Chapitre 8

185 10 12
                                    

Le contact de son gant soyeux me fit perdre la mesure. Je m'étais attendue a sentir la chaleur émaner de sa peau, mais je ne sentis rien qu'un toucher léger, la présence de sa main, rien de plus. En revanche, ce que j'éprouvai me ravagea complètement de l'intérieur. Maestro se tenait penché vers moi, son visage à une vingtaine de centimètres du mien, l'éclat de ses yeux brillant d'une lumière surnaturelle. Ainsi voûté vers moi, son visage fût une nouvelle fois dévoré par ce rideau de cheveux noirs qui glissèrent lentement sur sa tempe, inondèrent ses épaules et dégagèrent une odeur florale mêlée à celle plus soutenue du Manoir, un mélange de bois et d'humidité douce qui commençait à me devenir affreusement familier. Il ponctua sa demande d'un sourire radieux, ses lèvres dessinées à la perfection, ourlées, s'ouvrirent sur sa dentition à la blancheur neigeuse. Il ne me regardât pas sous ses cils, son visage exprimait une excitation quasi-infantile, et ses iris flamboyaient malgré la soirée déjà bien entamée. Lorsque son souffle s'écrasa contre mon visage, mon coeur se souleva si fort que je sentis ses vibrations jusque dans mes bras, et une douce chaleur s'épanouit lentement sur mes joues. Je clignai des yeux, complètement perdue, ayant le sentiment d'avoir perdu connaissance et de m'éveiller d'un long sommeil sans rêves.

-Qu... je... euh...

-Tout va bien?, s'enquit Maestro en fronçant les sourcils. Vous n'avez pas encore bu de vin pourtant?

Il lorgnait ma coupe avec inquiétude puis il avisa la sienne. Ses doigts toujours sur les miens, il souleva ma main et la serra dans la sienne en se penchant d'avantage vers moi.

-Voulez-vous un verre d'eau?, interrogea-t-il doucement.

-N... Non tout va bien, balbutiai-je. C'est juste...

Il m'écoutait avec une attention soucieuse, et de légers plis marquèrent les bords de ses sourcils. Je sentais mes joues me brûler furieusement, et mon coeur battait d'une chamade incontrôlable qui m'empêchait de garder un ton posé.

-Vous êtes... êtes-vous conscients de ce que vous faites éprouver aux autres?, articulai-je gauchement.

-Ce que je fais éprouver aux autres?, répéta-t-il complètement perdu. J'ai très peu d'interactions avec les gens de cet endroit, vous savez.

-Alors c'est pour ça, soupirai-je en portant ma main libre contre mon front.

-Je vous fais éprouver quelque-chose?, interrogea-t-il d'un air subitement intéressé.

-Evidemment, répondis-je en me sentant complètement cruche. Mais vous pouvez ajouter ce sujet là à la liste des sujets à aborder dans le futur.

Il se recula en hochant la tête, fit mine de dérouler un parchemin invisible et d'y noter quelque-chose avant de le replier et de le ranger dans sa poche de pantalon avec un sourire satisfait. Il posa ensuite ses coudes sur la table pour appuyer son menton dans ses mains.

-Dois-je en conclure que la réponse est oui?

-Ca peut être vraiment intéressant, répondis-je en attrapant mon verre. Et si on peut aider un maximum de personnes, c'est tout bénef'.

-Super!, s'exclama Maestro en soulevant son verre à son tour. Alors à nos vacances.

Nous entrechoquâmes nos verres et nous bûmes quelques gorgées à l'unisson. La morsure du vin me réchauffa la langue et je m'enfonçai dans ma chaise. Il n'était pas mauvais. J'avisai ensuite les lasagnes et bâillais doucement, ce qui sembla amuser mon invité.

-Nous devrions manger si vous êtes si fatiguée, rit-il en s'emparant du couteau de cuisine posé sur la table.

-J'ai l'habitude, répliquai-je avec un soupir. Les semaines qui précèdent les vacances sont chargées en réunions et en rangement, c'est sportif.

My Ghosts StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant