Chapitre 10 : L'immensité du vide qui nous entoure

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 Pendant tout le cours d'anglais, Jane ne parle que de ce que l'on va faire après. Elle trépigne d'impatience à l'idée de revoir les garçons. Ce cours d'anglais ne réunit pas les deux classes, c'est pourquoi nous ne sommes pas avec eux en ce moment. « Il faut avancer sur le programme » avait dit Mme Clark. Fin de la classe d'anglais, on se rend tous à notre dernier cours avant le déjeuner. Celui-ci est interminable. La prof a décidé de nous lâcher bien en retard, pour se venger de notre attitude désagréable durant cette heure. Dès qu'elle nous donne l'autorisation de sortir, j'empoigne mon sac à dos et m'empresse de monter les escaliers en direction des salles de physique chimie, l'endroit où on s'était donné rendez-vous.

Une fois arrivée en haut, je me rends compte qu'il est vraiment tard puisque le couloir est désert et il n'y a aucun bruit. Je marche alors sur le carrelage pavé, en cherchant mes amis du regard, en vain. Et tandis que je m'apprête à redescendre, j'entends une voix derrière moi. Une porte est entre-ouverte et en regardant rapidement à travers l'ouverture, je reconnais Sam. Il est en pleine conversation avec un professeur que je ne connais pas. Je décide alors de l'attendre ici et me mets à écouter leur conversation malgré moi.

« Mais oui du coup, ne t'inquiètes vraiment pas, tu a largement les compétences nécessaires pour intégrer cette école.

Le professeur doit être en train de ranger ses affaires puisque je peux entendre du mouvement à l'intérieur.

- Ok merci beaucoup Monsieur.

- Ah et Sam...

Celui-ci s'arrête juste devant la porte.

- Oui ?

- Ne t'en fais pas, il est très bien ton projet avenir. Fais ce qui te rendra heureux et même si ça te paraît compliqué, ne perds pas espoir, accroches toi.

Je l'entends mettre son sac sur son dos avant de continuer.

- T'es un bon gars Sam, tu mérites d'être épanoui.

- Merci monsieur, ça me touche. Bonne journée !

- Bonne journée. »

La porte s'ouvre et Sam en sort. Il fait un sursaut en m'apercevant, puis porte sa main à son cœur et se mit à rire.

« Tu m'as fait peur !

Je lui souris en retour et m'approche de lui. Il me regarde avancer, toujours la main sur son cœur.

- Désolé c'était pas mon but. Je ne sais pas où sont les autres mais comme j'ai vu que tu étais là, j'ai préféré t'attendre... »

J'ai terminé ma phrase presque de façon inaudible. Sam, toujours dans la même position et me fixe de ses yeux perçants. Son regard m'a fait perdre le fil de ma pensée. Ses yeux plongés dans les miens, je n'ose plus bouger, mon souffle s'est presque coupé. Je n'entends plus que les battements de mon cœur dans ma poitrine. Je suis bien, là, à me perdre dans ses magnifiques yeux bleus. J'ai l'impression de parler avec lui, mais sans même avoir à ouvrir la bouche, qu'il peut lire dans mes pensées et moi dans les siennes. Je réalise à quel point il est beau, dans ce sweat à capuche noir ; sac à dos sur une épaule, qu'il maintient avec sa main gauche sur laquelle est enfilée la même bague que le jour de notre rencontre.

Puis il cligne des yeux et détourne le regard.

« Il nous attendent sûrement devant le lycée... »

On se dirige alors vers la sortie du bâtiment. On traverse le couloir, côte à côte. Nos épaules se touchent, je me rends compte du peu de distance qui sépare sa main de la mienne, et cette pensée réussit à me donner chaud.

À l'aube de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant