Le sens du devoir de la fiancée

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Portant encore seulement ma sous-robe de dentelle, j'attends avec ma mère et ma grand-mère autour de moi les dernières arrivantes. Peu à peu ma tante, ma sœur aînée, ma cousine, et les quelques voisines pas encore invitées viennent assister à ma Préparation. Une fois qu'assez de femmes sont réunies dans la tente, celles de ma familles s'activent. Ma grand-mère me passe mon jupon, me l'ajuste. Les autres entament doucement un chant de prière. Ma sœur referme un corset de dentelle blanche dans mon dos. Je sens ses doigts apaisants faire leur travail avec précaution. On m'habille d'une longue jupe bleue, puis on noue un ruban blanc autour de ma taille ; je me laisse faire en silence, facilite les mouvements quand c'est nécessaire. Avant qu'elle ne termine le nœud, je tends à ma cousine une baguette ornée pour qu'elle l'y place. Elle semble étonnée de mon choix d'objet personnel, mais ne dit rien et la plante dans les entrelacs de tissus. 

Les voisines passent alors à mes cheveux. Elles les coiffent de leurs mains expérimentées, elles ont fait plus d'une Préparation. Tandis que leurs dernières perles se plantent dans mon chignon blond, ma mère m'attache en souriant un collier et des boucles d'oreilles en perle également. Perle, dentelle et soie ; en bleu et blanc, seuls autorisés à être portés aux cérémonies de mariage annuelles. 

Après un léger maquillage réalisé par ma sœur - joues roses, lèvres pourpres, yeux noirs- c'est à mon tour de me lever. Je me dirige vers le grand miroir en mesurant le poids de mon avenir et de mes habits. Je prends les gants blancs qu'on me tend, et les enfile jusqu'aux coudes. Cette nouvelle pièce de soie couvre ma peau rose. Cela fait, je saisi délicatement l'éventail peint de fleurs bleues sur le guéridon à ma gauche. Je me tourne vers l'assemblée, ma traîne me suit ; puis j'attends, mains jointes. Alors, cinq femmes viennent déposer un voile léger et translucide sur ma tête. Je me penche, le tissu bleu descend dans mon dos et jusqu'à ma poitrine. On place pour terminer une fine couronne de fleurs par-dessus le voile et le chignon. Je me redresse, ordonne ma tenue et ma position, puis je sors enfin. 

Je rejoins le cortège de fiancées, des sosies parfaits. Nous avançons sous les chants, applaudissements et divers encouragements des familles de la ville. Nous tenons nos positions jusqu'en haut des marches du palais. Mon ascension terminée, un bel homme de mon âge s'avance vers moi en souriant. Je le lui rends derrière mon voile. À mon tour, je suis conduite à l'intérieur, loin de ma famille, pour être remise à mon mari par le majordome. Nos talons claquent à l'unisson sur le marbre. Les filles devant moi se présentent solennellement avec leurs objets personnels. Mon fiancé, peu importe lequel de hommes du hall qu'il soit, devra attendre avant de découvrir la dague dissimulée en baguette ornementale dans mon dos.

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