est pas parce que nous vivons les choses différemment que la virginité d'une fille aurait plus de valeur que celle d'un mec.

J'avoue qu'il me remballe bien comme il faut et me coupe de toute envie de continuer dans mon féminisme.

— Pardon, je ne voulais pas paraître brutal.
— Ne t'en fais pas. Chacun son avis sur la question.
— Et... Tu comptes te débrouiller comment en ayant dit que tu ne l'étais plus? Tu vas le cacher au mec avec qui tu feras ta première fois?
— Je ne sais pas encore.

J'avoue avoir plusieurs plans. En premier lieu, je pense parcourir le monde pour offrir mon corps à Dylan O'Brien.
Si cela ne fonctionne pas, je vais arpenter les laveries ou bibliothèques pour tomber sur le prince charmant comme dans les films.
En dernier lieu, j'accepte de rester vierge toute ma vie et d'entrer au couvent.

— Ok. Si tu veux en parler, je suis là.
— Tu garderas ce que je te dirai pour toi ?
— Tu peux me faire confiance.

Malheureusement, je ne peux m'empêcher de rester sur mes gardes. La voiture se gare devant mon immeuble, m'indiquant que c'est la fin d'un agréable moment.

— Je peux monter un instant?
— Hein? Tu...
— Joy et Wendy m'ont dit que tes parents étaient plutôt cools.
— Ah. Elles t'ont dit ça...

Je ne me souviens pas avoir parlé une seule seconde de ma famille avec elles. Je ne sais donc pas ce qu'elles ont essayé de faire en l'encourageant dans cette voie. Car tout en haut vit un horrible monstre qui hiberne en face de ma chambre.

— Si tu y tiens...
— C'est la première fois que tu fais monter un garçon ?
— Ça se voit tant que ça?
— Un peu. En tout cas je suis ravi d'être ton premier.

Je comprends tout à fait ce à quoi il fait allusion mais fais semblant de ne pas saisir sa perche. Je suis déjà bien assez stressée à l'idée d'être responsable de sa future mort. Lorsque nous arrivons devant la porte, je réalise que c'est une énorme bêtise mais il est trop tard pour faire marche arrière.

My First Time [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant