My First Time [ Tome 1 ]

14• Les mains dans le cambouis

Nos parents nous regardent quitter l'appartement avec suspicion. Leur méfiance s'attarde surtout sur moi.  Connaissant ma propension à attirer les ennuis, je les comprends tout à fait. Que va-t-il se passer dans cet appartement vide de tout adulte?

— Pas de bêtises Yeri.
— Bien sûr papa. Tu me connais.
— Justement...

Je souris devant cette humiliation publique et suis le groupe de garçons. Je remarque tout de même que Changbin ne récolte aucune remarque, alors qu'il est loin d'être un modèle de vertu.
Notre destination se trouve juste à côté de notre porte. La décoration est très épurée contrairement aux goûts étouffants de ma mère. Ce petit rien change littéralement l'ambiance de l'espace alors que nous avons la même disposition des pièces.

— Tes parents travaillent ce soir? Demandé-je à Jisung pour comprendre pourquoi il est seul.
— Ma mère, oui, me répond Jisung. Mon père s'est barré y a un moment.

A la façon dont il termine sa phrase, je comprends que j'ai fait une boulette.
Changbin se permet de me juger comme si je l'avais fait exprès mais rien ne pouvait me laisser le deviner. Ce n'est pas parce que tout est bien rangé qu'il n'y a pas d'homme. A la maison, c'est ma mère et moi qui sommes bordéliques. Elle a beau joué les tyrans pour que l'on range notre linge, elle est bien contente quand Binnie prend le relai pour le repassage et pliage. Moi, j'avoue ne pas aimer ça. Je suis plus douée pour laisser l'empreinte du fer à repasser sur le vêtement que pour le rendre impeccable. Mes astuces pour contourner ce handicap sont nombreuses, car il ne faut pas se voiler la face, Binnie repasse tout sauf mes affaires. Je suspends donc directement mes hauts lors du séchage sur l'étendoir ou bien je fais attention à la matière lors du shopping. Toujours prendre conscience de ses faiblesses pour pouvoir les pallier.

— Posez-vous. Je vais chercher la Tequila, nous propose Jisung.

Je dois être l'une des premières à obéir car j'en suis ravie. Je n'en ai jamais goûté à cet alcool. Je parviens à obtenir un petit bout du canapé en sachant que certains devront terminer sur le tapis.

— Bouge, p'tit monstre, m'ordonne Hyunjin.
— Oh que non. Je suis la reine! Tu te souviens?
— Des emmerdeuses, oui.

Il mime une morsure mais se retient de rire tandis qu'il se pose à côté de moi. Hyunjin n'est clairement pas seul dans sa tête. Je ne compte plus les fois où les traits de son visage sont en contradiction avec ses actions ou ses paroles.

— Est ce que je t'ai manqué ce soir? Me demande-t-il tandis que mon frère analyse chaque bouteille avec notre hôte.
— Tu me demandes réellement si j'ai pensé à toi pendant que je jouais au bowling et rigolais avec Seungmin ? Oh que non. J'étais heureuse.

Ma remarque lui tire une grimace de dégoût, tout comme à Felix et Minho à nos côtés.

— Dis tout de suite qu'on te rend malheureuse.
— Quand vous me critiquez sur mon physique à longueur de temps, oui. Seungmin est le seul qui me fait sentir belle, sentir femme.
— Ah. Ouai. C'est le mec parfait, en gros. Et nous, on est des bâtards.
— C'est cela. Enfin le bâtard, c'est surtout toi. On peut même rajouter pervers dans la qualification.

Deuxième uppercut. Je me réjouis de la digestion difficile de celui qui ne m'a jamais ménagé.

— Si je ne suis qu'un connard, tu ne m'en voudras pas de t'apprendre que ton Seungmin parfait avait encore une meuf il y a quelques jours?

L'ascenseur émotionnel est brutal. Hyunjin gagne le combat par KO.
J'essaie de camoufler ma gêne car je l'ignorais totalement. Il est vrai que j'ai laissé un garçon m'embrasser sans réellement avoir discuté avec lui de son passé.