À l'aube de toi

Chapitre 4 : Passer à autre chose...

  Je suis ce genre de personne qui réfléchit trop. Un garçon pose deux fois son regard sur moi et je suis déjà en train de me demander comment lui dire que je ne peux pas aller plus loin avec lui. A 17 ans je n'ai jamais été au-delà d'un échange de regard ; je n'ai jamais été en couple, je n'ai jamais embrassé personne, outre que pour rigoler lorsque j'étais très jeune. Enfin bref, ça craint. Mais je suis aussi une grande romantique dans l'âme et je rêve sans arrêt de rencontrer quelqu'un qui serait là pour moi, à qui je pourrais réellement me confier, qui me décrirait à quel point sa vie a changé depuis qu'il m'a rencontrée et m'enlacerait tout en me répétant à quel point il m'aime... À côté de ça, dès que j'ai quelqu'un en tête il m'est très dur de l'oublier.

* * *

J'abaisse la poignée du portail, il fait déjà presque nuit et le vent glacial est insupportable, je suis donc très heureuse d'arriver enfin chez moi. J'habite une petite maison dans un quartier passant, à 15 minutes du centre ville. Mes parents travaillant tous deux à mis temps à la maison, il y a toujours quelqu'un lorsque je rentre. De plus, ma sœur étudiant à l'université et mon frère au collège, il nous arrive souvent de rentrer en même temps et de prendre notre goûter ensemble tout en se racontant notre journée.

Mais aujourd'hui ils avaient fini avant moi, alors après avoir caressé le chien qui me sautait dessus pour me saluer, j'engloutis deux gâteaux en vitesse et partis dans ma chambre. Cette pièce est assez petite, mais au moins j'ai une chambre pour moi toute seule donc je n'ai pas vraiment de raisons de me plaindre. Alternée de murs bleu paon et gris, des meubles blancs assortis occupent l'espace, avec sur mon bureau, un aquarium dans lequel se prélasse mon poisson Bubulle, sujet de nombreuses semaines de négociations avec mes parents. Des affaires traînent un peu partout sur les meubles, du à mon petit côté flemmard. Disons que j'attends généralement que ce soit le chaos avant de me mettre au rangement. Une grande fenêtre donnant sur la rue occupe le mur principal, ornée de photos souvenirs de vacances et de mes amis.

Je laisse tomber mon sac sur le sol et ouvre mon armoire, ladite armoire dans laquelle sont accrochés mon emploi du temps et ma photo de classe de l'année dernière. Je décroche cette dernière et m'assied sur le sol. Je tiens la photo entre mes doigts, en prenant soin de ne pas laisser d'empreintes dessus et me mets à contempler les visages uns à uns. Puis je pars dans mes pensées et commence à me me remémorer certains événements de l'année dernière. Je réalise soudainement à quel point j'aurais dû profiter de cette époque où l'on pouvait encore venir en cours sans avoir à porter de masques, lorsque l'on évoquait le Coronavirus comme une maladie touchant uniquement l'Asie qui viendrait à disparaître rapidement, comme on était naïfs... Quelle belle époque, pensé-je en m'attardant sur le visage de Liam. J'ai déjà fait plus des deux tiers du lycée et il ne m'est toujours rien arrivé d'exceptionnel. Ma vie sentimentale est un chaos et côté ami je ne sais pas trop où j'en suis non plus. Si seulement il pouvait m'arriver quelque chose de vraiment cool pour une fois...

Et sans vraiment réfléchir, je me lève et remets la photo à sa place, avant de refermer la porte de mon placard. C'est trop tôt, Pensé-je. Je ne peux pas faire ça. Puis j'attrape mon téléphone d'un geste brusque et ouvre l'application Instagram. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans ma tête à cet exact moment, mais je tape Samuel dans la barre de recherche. Après avoir étudié les photos de profil une à une, je reconnais le Samuel que je cherche. On a plusieurs amis en commun c'est pourquoi il est apparu vers le haut de la liste des Samuel. Sam_grd, c'est son pseudo. D'un geste brusque, j'appuie sur le bouton S'abonner et le message Demande envoyée s'affiche à la place.

Puis j'attrape mes écouteurs, ouvre l'application YouTube et lance la playlist You're always in my mind / a slowed down playlist, me jette sur mon lit et me mets à contempler le plafond.

Une vague de regrets s'empare déjà de moi, qu'est-ce qu'il m'est passé par la tête. On ajoute pas quelqu'un comme ça alors qu'on le connaît à peine, ça va le faire fuir, il va me refuser c'est sûr ! Olala, je prends mon visage entre mes mains, qu'est-ce que je suis en train de faire. Pourquoi est-ce que je fais n'importe quoi comme ça, ça ne me ressemble pas... La vérité c'est que je suis tellement désespérée à l'idée qu'il m'arrive quelque chose de cool cette année, que j'en viens à faire n'importe quoi. Malgré ce flot de pensées qui se balade dans ma tête, je finis par m'endormir. C'est mon père m'appelant pour passer à table, qui me réveillera alors aux alentours de huit heures du soir. Et lorsque j'allume mon téléphone, je lis la notification Instagram que j'avais reçue il y a quelques minutes : sam_grd a accepté votre demande d'abonnement. sam_grd s'est abonné en retour.

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J'ai décidé de ne pas trop m'attarder sur la famille de Vera, je pense qu'il est plus intéressant de me concentrer sur ce qu'il se passe au lycée afin de ne pas créer de chapitres trop ennuyants ;)