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Une fois arrivée devant l'enseigne en question, je garais mon véhicule et descendais. La devanture était miteuse avec le nom écrit en gros sur une affiche sale datant des années quatre-vingt/quatre-vingt-dix.

J'entrais, pas trop rassurée et l'endroit me fit frissonner rien qu'en jetant un œil dessus. Les fenêtres étaient fermées, des tables se trouvaient en fond de salle avec assis dessus, des soûlards d'une cinquantaine d'année à la barbe mal rasée.

Je m'avançais vers le bar, sous le regard attentif de chaque client. Je me présentais au barman et expliquais que mon « ami » se trouvait ici.

Cette personne, qui devait être le gérant, était petit et costaud avec des vêtements crasseux. Je pouvais même apercevoir des trous dans son pull.

Sans dire un mot, il me regarda et partit en direction des toilettes pour hommes. J'étais debout, sans savoir où me placer avec une angoisse grandissante à chaque regard qui se posait sur mes jambes et mes fesses.

Un client d'une soixantaine d'année s'avança vers moi et me proposa un verre. Je lui accordais un regard dédaigneux et allais refuser quand le barman ressortit avec Tobias sous bras.

«- Laisse-la tranquille Jack ! »

Il assit Tobias sur un tabouret et retourna derrière le bar. Il me fit un sourire compréhensif et je fus apercevoir ses dents noires.

Je le remerciais et je quittais le bar, avec Tobias comme poids mort. Je peinais à l'installer dans la voiture et lui bouclais sa ceinture. Je fis le tour de ma voiture et mis le contact pour aller à la maison.

Il était avachi sur le siège quand il se releva d'un coup avec la main devant sa bouche. Je mis un quart de seconde pour comprendre et ouvrit la boîte à gant pour lui tendre un sac en papier. Malheureusement, il était déjà trop tard et son vomi ornait son tee-shirt et le siège de ma voiture. Je continuais de rouler malgré tout et ouvrais les fenêtres pour que l'odeur n'imprègne pas l'habitacle.

Il releva la tête du sac et mit sa main pleine de vomi dans ses cheveux. Le tableau était horrible à voir et je n'avais qu'une hâte, arriver chez moi.

Une fois arrivée, je fermais ma voiture et tirais Tobias en faisait attention à ce qu'il tienne toujours son sac.

Dans l'appartement, je déshabillais Tobias et le couchais dans son lit. Je mis ses affaires directement à la machine à laver et lui apportait une cuvette. Il prononça des paroles inaudibles et pencha la tête au-dessus de la cuvette.

Quand il eut fini, il me mit la cuvette dans les mains et s'allongea dans son lit. Je la posais sur le sol et dit à Tobias que je devais retourner travailler.

« -Non... Ne pars pas... », dit-il d'une petite voix

« -J'ai des choses à faire. Ce n'est pas mon problème si tu es dans cet état.

-S'il te plaît...

-Non Tobias. Je dois partir car j'ai un travail et je n'ai pas le temps de m'occuper d'un ado qui ne va pas en cours et qui est soûl à dix-sept heures !

-On a que deux ans de différence je te rappelle... », dit-il d'une voix pâteuse.

« -Pas au niveau du comportement ! Tu es puérile et tu ruines ma réputation. Je t'accueille, je te nourris et je t'inscris à la fac, pour que j'apprenne par le directeur que tu n'es pas venu en cours depuis trois jours ! Qu'est-ce que tu as dans la tête ?! »

Je hurlais de toute mes forces, je ne pouvais plus me retenir. Je ne pouvais plus rien intérioriser. Je me défoulais sur lui sans aucun filtre.

Il ne répondait rien, me laissant seule avec ma colère. Je m'appuyais sur le mur pour reprendre ma respiration. Les larmes me montèrent aux yeux mais je les ravalais. Je ne pouvais pas craquer maintenant.

« -Je suis désolé..., répondit-il, c'est juste que je me sens étranger à cette nouvelle vie... Et puis tu n'es jamais là... Toujours au travail ou à prendre des appels... »

Je le regardais dans les yeux, il ne s'était jamais ouvert à moi de cette façon. C'est sûrement grâce à l'alcool que j'entendais cela.

