17• Pour soi et personne d'autre

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Cette semaine a raison de mon moral. Je n'en peux plus de voir Jisung collé à la bouche de Lisa ou constater l'absence de Seungmin après notre échange si passionné. Je dois me faire une raison. Je ne suis qu'une fille parmi tant d'autres, pas celle pour qui on se bat et traverse des océans.

Ma vie n'est pas un k-drama. Je me suis fait ghoster après avoir donné un baiser puis j'ai été éjectée de la vie d'un autre alors qu'il venait de poser les mains sur moi. Je ne récolte que la légèreté que je sème.
Et m'en rendre compte ne fait que renforcer ma déprime. Ma mère en prend conscience et profite de l'absence des deux hommes de la maison pour discuter en tête à tête.

— Tu m'expliques ce qui ne va pas?

Je n'ai qu'à la fixer avec des yeux meurtris pour faire émerger mon mal-être. Sa présence enclenche l'interrupteur lacrymal.

— Maman... Personne ne m'aime...

Je fonds en larmes devant un tel aveu et sens ses bras me consoler et me rassurer. Ma mère est plus qu'un pilier dans ma vie, elle est une part de moi.
Tandis qu'elle me caresse les cheveux, je lui livre ce qui pèse sur mon coeur et lui parle de la soirée à venir.

— Tu penses qu'il pourra se passer quelque chose avec ton ami Seungmin ?
— Avec la chance que j'ai, il va croiser Miss Monde et se marier avec elle tandis que je serai coincée dans un fossé.
— N'importe quoi... Ça serait bien que tu prennes un peu confiance en toi... Arrête de te dévaloriser. Tu es magnifique. C'est juste que tu refuses de l'entendre.
— Non, maman. Il n'y a que toi qui le pense mais c'est gentil. Si un jour tu acceptes de quitter papa pour une relation amicale, je suis libre.

Je reçois un coussin en pleine tête en guise de réponse.

— Tu n'as pas d'attache, rien à perdre donc j'ai envie de te dire, fonce.
— Tu m'incites à coucher avec lui?
— Non. Je te dis de faire ce que tu voudras au moment où tu le sentiras.
— Il sait que je suis vierge. Je risque de le décevoir.
— Tu te fiches de moi? Vous n'avez que 17-18 ans. C'est normal que vous ne soyez pas des pro du sexe. Même moi à mon âge, j'arrive encore à me gameller dans certaines positions.
— Mais peut-être que ses ex si.
— Arrête de te comparer aux autres. Si un mec le fait, c'est qu'il ne te mérite pas alors vire-le. Si tu ne sais pas t'y prendre, alors il te guidera. Si tu es maladroite, alors il t'aidera. La clé de tout ça, c'est la communication. Rien n'est inné.
— Et s'il n'aime pas les poils? J'avoue que je n'ai pas fait un effort de ce côté là depuis un moment.
— Je peux t'emmener chez l'esthéticienne mais seulement si c'est ce que tu souhaites. Tu ne dois pas le faire pour un autre. Ton corps t'appartient. Le jugement des autres, on s'en fiche.

Je hoche la tête comprenant ce qu'elle veut dire. Ceci est mon choix. Je veux passer sur la grande table.

— On pourra faire le maillot aussi?
— Alors tu auras tout mon respect Yeri car tu vas souffrir horriblement.
— Maman! T'es censée me rassurer, pas me faire peur.
— Je l'ai fait au début de notre relation avec ton père puis j'en ai eu marre. Je lui ai dit que s'il n'acceptait pas mes poils, il n'avait qu'à aller se faire voir. Je peux te promettre qu'il s'est porté volontaire pour me faire des tresses.

Le fou rire qui s'empare de nous vaut tout l'or du monde. Ma mère est le maillon nécessaire entre ma folie et mon bonheur.
Et le lendemain, lorsqu'elle m'accompagne à ma séance de torture, elle se transforme en supportrice dynamique. Une fois sur la table, je comprends que je ne peux plus reculer. L'esthéticienne énumère les zones qui seront passées au crible par ses bandes de cire et je commence à perdre l'envie de le faire.

— Jambes entières, aisselles, sourcils, lèvres et maillot. Et bien, c'est du lourd.

Ai-je vraiment envie de le faire? Je ne crois... Mes pensées cessent au moment où mon hurlement rugit. Je fixe de rage la coupable avec l'envie de l'étriper. Elle étale à nouveau la crème sur mes mollets et me torture avec ses morceaux de papier. Je m'arrache les cheveux et me tortille telle une possédée. Commence alors une heure trente de souffrance où le clou du spectacle se passe vers mon entre-jambe. Pour ne pas affoler les autres clientes dans les cabines, elle me tend un oreiller à mordre afin d'étouffer mes cris. Il faut savoir que le rasoir est l'ennemi numéro un de la cire.

Je refuse incontestablement de lui montrer mon inter-fessier et décide que s'en est fini de tout ça. Je suis actuellement rouge du visage, les bras tendus comme un playmobil avec la démarche d'un cowboy.

— Plus jamais je ne fais confiance à mes envies.
— Ce n'était pas si terrible.
— Maman... Tu te fiches de moi? J'ai l'impression d'avoir vécu la guerre lorsqu'elle a touché mon minou. Ok pour le reste mais hors de question de refaire le maillot. Mon futur petit ami m'aimera comme je suis.
— Team poilue.
— Team poilue, dis-je en tapant dans sa main.

Notre connivence me donne du courage pour l'accompagner dans une virée shopping afin de me trouver une tenue pour la soirée. Mais nous finissons par rentrer les bras chargés. Elle me fait couler un bain afin de détendre mes rougeurs sur la peau. Cette femme est celle dont tout le monde mériterait d'avoir à ses côtés.

My First Time [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant