Aimer comme il est interdit

Chapitre I

Aimer sans amour.

C'était ce que Clarke Griffin ne cessait d'entendre depuis son plus jeune âge. Déjà petite, sa mère ne faisait que répéter que les contes de fées étaient rempli d'enfantillages et de mensonges. Elle répétait sans cesse que le véritable amour n'existait pas.

Trouver un mari assez riche, l'épouser, l'aimer et lui faire des enfants, c'était ce qu'elle leur avait appris.

Mais surtout, ne pas chercher l'amour véritable parce que l'amour n'existe pas. L'amour se trouve dans les livres pour jeune demoiselles, l'amour est une légende, un mythe créé pour nous faire rêver.

Non ce qu'elle voulait pour ses filles c'était un bon parti, un riche homme capable de subvenir à leurs besoins.

Alors évidemment, la nouvelle entendue dans la ville, Abigail Griffin s'était empressée de parler à son mari sans en informer préalablement ses filles.

- Savez vous mon cher mari, dit Mrs Griffin, que Mr Blake s'installe en ville !

Mr Griffin, assis dans son fauteuil à lire le journal, réponda qu'il l'ignorait.

- Eh bien c'est chose faite ! Je le tiens de Mrs Reyes.

Mr Griffin, bien trop absorbé par les nouvelles écrites, garda le silence. En fait il n'etait pas réellement intéressé par cette nouvelle qui le laissait fort indifférent. Il n'avait pas eu ouïe de cette nouvelle et cela ne l'importunait pas.

- Voyons vous ne me questionnez pas à son sujet ? S'exclama Mrs Griffin

- A quoi bon je sais que vous brulez d'impatience de me le dire. Répondît-il.

Et Mr Griffin avait raison. Mrs Griffin trépignait d'impatience de pouvoir lui dire. Elle sautillait sur place telle une antilope qui échappe un lion.

- Figurez vous que ce belle homme est célibataire avec 10 000 livres de rente ! N'est ce pas une chance pour nos filles ?

- Nos filles ? Et en quoi cela les touche-t-il ?

- Vous êtes bien agaçant mon cher mari. Il pourrait être un bon parti pour l'une d'entre elles ne pensez vous donc pas ?

- Est ce dans cette intention qu'il s'installe en ville ?

- Dans cette intention ! Quelle plaisanterie ! Comment pourriez vous parler ainsi ? Tout de même... il n'y aurait rien d'invraisemblable a ce qu'il s'éprenne de l'une d'elles. C'est pourquoi vous ferez mieux de lui rendre visite.

- Je n'en vois aucunement l'utilité. Vous pouvez y aller vous même avec vos filles.

- Enfin mon cher, il faut absolument que vous aillez voir ce Mr Blake !

- Je m'y engage nullement.

- Pensez donc un peu aux enfants, a ce que cela représenterait pour l'une d'entre elles. Enfin ne faites pas votre égoïste ! Et n'est-il pas important de souhaiter la bienvenue à son nouveau voisinage ?

Mr Griffin regardait sa femme avec exaspération. Elle était têtue, bien plus qu'il ne l'avait imaginé avant de se marier.

- Très bien Mrs Griffin calmez vous. J'irai leur rendre visite. Finit-il par répondre pour enfin être tranquille.

Mr Griffin, médecin de la petite ville, était un si curieux mélange de vivacité, d'humeur sarcastique, de fantaisie et de réserve qu'une expérience de vingts-trois ans ne suffit pas à sa femme pour lui faire comprendre son caractère. Il était proche de sa fille aînée, sa fierté et sa protégée. Mais ses autres enfants lui inspirait bien de l'indifférence.