Néanmoins, son simple pardon me calma et je vins m'asseoir à ses côtés sur le lit. Une gêne s'installa et je lui remontais la couverture jusqu'à son menton. Après tout il avait raison. Je n'avais pas été présente pour lui or tout cela devait être nouveau.

J'inspirais un bon coup avant de le promettre de rester ici. Après tout, je pouvais bien faire du télétravail, ma présence au bureau n'était pas obligatoire.

Je sortais de sa chambre pour le laisser dormir un peu et me posais dans le salon devant mon ordinateur et ma boîte mail remplie. J'appelais, au passage, une société de nettoyage pour qu'elle vienne laver ma voiture.

Après plusieurs heures sur mon écran, je levai les yeux, victorieuse. J'avais réussi à avoir le soutien des Vingt et certaines marques s'étaient alliées à nous pour nous défendre. Jules avait publié un communiqué suivant mon idée de dénoncer le comportement du directeur américain et la courbe était légèrement remontée.

Je me levais donc difficilement et allais préparer un jus de fruit pour Tobias.

Je toquais à sa porte, le jus à la main, et entrais doucement pour ne pas le brusquer. Il me vit et me sourit avant d'accepter la boisson.

Le reste de la soirée fut un peu plus calme, Tobias dormit jusqu'au lendemain et je gérais la mise en place du magazine de septembre.

Le jour suivant arriva et mon planning était déjà chargé malgré l'heure matinale. Margot m'apporta mon café et mes différents dossiers et je la remerciais.

Le numéro de septembre devait mettre en avant l'ouverture au monde asiatique mais les créateurs comme MIU MIU ne m'avaient toujours pas envoyé leurs maquettes. Je leur envoyais un mail et changeais de mois pour me concentrer sur celui d'août.

Quand midi sonna, Jules entrait dans mon bureau son manteau à la main. Je le fixais quelques secondes avant de me rappeler de son invitation.

Me trouvant devant lui, je ne pouvais plus refuser et donc, me levais et le suivais. J'essayais de ne pas faire attention aux regards qui se baladaient de Jules à moi. Déjà qu'habituellement, tout le monde me regardais quand j'étais présente...

Nous sortîmes ensemble sous l'œil attentif de Éveline et nous rendions au restaurant de la dernière fois. Quand nous nous asseyons autour de la table après avoir commandé, un petit malaise s'installa.

Jules commença à parler et j'enchaînais, naturellement. Cette heure passa bien plus vite que je ne m'y attendais. Contrairement à ce que je pensais, Jules était une personne agréable et ouverte aux dialogues.

Nous n'avions presque pas parler de travail mais plus de nos vies respectives. Quelles étaient nos habitudes, notre dessert favori, comment avions-nous vécus le choc à propos de Fashion... Il me ramena au bureau et nous retournions à notre travail comme si de rien n'était, mais avec le cœur soulagé.

La journée toucha à sa fin vers vingt et une heures et je quittais mon bureau, fatiguée.

Le temps d'arriver à la maison me prit une demi-heure et je retrouvais Tobias qui sortait de sa chambre. Il me salua avant de se diriger en direction de la cuisine pour manger un bout. Je le priais de m'attendre et allais en direction de la salle de bain pour me démaquiller et me doucher.

Une fois sortie, j'enfilais un pyjama et mangeais rapidement avec Tobias. Nos échanges étaient redevenus distants mais ils n'en restaient pas moins cordiaux.

J'appris qu'il était retourné à la fac et qu'il avait pas mal de retard. Je lui conseillais de travailler et il se leva, irrité avant d'aller se réfugier dans sa chambre. Je ne comprendrais probablement jamais ce garçon.

***

Hello à tous ! Voici le cinquième chapitre, qu'en pensez-vous ? Comment auriez-vous réagit face au comportement de Tobias ?

Wouaw, le livre a atteint les cent vues ! Merci beaucoup ! Du coup, je pense poster également le dimanche dans la journée 😁

On se retrouve dans quelques jours pour la suite ;)

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