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La Douche

La porte de l'appartement était entrouverte, exceptionnelle invitation à entrer. Tout était silencieux mis à part une pluie qui se faisait entendre de la salle d'eau.
Le fille que je cherchais était assise sur le sol de sa douche sous des gouttes brûlantes, noyée dans sa robe de soirée détrempée et ses larmes. Je la rejoins à travers la vapeur pour y baigner auprès d'elle. Épaule contre épaule, sa main trouva rapidement la mienne.
Elle commença à parler sans s'étonner de ma présence, m'accueillant simplement comme je venais.
"-Je ne peux pas leur en parler. Ce serait idiot."

Peu à peu ses yeux coulèrent à nouveau.

"-Je ne comprends rien à personne, en rien. Pourtant tout ce que je souhaite, c'est leur bonheur, à eux et tous ceux qui m'entourent."

Sa voix était angoissée, parfois elle passait sa main sur son front.

"-Mais je n'ai jamais rien pu faire pour eux. Le moindre chagrin dans le cœur d'une personne, même enfoui, frappe tout mon être... Je suppose que c'est une sorte d'empathie ? Mais je ne peux pas les consoler, j'en suis incapable, je ne sais rien !"

Elle marquait parfois des pauses puis reprenait avec force et désespoir mêlés.

"-Est-ce que je peux prétendre pouvoir rendre heureux qui que ce soit ? Je suis une relation horrible. Je dois être toxique. Je détruis tout le monde autour de moi.
Les choses, les gens autour de moi deviennent flous, irréels. Mais est-ce moi ou le monde qui est inventé de toutes pièces ? Qui est manipulé ? Rien ne me retient, je ne retiens rien, présent et passé glissent entre mes doigts. Je ne sais pas si ce sont les autres qui se changent en fantômes, ou alors si c'est moi qui peu à peu me confonds en mon ombre...
Qu'est-ce qui compte réellement ?"

Ses larmes ruisselèrent pour de bon sur ses joues. Alors qu'elle m'avait lâché pour dissimuler ses yeux, je pris son visage et le cala à mon épaule avant de la serrer dans mes bras aussi fort que possible, pour qu'elle ne m'échappe pas. Je souhaitais effacer ses doutes et ses douleurs en cette pression de mon corps sur le sien, l'engloutir dans mon réconfort. Elle tenta de bouger, je l'en empêchais pour caresser ses bras. Ainsi cette nuit, tandis que je dissipais tous ses doutes, elle dissipa inconsciemment les miens.