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Le réveil sonna et cette fois encore, j'étais déjà prête depuis une bonne heure. Je terminais mon café et mettait ma tasse dans mon lave-vaisselle. Je mis un manteau orange en laine et allais en direction de ma voiture. J'essayais de partir le plus tôt possible afin d'éviter les heures de pointe sur la route. Je n'avais pas de temps à perdre dans les embouteillages. Chaque seconde égarée était une seconde de moins pour sauver le magazine de ce désordre.

De plus, aujourd'hui je devais me battre pour convaincre Jules qu'il fallait livrer le directeur américain à la police. Ce nom portait préjudice à la revue de mode et cela ne pouvait plus durer.

Il fallait dire que ce n'était pas le premier problème de la sorte. Et ce ne sera malheureusement pas le dernier. Dans le milieu de la mode, ce genre de pratique était monnaie courante s'il l'on souhaitait réussir.

On me l'a également proposé, comme toute personnalité féminine. Mais j'ai refusé avec une claque en bonus pour le demandeur. La vérité était, que nous les femmes, étions réduites à des objets sexuels. Et ce, depuis le début de l'activité féminine dans le monde du travail.

Je me changeais les esprits et entrais dans l'entrée de l'édifice. Je saluais Éveline et pris l'ascenseur.

Arrivée à mon étage, le bruit assaillit mes pauvres oreilles. Des téléphones sonnaient et des personnes couraient dans tous les sens. L'étage était semblable à une ruche en pleine activité.

Je fonçais en direction de mon bureau pour ne pas me laisser embarquer par cette mare humaine.

Une fois la porte refermée, je m'autorisais une respiration. Dieu merci mon bureau était insonorisé et me permettait d'oublier tout le grabuge extérieur.

Mon téléphone sonna et je m'assis afin de prendre l'appel. C'était un investisseur brésilien, souhaitant couper les ponts avec Fashion. J'essayais de lui expliquer que l'on ne devait pas associer le directeur américain et le magazine français. Mais, autant lui parler de babouins en slovaque, il aurait mieux compris.

Il termina la conversation en ajoutant qu'il ne souhaitait plus jamais être associé à la marque. Il me raccrocha au nez, me laissant seule avec le bip de fin d'appel.

La journée commençait bien...

J'ouvris ma boîte mail et priais pour avoir une réponse des Vingt. Le seigneur-ou je ne sais quelle autre divinité- dû entendre ma prière car j'avais une réponse. La moitié des Vingt comprirent parfaitement la situation et nous promettaient une protection. Je leur répondais rapidement et fermais ma boîte mail pour m'occuper de dossiers.

Quand midi approcha, je mis mon manteau et allais en direction de l'extérieur. Monsieur Engañoso m'avait donné rendez-vous dans un café assez éloigné du siège de Fashion. Je laissais mon véhicule au parking et me dirigeais au pas de course vers le lieu-dit.

Le vent fouettait mes cheveux et les emmenait valser en arrière. Je sentais ma peau recouverte de fond de teint résister comme elle pouvait face à cette agression. Mes mains dans mes poches et mon sac sur mon épaule gauche ne bougeaient pas. Autour de moi, les parisiens parlaient forts, écoutaient de la musique ou fonçaient, comme je le faisais. La température était une bonne motivation pour marcher vite. Elle était le meilleur remède pour ne pas flâner.

Arrivée devant l'adresse indiquée, j'entrais, frigorifiée. Je cherchais des yeux mon patron et je l'aperçus, seul, assit face à une table. J'allais à sa rencontre et un sourire illumina son air maussade.

Je m'assis face à lui en le saluant et m'autorisais de l'observer un peu. Il portait un costume vert sapin à la coupe incroyable, ses cheveux étaient bien coiffés et sa peau était lumineuse.

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