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Le balcon d'en face

Les voisins déménageaient. Ou du moins, ils transfèraient des meubles de leur fenêtre à la cour à l'aide d'une machine infernale qui faisait trop de bruit pour travailler.
Assise par terre pour regarder par mon hublot ouvert, j'observais attentivement la descente instable d'un magnifique piano sur leur plate-forme. Il fini par atterrir sain et sauf près du tas désordonné d'affaires arrangé sur le parking.
Les laissant continuer leur travail, je fit divaguer mon regard sur la ville. Mon bâtiment était sur une bute en hauteur qui me montrait d'autres immeubles en dessous de moi dans un creux. Puis d'autres plus loin encore sur des hauteurs. Puis un autre creux. Et encore des hauteurs qui cette fois enfermaient par leur couronne la ville contre l'océan.
Dans le premier dénivelé en contrebas, un premier bâtiment était parfaitement placé pour me donner la vue sur toutes les terrasses de cette face et leurs salons derrière les baies vitrées. La plupart comblées de tables, transats, plantes et autres décorations d'extérieur sans autre présence que la lumière des télévisions.
Pourtant ce jour-là, chose rare, un étudiant semblait en avoir fait son bureau malgré le déménagement bruyant des voisins. Les derniers rayons du soleil de ce pays de couche-tôt me permettaient de détailler son visage concentré et légèrement lassé.
La lassitude l'emporta sur la concentration quelques temps car il leva la tête et fini par croiser mon regard très clairement. Son expression ne laissait aucun doute.
Sans réfléchir, je lui fit un signe. Il souri, un peu embrassé, avant de me répondre. Après de derniers échanges de regards, je me levai en lui faisant signe d'attendre et revint avec mon carnet de croquis. Je m'installais pour tenir compagnie au travail de cet inconnu jusqu'à ce qu'il rentre avec un au revoir.