Chapitre 39

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PDV PETER:

Cela faisait déjà une semaine qu'Alia avait été enlevée contre son gré. Et honnêtement, tout le monde avait compris ce qu'il se passait. Tout le monde savait, au fond, qu'elle allait sombrer. Mais on ne pouvait rien y faire. On ne savait ni comment, ni où la chercher. La simple idée de la perdre comme ça me bouleversait. Alia était tout pour moi. J'avais fait tellement de sacrifices pour elle. J'étais même allé jusqu'à provoquer un accident pour la sauver de ces démons.

Les flashs de l'accident me revenaient sans arrêt en tête. Je me revoyais appuyer sur l'accélérateur, en contre-sens, et foncer sur leur voiture. Je revoyais le regard apeuré de Jennie, au volant. En quelques secondes à peine, la voiture était sortie de la route pour atterrir en contrebas, dans l'eau.

-Tout va bien ? Me questionna Lucille, allongée à côté de moi.

Il devait être aux alentours de trois heures du matin, je ne réussissais toujours pas à dormir à cause de ces pensées et ces souvenirs.

-Oui, t'en fais pas. Rendors-toi, lui soufflai-je en lui baisant délicatement le front.

-Dis moi... Tu pensais à un accident, à l'instant. C'était quelqu'un que tu connaissais ?

Je me figeai un instant, réfléchissant à une manière de contourner le sujet.

-Je vois... Tu n'es pas obligé si tu veux pas en parler. Je vais dormir, me souffla-t-elle tranquillement en se tournant, dos à moi.

Je me blottis à nouveau contre elle en essayant de penser à autre chose. J'avais besoin de me vider complètement l'esprit, pour passer une bonne nuit de sommeil, pour une fois.

-Bonne nuit, lui murmurai-je à l'oreille avant de blottir ma tête dans son cou.

Mon histoire avec Lucille était certainement sans lendemain. Après tout, j'étais peut-être incapable d'aimer. Toutes les personnes que j'avais aimé avaient péri. Cela faisait des années que je me refusais d'aimer, d'ailleurs.

Je la sentis me répondre d'un petit mouvement de tête. Quelques minutes après, je sentis ses muscles se décontracter un à un. Elle s'était endormie.

PDV OMNISCIENT:

Lorsqu'Alia se redressa, tout fut plus beau qu'avant. Elle pouvait voir voler chaque grain de poussière en détails, dans la pièce. Elle regarda un instant le démon, perplexe, avant de lui lancer de manière désinvolte :
-T'es qui, toi ?

L'homme baissa la tête pour la saluer et lui adressa son plus beau sourire après l'avoir reluqué de la tête aux pieds.

-Je suis Abaddon, le président des Enfers. Et toi, tu es Domina. Tu ne te souviens de rien, n'est-ce pas ?

Elle fit signe que non de la tête, bien qu'au fond, elle ne se sentait pas vraiment dans le besoin de le savoir. Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante. De grandes ailes au plumage noir et doré tombaient lourdement dans son dos, lui donnant un air divin. Elle était d'une splendeur à en couper le souffle à plus d'un.

La jeune femme se mit à avoir chaud, vraiment très chaud. Ses canines sortirent sans quelle ne puisse, ni ne veuille les contrôler. Sa mâchoire la démangeait, un peu comme une allergie. Et une soif de sang incontrôlable la traversa de part en part. Elle ne pensait plus qu'à une chose: se nourrir. Et Abaddon le remarqua de suite: il s'approcha alors d'elle et, d'un mouvement de tête, les téléporta au Palais du Royaume des Enfers.

Il venaient d'atterrir au centre de la salle de cérémonies, autrement dit la salle principale, où se trouvaient des dizaines d'esclaves, tous plus appétissants les uns des autres. Il y avait de tout. Des femmes, des hommes, et même des enfants. Des humains condamnés à l'Enfer, des anges déchus, et même des démons. Tous avaient l'air jeunes, et d'une beauté incroyable.

-Domina, voici le Palais ! Annonça le démon, toujours avec le même sourire plaqué sur le visage. C'est ici que les démons les plus puissants viennent se ressourcer. Tu peux en choisir un ou une pour commencer.

Alia regardait autour d'elle, bouche bée. Cette salle était majestueuse, semblable à celles de nombreux palais royaux. L'architecture mêlait des éléments décoratifs du gothique flamboyant et de la première Renaissance. D'énormes piliers en pierre semblables aux colonnes des édifices antiques semblaient soutenir l'édifice tout entier. Sur ces pilliers se reposaient d'immenses voûtes en ogives, faisant toute la splendeur du lieu.

Des démons s'écartaient au fur et à mesure qu'Alia avançait vers les esclaves, la laissant passer. Quelqu'un avait particulièrement attiré son attention, dans un coin de la salle. C'était un homme, à peine plus âgé qu'elle. Il avait des cheveux bruns emmêlés, retombant massivement sur son front. Il la regardait de ses grands yeux bleus perçants, semblant la reconnaître. Alia avait l'impression de le connaître depuis toujours, mais n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

L'homme voulu ouvrir la bouche pour placer quelque chose, mais il n'y parvint pas. Les esclaves ne pouvaient ni parler, ni hurler. On leur coupait les cordes vocales pour qu'ils soient complètement soumis aux plus puissants. Domina s'en approcha dangereusement et en huma son parfum mélangé à sa sueur et au sang. Elle connaissait parfaitement cette odeur. Mais encore une fois, elle était incapable de mettre le doigt dessus.

Son regard descendit jusqu'à son cou, qu'elle approcha instinctivement. Sa mâchoire la démangeait encore. Elle avait soif de sang, soif de son sang plus précisément. Elle le voulait lui, et lui seul, pour en faire son dîner. Sans attendre, elle plongea ses crocs dans la chair du jeune homme et commença à en aspirer le liquide qui en sortait. Son sang était exquis. Il avait un léger goût sucré, imperceptible.

Abaddon ne la quittait pas du regard en mordant une jeune fille pour s'abreuver de son sang. La situation semblait étrangement l'amuser. C'était la première fois qu'il voyait une telle créature se nourrir de cette façon. Alia faisait pression sur la nuque de l'esclave pour le rapprocher d'elle. Ses grandes ailes les entouraient sans qu'elle ne s'en aperçoive, le coupant ainsi des autres.

C'est alors qu'une voix masculine se glissa dans ses pensées, tremblante.

Alia... C'est moi...

Elle connaissait cette voix.

Fallen Angel {Tome 2} (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant