49• Bonus

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Ça y est, le dernier carton est posé dans la voiture de Binnie. J'ai enfin fini d'emballer tous ses vêtements pendant qu'il enchaînait les allers-retours du domicile à sa chambre universitaire.

Après une rude négociation larmoyante avec ma mère, il a été convenu qu'il s'y pose deux semaines avant la rentrée pour pouvoir prendre ses marques et rejoindre sa précieuse équipe de pom-pom girls.

J'étais volontaire pour l'aider à tout agencer là bas mais il a choisi de me garder loin du monde de la faculté. Comme s'il romptait un premier lien entre nous. 

— Bon, ben je pense que je vais me débrouiller maintenant, souffle Binnie, en fermant son coffre.
— Tu... Tu ne veux pas rester un peu plus finalement? Je vais faire tes nouilles pour dîner.

Ma mère ne cache même plus ses sanglots, au bord du gouffre à l'idée de voir son tout petit s'en aller.

— Allez, viens dans mes bras, ma mère préférée.
— Je suis la seule, ça ne compte pas.

Je souris devant cette situation que nous avons joué tant de fois ensemble. Mais cette fois-ci, c'est différent. Plus rien ne sera pareil. J'ai l'impression de perdre une partie de mon âme.
Changbin fait une accolade très virile à mon père puis me fixe, d'un air grave.

— Bon... Je ne vais pas te dire de faire attention aux trous ducs en chaleur.
— Binnie, ton langage, râle ma mère.

Je hoche la tête en me mordant les lèvres. Il est hors de question que je pleure devant cet imbécile. J'ai ma fierté de petite soeur casse-pieds à sauver.

— Je reviendrai avec Félix de toute façon. Et compte sur moi pour bien vous faire chier et vous empêcher de copuler à côté de ma chambre.
— Quelle immaturité... Tu es le désespoir de l'humanité.
— Allez, file avant que je ne te confisque tes clés car tu embêtes ta petite soeur, le provoque mon père.

La portière de sa voiture se ferme et nous le regardons s'en aller, comme trois prostrés plantés sur le trottoir.

— Je sors la glace? Demande ma mère, entre deux reniflements.
— A la vanille, mon coeur, répond mon père. Je t'en ai acheté tout un stock.

Mes pas semblent dénués de vie tandis que je rentre dans ma chambre. Tout est trop calme. La pièce d'en face est vide.
J'ai grandi avec Binnie et ses amis. Ils étaient constamment dans mes pattes, à me titiller, me provoquer mais surtout à animer ma vie. Je réalise maintenant la place qu'ils prenaient dans mon existence. Et aujourd'hui il n'y a plus rien.

J'entre dans son antre, pleurant en silence puis m'effondre à genoux comme une pauvre loque. Je n'ai jamais été aussi seule de toute ma vie.

Mon désespoir me fait m'allonger sur le plancher pour respirer l'odeur des pieds de cet énergumène quand j'observe alors un petit fil noir caché sous son sommier. Son chargeur de téléphone ! Il l'a oublié!

Je me précipite dans le salon et exhibe ce trophée à mes parents.

— Binnie a oublié ça. Je vais prendre le bus et le retrouver à l'université.
— Tu ne veux pas que j'appelle pour le prévenir, plutôt? Propose ma mère.
— Non. Laisse, je m'en occupe.

Il serait capable de faire demi-tour pour le récupérer. J'ai l'excuse parfaite pour mettre les pieds là-bas et revoir toute sa bande.

Je prends une douche express et enfile une combinaison près du corps. Il faut que je montre à ces têtes dures à quel point je vais leur manquer. 
Vingt-cinq minutes plus tard, je déambule dans cette immense université. Personne ne s'aperçoit de ma différence d'âge, ma tenue aidant beaucoup à me fondre dans la masse. Je commence à paniquer, connaissant ma propension à me perdre facilement et reconnais un groupe de garçons non loin de l'entrée.

My First Time [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant