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  Il portait un pantalon chino à carreaux et un pull en laine noire. Ses cheveux n'étaient pas coiffés et de grands cercles violets entouraient ses yeux. Il semblait plus pâle que la dernière fois et un peu plus maigre. Ses joues s'étaient creusées.

Il me détailla du regard et j'eus honte de mon apparence. Je portais un jogging gris et un ancien pull à lui. Mes cheveux étaient regroupés en un chignon sale, mon vernis était écaillé et mes yeux étaient semblables à des nez de clowns.

Encore sous le choc de le voir, je me décalais pour qu'il rentre. Il passa et je ressentis un forme de chaleur venant de lui.

Il s'avança jusqu'au canapé et s'assit sur ce qui était devenu mon lit depuis cette dernière semaine. Son regard fit un ultime aller-retour entre mon pull et mon visage.

Nous ne dîmes rien pendant un long moment. Nous étions juste, à notre façon, contents de revoir l'autre.

« -Ta copine Donna est venue me voir hier, me disant que tu n'étais vraiment pas bien... »

Il se tut pendant quelques secondes.

« -Je suis venue voir comment tu allais... »

Je levais les sourcils en entendant cela et me promis d'en toucher deux mots à mon amie.

Je réfléchissais à ce que j'allais dire. Je ne pouvais pas dire que ça allait car c'était faux. J'étais mal. Vraiment mal. Je fixais dans le vide pendant des heures, je ne parlais avec personne, je faisais des crises de larmes sans raison et je me réveillais en sueur après des cauchemars la nuit. Donc non, je n'allais pas bien.

« -J'ai connu mieux..., dis-je d'une petite voie, ...bien mieux... »

Il hocha la tête et ne répondit rien.

Nous restâmes tous les deux sans rien dire. Pourtant, l'envie ne manquait pas. J'avais envie de lui dire au combien j'étais désolée de ce que j'avais fais. Je voulais m'excuser encore une fois et lui répéter que je l'aimais plus que tout.

Mais rien ne sortait. Les paroles que j'avais préparé me paraissaient vaines comparés aux actes.

« -Je, hum... pense que nous devrions discuter. À propos de tu-sais-quoi... »

Je décelais de la tristesse et de l'amertume dans son regard.

« -Tobias, il faut que tu saches que je regrette énormément mon acte. Je... Je venais de me faire agresser par un homme ivre dans la rue et personne n'est venu m'aider à part lui. Mais cette nuit n'a rien changé à mes sentiments envers toi. Je t'aime et je ne pourrais plus vivre avec quelqu'un d'autres que toi... »

Il m'observa d'une façon indescriptible. Je baissais la tête, honteuse d'avoir offensé l'homme que j'aime.

« -Solange... Je t'ai déjà excusé une fois... Et tu me l'as fortement fait regretté. Je ne sais pas si je pourrais survivre une deuxième fois.

-Il n'y aura pas de deuxième fois, je te le promets. Accorde-moi une dernière chance, je t'en prie... »

J'étais désespérée. Si le ciel m'accordait une chance comme celle-ci je ne la trahirais jamais. Je m'en fais le serment.

Il baissa la tête pendant quelques secondes et me prit les mains. Un feu se ralluma en moi quand je vis une étincelle d'espoir dans son regard.

Il se pencha doucement vers moi et posa son front contre le mien. Il prit une profonde inspiration et se mordit la lèvre inférieure.

« -Ok... », chuchota-t-il

Je relevais la tête et sentis un carnaval débuter en moi. Je le pris dans mes bras et respirais librement. Il me serra contre lui avec force et je ne pus que savourer cette étreinte.

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